B. Résultats d'estimation de la règle de
Taylor pour les banques centrales
Il est question ici de présenter les valeurs des
coefficients d'inflation et d'output gap lors des différentes
estimations ainsi que les interprétations qui ont été
faites. Ces estimations ont été faites tant dans les
économies développées que dans les économies sous
développées. Et des différentes interprétations
sont nées des critiques que nous présentons dans la suite.
1. Quelques résultats empiriques d'estimations
de la règle de Taylor
Verdelhan (1998) montre sur la base des données
trimestrielles portant sur la période 1979-1997 que depuis 1994, le taux
de Taylor et le taux de marché de la zone euro sont très proches.
Tout de même, Schnabel et Gerlach (1999) aboutissent à la
même conclusion selon laquelle les taux d'intérêt
calculés (ou taux de Taylor de la zone euro) sont relativement proches
des taux d'intérêt historiques de la zone euro. Cependant, pour
Verdelhan, le coefficient de pondération du gap de production est plus
important que celui de l'inflation (respectivement de 0,6 et 0,3 avec un
coefficient mesurant le degré de lissage du taux d'intérêt
de 0,76 et une cible d'inflation de 2%) ; tandis que Schnabel et Gerlach
trouvent un résultat inverse à savoir 1,84 pour le coefficient de
pondération de l'inflation et 0,34 pour la production avec un
coefficient de lissage relativement faible égal à 0,18. Ces
disparités des valeurs des coefficients soulèvent le
problème des limites liées aux méthodes de calcul du taux
de Taylor qui lui supposait une pondération égale entre la
production et l'inflation mesurée à 0,5 et une cible d'inflation
de 2%.
Les études portant sur la courbe de Taylor dans les
pays en développement et surtout en Afrique sont rares. Parmi les essais
disponibles, nous avons l'étude d'Abuka et al (1998) portant sur la
fonction de réaction de la banque centrale d'Ouganda. Mais les
résultats obtenus ne sont pas significatifs. Cependant en
réestimant l'équation avec la prise en compte de variables du
secteur extérieur (la variation des réserves internationales, le
taux de change réel), les résultats obtenus apparaissent
relativement meilleurs, mais ils ne permettent pas une bonne description de
l'historique des taux d'intérêt.
La deuxième étude qui a retenu notre attention
est celle de Tenou (2002) qui partant des données annuelles et
trimestrielles de l'UMOA aboutit aux résultats suivants : sur la base
des données annuelles (1970-1999), il conclut que les taux historiques
du marché monétaire sont relativement bien décrits de 1987
à 1999 par une fonction de réaction de la banque centrale. En
considérant les données trimestrielles (1991 :1 à 1999
:1), il montre que de 1994 :1 à 1999 :1, les taux historiques du
marché monétaire sont relativement en conformité
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avec l'évolution des fondamentaux économiques
que sont les variables de taux du marché monétaire et du
différentiel de taux du marché monétaire retardés
d'un trimestre, le gap de production et le différentiel d'inflation
retardés de deux trimestres. Il est important ici de noter que cette
étude a été menée avec des aménagements sur
la règle de Taylor afin de tenir compte des différentiels
d'inflation et de taux du marché monétaire de l'UMOA par rapport
à la France.
Kamgna et al, 2009 en cherchant une fonction de
réaction pour la BEAC conclut que la fixation du taux
d'intérêt traduit une forte tendance des autorités
monétaires à fixer les taux d'intérêt en fonction de
leurs taux passés. Par ailleurs, le poids accordé à
l'inflation est nettement plus élevé que celui accordé
à l'activité économique. Cependant, le modèle
« Forward looking » prenant en compte la croissance de la masse
monétaire et le différentiel du taux d'intérêt
s'avère être pour Kamgna et al le meilleure modèle qui
décrit relativement bien le comportement des taux historiques de la BEAC
car la règle de Taylor simple estimée à partir du
modèle cointégré ne décrit pas assez
aisément les taux d'intérêt effectifs sur la période
1986 :1 - 2006 :4). Sur la demi-période 1994 :1 - 2006 :1 correspondant
à la mise sur pied du marché monétaire, cette faiblesse
d'ajustement est légèrement amoindrie.
Nous nous rendons donc compte que les résultats suite
à l'estimation de la règle de Taylor dans différents pays
sont différents selon les pays. Parfois, les études portant sur
une même économie aboutissent à des valeurs de coefficients
différentes. D'où les critiques de faites à l'endroit de
cette règle.
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