3. Spécification de la règle à
base de l'optimisation de la fonction de perte
La fonction de réaction définit le lien qui
existe entre l'instrument de la politique monétaire et ses
différents objectifs final et intermédiaire, Huchet (2003). Elle
représente donc la solution du problème de minimisation d'une
fonction de perte par rapport aux instruments de politique économique.
En d'autres termes la fonction de perte est une fonction qui met en relation
les variables objectifs et les variables instruments en vue de
déterminer la perte de la banque centrale. Etant donné que nous
avons retenu le comportement d'une banque centrale basé sur une
règle, nous étudierons uniquement la fonction de réaction
allant dans ce sens et abandonnerons le cas des politiques
discrétionnaires. Ainsi la formulation mathématique retenue est
celle présenté par Huchet (2003).
L = [? a
' ~~~ y - y ~)2]+
b x - x*)2
Sous la contrainte y~=c1x i = 1, ... ,
n
Où L est la mesure de la perte
enregistrée par les autorités monétaires ; y~
est la variable représentant l'objectif à la date
t ;
Il existe n objectifs ;
y~ ~ est la valeur cible de cette variable
pour l'objectif i ; x est l'instrument
contrôlé par les autorités monétaires ; x'
est la valeur cible de cet instrument.
La solution analytique de cette approche produit une fonction
de réaction dans laquelle l'instrument de politique monétaire
dépend de toutes les variables d'état de l'économie :
n
x = cste + e~ y~
1=1
Maintenant selon l'objectif et l'instrument utilisé par
la banque centrale, l'on peut déterminer l'ensemble de variables qui
entre en jeu dans la construction de la fonction de réaction.
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Cette section est d'une importance capitale parce qu'elle nous
a permis de saisir des règles d'instrument, de ciblage, automatiques et
activistes, que les règles activistes d'instrument sont les mieux
adaptées pour la représentation des fonctions de réaction
des banques centrales. Aussi, nous avons vu dans cette section qu'une
règle pour accroître la transparence et la
crédibilité des autorités monétaire
vis-à-vis des agents économiques, doit être simple et
systématique. Et surtout que sa formulation découle de la
minimisation d'une fonction de perte de la banque centrale. Cette fonction de
perte met en relation l'instrument de la banque centrale (qui est choisi selon
des critères bien définis) et les autres variables entrant en jeu
dans la construction de la fonction de réaction.
Dans le processus de recherche de la meilleure politique
monétaire par les banques centrales, il ressort que la discrétion
monétaire entraine un biais inflationniste qui entame sa
réputation auprès des agents économiques. Le coût
positif entrainé par cette discrétion monétaire (la perte
de transparence et de crédibilité des autorités
monétaires) va persuader les économistes de l'abandon d'une telle
politique au profit de l'observation des règles monétaires. Cette
adoption des règles monétaires comme mode de conduite de la
politique monétaire va ouvrir le débat sur le type de
règle devant être observé par les autorités
monétaires. Ainsi, Friedman proposera une règle «
automatique » qui ne fera pas l'unanimité car
considérée comme insuffisante et ne prenant pas en compte le
niveau de l'activité économique ainsi que celui de l'inflation.
Des auteurs ont démontré qu'ainsi formulée, cette
règle risque d'entrainer une énorme variabilité de la
production. D'où l'adoption des règles « activistes »
qui sont plus dynamiques car intégrant le niveau de l'activité
économique. Cependant, il reste le débat sur les règles
d'instrument et de ciblage. En conclusion à ce débat, il a
été arrêté que les règles d'objectif font
appel à des règles d'instrument et ceci de façon
implicite. D'où l'adoption des règles d'instrument surtout que
celle de ciblage posent un problème de transparence et de
responsabilité de la part des autorités monétaires. Donc
la règle que nous retenons comme étant la mieux adaptée
à la représentation du comportement d'une banque centrale est une
règle « activiste » d'instrument d'autant plus que les
règles « activistes » sont généralement des
règles d'instrument. Aussi, ce chapitre nous a permis de comprendre que
la spécification fonctionnelle d'une règle monétaire passe
par un programme d'optimisation d'une fonction de perte de la banque centrale.
La solution de cette optimisation permet d'obtenir une relation entre la
variable instrument et les variables de la fonction de réaction de la
banque centrale. Pour qu'une variable soit choisie comme instrument, elle doit
remplir des critères bien précis. Ce chapitre nous permet de
conclure que ce ne sont pas toutes les règles formulées par les
économistes qui sont capables de reproduire le comportement de la banque
centrale en termes de conduite de la politique monétaire. Aussi, en
raison du caractère simple et systématique de la règle de
Taylor (1993) et de sa prise en compte du niveau de l'activité, elle est
la plus testée dans le cadre des études portant sur les fonctions
de réactions des banques centrales. Pour cela, notre deuxième
chapitre consiste à tester la pertinence de la règle de Taylor
pour ce qui est de la BEAC.
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