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Identification des fonctions de réaction de la Banque Centrale

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par Roi Carlos ETINZOH EKAMBA
Université de Douala - Diplôme d'études approfondies 2011
  

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2. Manquements de la règle de Taylor pour la BEAC

S'agissant des pays en développement, et particulièrement des pays africains, les études portant vérification de la règle de Taylor sont rares. Une tentative a été faite par Abuka et al (1998) en vue de saisir la fonction de réaction des autorités monétaires de la Banque Centrale d'Ouganda. Mais les résultats ne sont pas significatifs. En effet, en considérant comme variables explicatives les gaps mensuels de production et d'inflation sur la période 1990 à 1998, en plus de la constante, ils obtiennent un coefficient de 0,11 pour le gap d'inflation, soit une valeur relativement faible. S'agissant du gap de production, son coefficient est négatif (-1,16), ce qui est contraire à la théorie. En réestimant l'équation avec la prise en compte de variables du secteur extérieur (la variation des réserves internationales, le taux de change réel), les résultats obtenus apparaissent relativement meilleurs, mais ils ne permettent pas une bonne description de l'historique des taux d'intérêt. Kamgna et al (2009) en utilisant un modèle cointégré sur les périodes 1986 :1 - 2006 :4 et 1994 :1 - 2006 :4, trouve des résultats significatifs suite à l'estimation d'une règle de Taylor simple de type « forward looking » pour la BEAC. Ces résultats présentent des coefficients d'écart

d'inflation (1986 à 2006 f = 0,71 ; de 1994 à 2006 / = 1,345 ) et d'output gap (1986 à

2006 /3, = 0,18 ; de 1994 à 2006 /3, = 0,162 ) significatifs.

Tout comme les travaux d'Abuka et al (1998) et contrairement aux résultats de Kamgna et al (2009), les résultats d'estimation que nous avons obtenus sont non significatifs à l'exception de l'écart d'inflation de l'équation de court terme de la période 1993 :1 - 2008 :4 . L'estimation de long terme pour la période 1993 :1 - 2008 :4 nous montre que l'explication de la fixation du taux directeur par la BEAC se trouve dans le résidu. L'introduction du résidu dans la fonction de court terme permet de décrire correctement l'historique des taux de cette institution et révèle un coefficient d'écart d'inflation significatif, celui de l'output gap restant non significatif. Ces observations nous permettent de dire sans ambages que la fixation du taux directeur de la BEAC est expliquée en grande proportion par d'autres variables qui sont résumées dans le résidu. La place de l'écart d'inflation étant très petite tandis que celle de l'output gap est nulle. Ainsi, l'estimation d'une fonction qui prend en compte des arguments additionnels s'impose.

Cette section nous a permis de comprendre que la fixation du taux directeur de la BEAC ne suit pas une règle traditionnelle de Taylor. A l'aide d'une estimation par la Méthode Vectoriel à Correction d'Erreur, nous avons pu retenir la non significativité du coefficient d'output gap et un coefficient d'écart d'inflation statistiquement significatif et négatif avec un poids très faible. Cependant, sur la période 1993 :1 - 2008 :4, l'observation des courbes des résidus sur le long et le court terme nous permet de conclure que le taux directeur de la BEAC est expliqué en grande proportion par le résidu de l'équation de long terme. Etant donné que le résidu est composé d'un ensemble de variables qu'il faut encore expliciter, nous devons donc le décomposer afin de ressortir les variables qui permettent de comprendre la conduite de la politique monétaire par la BEAC.

Règle activiste de politique monétaire en raison de sa prise en compte de l'inflation et du niveau de l'activité, la règle de Taylor est une règle qui a fait l'objet de nombreuses études tant dans les pays développés que sous développés. Considérant comme instrument le taux d'intérêt directeur de la Banque Centrale, cette règle a connu un nombre important de critiques qui ont conduit à une reformulation de cette règle par Goldman Sachs en 1996. Malgré tout, elle est restée la règle la plus usitée dans les analyses de comportement des Banques Centrales en termes de conduite de politique monétaire. Ceci à cause de son caractère systématique et simple. Son estimation a donné des résultats satisfaisants dans plusieurs pays tant développés que sous développés. Cependant, son estimation pour la BEAC a donné des résultats se rapprochant de ceux d'Abuka et al (1998) pour la Banque Centrale d'Ouganda et différents de ceux de Kamgna et al (2009) pour la BEAC. Ainsi, les résultats obtenus sont tous non significatifs excepté le coefficient d'écart d'inflation, qui, est significatif sur l'estimation de court terme de 1993 :1 - 2008 :4 ainsi que sur le long terme de 1999 :1 - 2008 :4. Aussi, ces estimations nous informent de ce que les variables qui permettent d'expliquer la fixation du TIAO par la BEAC se trouvent en grande proportion dans le résidu. Raison pour laquelle il est urgent de prendre en compte les spécificités de la CEMAC pour mieux construire une règle pour la BEAC. Ceci suppose donc une prise en compte des paramètres additionnels afin d'obtenir la meilleure règle pour la BEAC.

Cette partie dont l'objectif était de montrer que la règle est au coeur de la conduite de la politique monétaire des Banques Centrales et particulièrement de celle de la BEAC, a retenu notre attention pour plusieurs raisons. La discrétion monétaire, de part le coût positif qu'elle entraine, entame la réputation de la Banque Centrale auprès des agents économiques (perte de transparence et de crédibilité). Ce coût de la politique discrétionnaire va conduire à un abandon de la discrétion au profit de la règle monétaire. Cependant, le débat sur le type de règle qui doit être retenu pour expliquer le politique monétaire conclut sur la primauté des règles activistes sur les règles automatiques. En conclusion au débat règle d'instrument contre règle de ciblage, il a été arrêté que les règles d'objectif font appel à des règles d'instrument et ceci de façon implicite. D'où l'adoption des règles d'instrument surtout que celle de ciblage posent un problème de transparence et de responsabilité de la part des autorités monétaires. Ainsi, les règles activistes d'instrument s'obtiennent par un programme d'optimisation d'une fonction de perte de la Banque Centrale. Parmi les règles activistes d'instruments qui existent, celle de Taylor a retenu notre attention et a fait l'objet d'une estimation pour la BEAC. L'estimation de cette règle s'est révélée satisfaisante dans de nombreux pays qu'ils soient du Nord ou du Sud. Cependant, les résultats que nous avons obtenus pour la BEAC montrent une nécessité de prendre en compte d'autres éléments pour pouvoir définir une règle pour la BEAC. Surtout que les coefficients d'output gap et d'écart d'inflation ont été estimés respectivement non significatif et significatif avec des valeurs très faibles. En conclusion, la règle traditionnelle de Taylor est insuffisante pour expliquer le comportement de la BEAC en termes de conduite de sa politique monétaire. Ceci étant, nous consacrons la deuxième partie de ce travail à la recherche de la meilleure règle monétaire de la BEAC.

Cette partie est essentiellement consacrée à la recherche de la meilleure fonction de réaction de la BEAC. Cette fonction, qui sera érigée, dans la mesure du possible, en règle monétaire de l'institution. Après que la règle de Taylor nous ait montré ses insuffisances pour ce qui est de la BEAC, nous intégrons d'autres éléments qui nous permettent d'obtenir la règle la mieux adaptée. En raison de l'existence des réserves obligatoires dans la conduite de la politique monétaire de la BEAC, nous testons la robustesse de la règle de McCallum et concluons sur sa capacité à traduire le comportement de la BEAC en termes de conduite de la politique monétaire (chapitre 3). Cette règle ne présentant pas un objectif d'inflation affiché, nous formulons dans un quatrième chapitre la règle que nous estimons être la meilleure pour la BEAC.

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