2. La politique discrétionnaire entame la
crédibilité de la banque centrale auprès des agents
La perte de transparence et de crédibilité
entrainées par une politique discrétionnaire sont les deux
facteurs qui ont encouragé l'abandon d'une telle politique. Cette perte
est visible à travers les coûts de la discrétion tels que
présentés par différents auteurs.
Barro et Gordon (1983) ont développé un
modèle mathématique en vue de présenter les coûts
des différentes politiques. Ainsi ils aboutissent à la solution
suivante pour ce qui est de la discrétion monétaire :
Z= (1/2) (b)2 /a ~~~ est la
fonction de coût relative à l'emploi de la discrétion
monétaire ; b et a étant des
paramètres positifs.
Cette équation représente le coût de la
discrétion et qui est le plus élevé de l'ensemble des
coûts générés par différentes politiques.
D'autant plus que la règle a un coût nul (z
=0).
En plus de ce coût généré par la
discrétion monétaire, plusieurs autres auteurs ont montré
que la discrétion monétaire réduit la
crédibilité des autorités monétaires auprès
des agents. Ainsi, Kydland et Prescott (1977), Barro et Gordon (1983)
démontrent à travers des modèles mathématiques
qu'au cas où une banque centrale choisit une politique
discrétionnaire, cela conduit à l'incohérence
temporelle8, qui débouche sur un biais inflationniste sans
effet bénéfique en termes d'activité réelle. Ceci
entame donc sa crédibilité qui elle aussi fera prendre un coup
à l'efficacité de la politique monétaire.
Taylor (1993) en citant la critique de Lucas selon laquelle la
crédibilité a des effets bénéfiques sur le plan
empirique, conclut que la règle est supérieure à la
discrétion. Surtout que selon cette critique, les anticipations
rationnelles ne peuvent pas impliquer une
8 L'incohérence temporelle a
été avancée par Kydland et Prescott (1977), puis Barro et
Gordon (1983). On dit qu'une politique souffre d'une incohérence
temporelle quand la politique en t + 1 remet en cause la politique
décidée en t. La politique optimale est alors sans cesse remise
en cause. Pour résoudre ce problème de l'incohérence
temporelle, Rogoff (1985) propose :
· la nomination d'un banquier central
«conservateur»,
· d'intéresser le banquier central en fonction de sa
maîtrise de l'inflation.
inefficacité de la politique monétaire et
l'existence de ces dernières ne saurait justifier l'utilisation de la
discrétion monétaire. En outre, en citant Blanchard et Fischer
(1989), Taylor (1993) stipule que la politique discrétionnaire est
référée comme une solution « contradictoire »,
de « tricherie » et de « myope » respectivement.
Le biais inflationniste entrainant la perte de transparence et
de crédibilité de l'autorité monétaire
auprès des agents dans un contexte de politique discrétionnaire,
Tenou (2002) ; constitue la principale raison qui a amené les
économistes à se tourner vers la formulation des règles
monétaires.
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