B. La règle possède un coût nul
Au vu de ces différents coûts de la
discrétion, il est apparu dans la littérature monétaire de
ces dernières années, un courant académique cherchant
à identifier les règles opérationnelles de politique
monétaire susceptibles de limiter au maximum, voire de supprimer le
recours à la discrétion. La question ici est de savoir ce qui se
doit d'être appelé une règle monétaire et surtout en
quoi la règle est meilleure que la discrétion.
1. Définition de la règle
monétaire
Plusieurs économistes ont essayé de
définir une règle de politique monétaire. Ainsi,
Avouyi-Dovi et Sanvi (1998) définissent les règles de politique
monétaire comme des « guides contenant des recommandations pour la
conduite de la politique monétaire ». Aussi, Poole (1999) à
la question « what is a rule? » répond: « A rule can be
defined as nothing more than a systematic decision process that uses
information in a consistent and predictable way. » Ces deux
définitions montrent bel et bien que la règle est un processus
bien précis dont les étapes sont clairement définies et
mentionnées dans un document qui est accessible à tous. La
préoccupation reste de savoir en quoi une telle attitude contribue
à l'efficacité d'une politique monétaire ?
2. Les vertus de la règle comme mode de conduite
de la politique monétaire
L'utilisation d'une règle monétaire marque la
volonté des banques centrales à atteindre et à respecter
les objectifs qu'elles se sont fixées. D'où un accroissement de
leur crédibilité auprès des agents économiques,
Tenou (2002). Aussi, lorsqu'une banque centrale suit une règle dans la
conduite de sa politique monétaire et qu'elle la respecte, les agents
économiques feront leurs anticipations en les alignant sur cette
règle. Ce qui entrainera au moment de la réalisation des
anticipations, une coïncidence entre les anticipations des agents et les
décisions prises par les banques centrales et donc une disparition du
biais inflationniste d'où un coût nul (Barro et Gordon, 1983). Ces
derniers vont démontrer que le fait pour les agents d'anticiper avec
succès la règle de la banque centrale ne joue pas en la faveur de
cette dernière. Voilà pourquoi ils proposent que les
autorités monétaires doivent « tricher » lorsque les
anticipations des agents sont rationnelles afin que le coût en ce moment
soit inférieur à celui que génère l'emploi de la
règle monétaire. Ce qui donne : z~= - (1/2)
(b)2 /a.
Bien que cette forme soit la meilleure, les auteurs affirment
que, quand bien même la banque fixe une règle, il est rare voire
impossible que les agents anticipent de manière
rationnelle les décisions des autorités
monétaires. Donc cette situation est quasiment irréalisable dans
une économie. Aussi, selon McCallum (1997), le risque
d'incohérence temporelle ne se situe pas au niveau de la banque
centrale, mais plutôt à celui des instances qui la surveillent,
sanctionnent son comportement, nomment ses dirigeants, contestent ses
décisions,... C'est de ce point de vue que les règles
monétaires trouvent leur justification. Taylor (1993) à travers
une revue de la littérature conclut que l'avantage des règles sur
les politiques discrétionnaires est comme l'avantage d'une solution
coopérative sur une solution non coopérative dans la
théorie des jeux. Enfin, les vertus de la crédibilité
(permettre aux agents économiques du secteur privé
d'inférer dans l'emploi de la cible par la banque centrale avec plus de
précisions, Svensson (1999) ; réduction des pertes d'efficience
entrainées par les variations imprévues, Artus, Penot et Pollin
(1999).
L'accroissement de l'efficacité de la politique
monétaire et la crédibilité des banques centrales
justifient l'emploi des règles dans la conduite de la politique
monétaire. Ainsi, nous pouvons conclure avec Drumetz et Verdelhan (1997)
Barro et Gordon (1983) que la règle est meilleure que la
discrétion dans la mesure où elle rend la politique
monétaire plus efficace. Cependant, toutes les règles sont-elles
de bonnes ?
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