B. Application de la règle de McCallum a certaines
banques centrales
L'application de cette règle à la politique
monétaire d'une banque centrale consiste à déterminer la
valeur de ë. Nous montrons dans une première
approche, les différents résultats obtenus et dans une seconde,
le comportement qu'implique la règle de McCallum dans divers cas.
1. Valeurs du coefficient « ë » pour
différentes estimations
Pour McCallum un seul coefficient est appelé à
être déterminé (ë). D'où les
résultats empiriques suivants. Bennett ne s'est pas contenté de
présenter une formulation mathématique de sa règle mais
est allé plus loin en la testant pour le cas de la FED (1987). Ainsi,
dans son évaluation, il estime le coefficient ë
à 0.25. Ceci après avoir testé les différents cas
où les valeurs de ë serait respectivement
égale à 0.00 ; 0.25 ; 0.50 ; 1.00. La valeur de
ë qui a présenté les meilleures
caractéristiques est 0.25.
D'autres auteurs en dehors de McCallum ont testé cette
règle dans d'autres espaces monétaires. Tel est le cas de Durand
et Payelle (1998) qui dans une application au cas français ont
estimé ë à 2.25 et 2.5 lorsque la variable
instrument est la base monétaire. Nous pouvons donc constater que ces
valeurs du coefficient ë sont très
éloignées de celles trouvées par McCallum lui-même
dans son application au cas américain. Par conséquent, ces
valeurs n'ont pas pu être retenues car elles comportent des risques
d'instabilité dynamique qui peuvent être obtenus lorsque les
réactions de l'économie sont trop fortes. Afin d'éliminer
ces risques, Payelle et Durand ont changé la variable instrument et se
sont servis de l'agrégat monétaire M2. Suite à cette
modification, ils ont obtenu une valeur de ë=0.5, plus
proche des résultats de McCallum. Ainsi, pour la France, la variable
adéquate serait M2 et celle des USA M1. Donc l'agrégat
monétaire ne peut être identique pour tous les pays.
Nous pouvons dons constater que cette règle a
été valable dans le cas de la FED ainsi que pour ce qui est de la
France à la seule condition de rechercher l'agrégat
monétaire le
mieux adapté pour l'économie concernée.
De même, l'utilisation de cette règle entraine au niveau de la
banque centrale l'observation de deux comportements que nous présentons
cidessous.
2. Implications comportementales de la règle de
McCallum
La règle de McCallum conduit à l'observation de
deux comportements dont la teneur
suit :
> Si l'économie se trouve le long de son sentier de
croissance d'équilibre à long terme correspondant à une
faible inflation et si la vitesse de circulation de la monnaie est constante,
alors la croissance de la masse monétaire se fait à un taux
constant conformément à la proposition formulée par
Friedman16 ;
> En présence des chocs entrainant une variation
permanente de la vitesse et/ou écartant l'économie du sentier
correspondant au taux de croissance du PNB nominal retenu comme objectif
(Y~ = Ye), les autorités qui sont censées
pouvoir contrôler la base monétaire, prennent des mesures
correctrices destinées à freiner ou à
accélérer la croissance monétaire.
En dépit des conséquences positives
engendrées par cette règle, elle a connu de nombreuses critiques
et celle qui a retenue notre attention est celle de Bordes (1997), qui stipule
que cette règle n'est généralement pas adaptée au
contexte institutionnel européen où les autorités
utilisent les taux d'intérêt comme instrument de leur
politique.
La règle de McCallum tout comme celle de Taylor est une
règle activiste de politique monétaire. Cependant, elle
considère comme instrument la base monétaire. Tout comme celle de
Taylor, elle a été appliquée aux Etats Unis et elle s'est
révélée satisfaisante. Appliquée au cas
français, elle s'est révélée significative avec M2
comme instrument. Cependant, elle a connu de nombreuses critiques qui nous
amènent à nous poser la question de savoir si cette règle
serait significative pour la BEAC ?
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