Section 2 : INSUFFISANCE DE LA REGLE DE TAYLOR DANS
L'EXPLICATION
DE LA POLITIQUE DES TAUX DE LA BEAC
Le but de cette section est d'estimer une règle de
Taylor simple pour la BEAC telle que présentée en 1993. La
règle de Taylor a été testée dans plusieurs pays et
les résultats se sont avérés non satisfaisants dans la
majorité des cas. Il est donc question ici d'estimer cette règle
pour la BEAC sur deux périodes à savoir la période 1993 :1
à 2008 :4 et la demi-période 1999 :1 à 2008 :4. La
principale réforme monétaire de la BEAC à partir d'octobre
1990, entrainant la mise sur pied de la programmation monétaire en
Juillet 1991 et du marché monétaire en Juillet 1994 ainsi que la
dévaluation du FCFA en Janvier 1994, justifie le choix de ces
périodes. A cela nous pouvons ajouter l'arriver de l'Euro (monnaie de
l'union européenne) en Janvier 1999 à laquelle est arrimé
le FCFA. Pour terminer, la disponibilité des données à
partir du premier trimestre 1993 a aussi influencé ce choix. Il est donc
question dans un premier temps d'estimer les coefficients de Taylor pour la
BEAC et d'en apporter une interprétation conforme à la
théorie économique dans un second temps.
A. Estimation de la fonction de Taylor pour la BEAC
Il est question ici de présenter dans un premier
mouvement les données utilisées pour estimer la règle de
Taylor conformément au contexte monétaire et économique de
la CEMAC. Et dans un second mouvement nous estimons les coefficients de ladite
règle.
1. Spécificités sur les variables en zone
CEMAC
Taylor dans sa règle utilise comme instrument le taux
des fonds fédéraux qui est le taux d'intérêt
directeur de la FED. En lieu et place de ce taux, nous utilisons le Taux
d'intérêt d'Appel d'Offre (TIAO) de la BEAC qui représente
son taux directeur. Bien que la BEAC possède deux principaux taux
directeurs13, nous avons opté pour le TIAO car en plus du
fait qu'il soit le taux d'escompte de la BEAC, il est aussi utilisé par
l'institution comme le principal taux directeur. Pour ce qui est du PIB
réel, il est disponible en données annuelles. Et compte tenu du
faible nombre d'observations, nous l'avons trimestrialisé à
l'aide de l'algorithme de GOLDSTEIN et KHAN (1976) dont les
développements sont disponibles en encadré n°1. Le PIB
potentiel n'étant pas disponible, et compte tenu des différents
résultats satisfaisants obtenues à l'aide du filtre de
Hodrick-Prescott (Tenou, 2002 ; Huchet, 2003), nous l'avons estimé
à l'aide de cette méthode et en avons déduit l'output gap
(OPG). Pour ce qui est de la cible d'inflation, elle n'est pas explicitement
donnée en zone CEMAC. Cependant, nous avons retenu comme cible
d'inflation le taux de 3%. Ceci s'explique dans la mesure où il existe
entre les pays de la sous région une surveillance multilatérale
qui compte parmi ses multiples objectifs le respect des critères de
convergences14 par les différents pays
13 Il s'agit du TIAO (taux d'intérêt
d'Appel d'Offre) et du TIPP (Taux d'Intérêt des Prises en
pension).
14 Il s'agit d'un ensemble de conditions que
doivent remplir les pays de la sous région pour maintenir une
stabilité économique et monétaire de la zone en vue de la
rendre optimale. Pour ce qui est des critères de convergence, les quatre
critères de base (solde budgétaire de base, taux d'inflation,
taux d'endettement public et non accumulation des arriérés sur la
gestion courante) ont été complétés par des
critères complémentaires. Ainsi, le solde budgétaire de
base a été complété par le solde budgétaire
de base structurel, le solde budgétaire de base hors pétrole et
le solde budgétaire primaire hors pétrole. De même, le
critère de l'inflation a été complété par
celui d'inflation sous jacente.
membres de la CEMAC. L'un de ces objectifs porte sur le Taux
d'inflation qui ne doit pas excéder le taux de 3% tant dans chaque pays
pris individuellement que dans la sous région prise globalement (rapport
multi surveillance 2009). C'est donc ce taux cible d'inflation qui nous a
permis de déterminer l'écart d'inflation en zone CEMAC (EICEMAC).
Le taux d'intérêt réel neutre sera déduit du
modèle estimé (il est égal à Ia CONSTANTE
de Long Terme DU MODELE - CIBLE D'INFLATION).
L'application des tests de stationnarité de
Dickey-Fuller Augmenté et de Phillips-Perron nous ont permis de retenir
les ordres d'intégrations présentés dans le tableau
ci-après. Il est important de préciser que lorsque les deux tests
déterminent des ordres d'intégrations différents, les
résultats de Phillips-Perron sont privilégiés car il est
plus robuste que le test de Dickey-Fuller Augmenté.
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1993:1 A 2008:4
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1999:1 A 2008:4
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TIAO
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I(1)
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I(1)
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OPG
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I(1)
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I(1)
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EICEMAC
|
I(1)
|
I(1)
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Tableau n°1 : ordres
d'intégration des séries
Etant donné que ces ordres d'intégrations sont
identiques, il est possible qu'il existe dans notre modèle une
cointégration des variables. Le test de Johansen fait sur ces variables
indique l'existence de trois équations de cointégration. Ainsi,
pour tenir compte de ces vecteurs d'intégration et de leur
élimination du modèle, nous estimons un Modèle Vectoriel
à Correction d'Erreurs.
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