Section 2 : LA REGLE DE MCCALLUM : UNE AUTRE REGLE
SIMPLE NON
SATISFAISANTE POUR LA BEAC
Tout comme la règle de Taylor, celle de McCallum a
retenue notre attention et a fait l'objet d'estimation pour la BEAC. En fait,
il s'agit ici de voir si la BEAC repose sa politique monétaire sur le
contrôle de la masse monétaire. Ainsi, dans un premier temps nous
estimons la valeur du coefficient de McCallum. Et dans un second temps, nous
interprétons le résultat obtenu pour la BEAC.
16 Friedman (1968) a été parmi les
premiers économistes à proposer une règle monétaire
: fixer un taux constant de croissance du stock monétaire de
façon à aboutir à une inflation nulle en moyenne (ce que
nous avons appelé avec Orphanides, 2007 la règle des K-pourcent).
Cependant, cette règle est sujette à deux critiques. D'une part,
le stock de monnaie n'est pas un instrument contrôlable puisqu'il ne peut
être manipulé qu'indirectement et avec des erreurs significatives.
D'autre part, il est difficile de savoir quel taux conduira à une
inflation nulle.
A. Estimation de « ë » pour la BEAC
Il est question ici de définir les variables que nous
utilisons dans notre modèle. Et nous terminons par la
détermination du coefficient « ë ».dans différents
cas de figure.
1. Variables adaptées au cas de la
BEAC
Tout comme nous l'avons fait avec la règle de Taylor,
nous estimons une règle de McCallum sur deux périodes à
savoir de 1993 :1 à 2008 :4 et de 1999 :1 à 2008 :4. Le choix de
l'année 1999 se base sur l'avènement de l'euro. Ceci dans la
mesure où l'arrimage du FCFA à l'euro était
considéré comme une seconde dévaluation du FCFA. Surtout
si nous nous en tenons à la parité qui quitte de 1FF = 100 FCFA
à une parité de 1 Euro = 955,957 FCFA. Il est vrai qu'avant cette
date, la parité était encore soupçonnée mais il
était évident que la nouvelle monnaie européenne devait
avoir plus de pouvoir et de poids que le FF. Car la France devait entrer en
relation avec la plus puissante économie européenne qu'est
l'Allemagne. Et comme la politique monétaire de la BCE n'est que la
retranscription de la politique de la Bundesbank (Bourdon, 2003), il est donc
fort probable que la BCE se comporte comme cette dernière. Lorsque nous
savons que l'Allemagne est le pays européen qui a longtemps poursuivi un
objectif de contrôle de la masse monétaire , Stuart (1992), et que
le FCFA est rattaché à l'Euro, il n'est donc pas inutile de
tester la possible significativité de la règle de McCallum pour
la BEAC.
McCallum dans son estimation utilise la base monétaire
représentée par M1 dans notre échantillon. Cependant,
certaines études faites en Europe ont révélé
qu'avec M1 la règle n'est pas satisfaisante. Cela a donc conduit
à remplacer la base monétaire par la quasimonnaie notée M2
dans notre échantillon. Nous présentons ici les résultats
d'estimations simultanément avec M1 et M2.
Pour ce qui est de la production potentielle, nous l'estimons
avec un trend obtenu par lissage grâce au Filtre de Hodrick-Prescott.
Pour ce qui est de la vitesse de circulation de la monnaie, elle
est calculée respectivement avec M1 et M2 selon que nous
considérons M1 ou M2.
Il nous reste maintenant de déterminer les
différentes valeurs de « ë ».
2. Valeurs de « ë »
Le modèle présenté par McCallum en 1997 a
présenté des résultats non significatifs. Ce qui nous a
amené à l'abandonner au profit de celui testé aux USA en
1987. Ainsi le modèle que nous testons se présente ainsi qu'il
suit :
?InM1 = ?InPIBP - ?1nV~
~~~~~~~ + ë 1nPIBP~_1 -
1nPIB~_1) avec V~ = PIB
Mi
Ou
?InM2 = ?InPIBP - ?1nV~
~~~~~~~ + ë 1nPIBP~_ - 1nPIB~_~)
avec V = PIB
M2
Les tests de stationnarité sur les variables
transformées en logarithme nous donnent les ordres d'intégrations
suivants :
|
1993:1 A 2008:4
|
1999:1 A 2008:4
|
lnM1
|
I(1)
|
I(1)
|
lnM2
|
I(1)
|
I(1)
|
1nV~ avec M1
|
I(1)
|
I(1)
|
1nV~ avec M2
|
I(1)
|
I(1)
|
1nPIBP~_1
|
I(0)
|
I(0)
|
1nPIB~_1
|
I(1)
|
I(1)
|
Tableau n°3 : ordres
d'intégration des séries
Après de nombreuses estimations, les différentes
valeurs de « t » trouvées sont les suivantes
:
1993 :1 à 2008 :4
|
1999 :1 à 2008 :4
|
AVEC M1
|
AVEC M2
|
AVEC M1
|
AVEC M2
|
|
coef
|
t-stat
|
|
coef
|
t-stat
|
|
coef
|
t-stat
|
|
coef
|
t-stat
|
t
|
0,1217
|
2,0284
|
t
|
0,1217
|
2,026
|
t
|
0,189
|
2,066
|
t
|
0,189
|
2,066
|
R2
|
0,7289
|
/
|
R2
|
0,4101
|
/
|
R2
|
0,545
|
/
|
R2
|
-0,31
|
/
|
^
R:_<`
|
0,7289
|
/
|
^
R:_<`
|
0,4101
|
/
|
^
R:_<`
|
0,545
|
/
|
^
R:_<`
|
-0,31
|
/
|
DW
|
1,0052
|
/
|
DW
|
1,005
|
/
|
DW
|
0,965
|
/
|
DW
|
0,965
|
/
|
AIC
|
-4,5566
|
/
|
AIC
|
-4,5566
|
/
|
AIC
|
-4,09
|
/
|
AIC
|
-4,09
|
/
|
SIC
|
-4,5225
|
/
|
SIC
|
-4,5225
|
/
|
SIC
|
-4,05
|
/
|
SIC
|
-4,05
|
/
|
Tableau n°4 : résultats
d'estimation de la règle de McCallum pour la BEAC
Lorsque nous testons ce modèle avec une
différence première de 1nPIB~_1
puisqu'il est intégré d'ordre 1, les résultats
obtenus sont tous non significatifs. Raison pour laquelle nous ne
présentons ici rien que les résultats obtenus à base du
modèle théorique tel que défini par McCallum (1987).
|