IV.3.Technologies post-récolte
Au contraire des céréales qui possèdent
par nature de bonnes propriétés de stockage, les plantes à
R&T font sans exception partie des cultures vivrières facilement
périssables. Cette périssabilité de produits issus de
R&T déprécie la qualité et la valeur marchande. La
transformation de ces produits vise donc la réduction des
problèmes liés à la conservation de longue durée,
la diversification des produits et sous produits et en définitive,
l'augmentation de la valeur ajoutée d'une production primaire en le
faisant passer à une étape supérieure du produit
transformé. Elle permet en outre de réduire les pertes
post-récolte.
Avant d'entreprendre les technologies post-récolte,
nous avons identifié les causes de pertes pré- et
post-récolte.
Tableau 41 : Identification et comparaison des
causes de pertes pré et post-récolte
Causes
|
Nombre de cas de perte pré-récolte
|
%
|
Nombre de cas
de perte post-récolte
|
%
|
Rats
|
2
|
2.0
|
6
|
17.6
|
Pourriture causée par les attaques fongiques,
bactériennes et décomposition physiologique
|
37
|
36.6
|
7
|
20.6
|
Vol
|
14
|
13.9
|
1
|
2.9
|
Coléoptères
|
13
|
12.9
|
20
|
58.8
|
Singes
|
3
|
3.0
|
0
|
0
|
Aléas climatiques
|
1
|
1.0
|
0
|
0
|
Bétail
|
18
|
17.8
|
0
|
0
|
Taupes
|
11
|
10.9
|
0
|
0
|
Récolte tardive
|
2
|
2.0
|
0
|
0
|
Total
|
101
|
100
|
34
|
100
|
De ce tableau, nous remarquons qu'au niveau
du stade pré-récolte, les pertes les plus importantes sont
causées par:
1. les champignons : ceci résulte d'un entretien
mal conduit. Ainsi, les opérations culturales qui risquent de blesser
les racines ou les tubercules telles que le sarclage et la récolte
échelonnée prédisposent les racines ou les tubercules aux
attaques fongiques ou bactériennes.
2. le vol : ceci résulte du manque de gardiennage
de champs, soit que cette activité est très onéreuse et
que le cycle végétatif est très long pour certaines
plantes à R&T (cas du manioc), soit que ce sont souvent les R&T
qui restent seuls dans les champs après la récolte des
céréales et légumineuses. Mais ici, nous ne pouvons pas
dire d'une pure perte car ce qui est volé n'est pas jeté mais est
utilisé ailleurs. Nous pouvons parler plutôt d'un transfert non
préféré.
3. les Coléoptères : ceux -ci attaquent
souvent les tubercules de patate douce récoltés tardivement et
peuvent conduire à la perte de tout le tubercule. Ces derniers sont
aussi signalés en stock (pour les produits secs comme les cossettes)
4. le bétail : en saison sèche, certains
éleveurs laissent le bétail errer et causent de ravages aux
plantes qui résistent à la sécheresse prolongée en
l'occurrence le manioc et la patate douce.
D'autres causes de dégâts sont de très
faible importance aux R&T dans les champs : taupes : 10.9 %,
singes : 3 %, rat : 2 %, récoltes tardives : 2 % et
sécheresse : 1 %
Au stade post-récolte, les dégâts les plus
importants sont dus aux Coléoptères 58.8 %. Cela est dû
à la baisse de la teneur en eau dans la racine et à la
température fraîche du milieu. L'attaque est signalée dans
les greniers ou autres équipement de stockage.
Les champignons et les bactéries : suite aux
blessures causées par la récolte des racines et tubercules,
l'activité respiratoire devient très élevée et
influence l'apparition des moisissures.
Les bactéries profitent les plaies où la
séparation de la racine ou tubercule a eu lieu ou de la mauvaise
manipulation. Les pertes ont été citées par 20.6 % des
exploitants.
Les rats sont cités par 17.6 % des exploitants comme
cause de perte de leur récolte dans le milieu de stockage.
Quant à la comparaison des causes de pertes pré-
et post-récolte, nous remarquons que les pertes
pré-récolte sont énormes. 101 cas ont été
cités par les exploitants contre 34 cas pour les pertes
post-récolte. Cela est justifié par le fait que les produits
à récolter passent une longue période avant d'être
récoltés et sont soumis à plusieurs influences du milieu
(biotiques et abiotiques).
IV.3.1. Evaluation des techniques de transformation et de
conservation
Pour réduire certaines pertes, les exploitants
procèdent à la transformation. Etant donné que les plantes
à racines et à tubercules ne constituent pas un groupe
homogène du point de vue de leurs propriétés de
transformation et de stockage, et qu'elles présentent de
différences, spécifiques au produit concerné, il est donc
indispensable d'utiliser des méthodes de transformation et de stockage
spéciales à chaque type de produit dérivé de
plantes à racines et tubercules, ce que confirme d'ailleurs
l'extrême diversité des systèmes de transformation et de
stockage traditionnels.
C'est ce qui nous a incité à savoir quelles sont
les plantes à racines et tubercules transformées, les
méthodes de transformation et de stockage utilisées, les
personnes impliquées dans la transformation et les problèmes
rencontrés dans la transformation et le stockage.
Tableau 42 : Racines et tubercules
transformés ainsi que les produits dérivés
rencontrés dans la zone de notre étude
Culture
|
Produit
transformé
|
Exploitation
concernée/90
|
%
|
Manioc
|
Ikivunde
|
55
|
61.1
|
Inyange
|
27
|
30
|
Total
|
|
82
|
91.1
|
Patate douce
|
-
|
0
|
0
|
Total
|
|
0
|
0
|
Pomme
de terre
|
-
|
0
|
0
|
Total
|
|
0
|
0
|
Colocase
|
-
|
0
|
0
|
Total
|
|
0
|
0
|
Igname
|
-
|
0
|
0
|
Total
|
|
0
|
0
|
De ce tableau, nous remarquons que les activités de
transformation ne sont pas très connues. Seul le manioc connaît la
transformation au sein des exploitations. 91.1% ont affirmé qu'elles
transforment le manioc. Toutefois, la transformation des racines de manioc se
limite à deux types de farine : Ikivunde à 61.1% et inyange
à 30%. La farine « Ikivunde » est très
transformée car la majorité de manioc utilisé est
très amère et nécessite les opérations visant
à éliminer l'acide cyanhydrique, toxique pour les humains et les
animaux. Aussi, elle est très recherchée pour sa qualité
marchande : sa couleur et son goût attirent les acheteurs. Mais
signalons ici que cette farine est chère par rapport à la farine
« inyange ».
Nous remarquons également l'absence de transformation
des tubercules à part la cuisson directe de tubercules
récoltés ce qui peut causer de pertes très
élevées en cas de récolte abondante et que les exploitants
ne peuvent pas les consommer ou les vendre. Ils sont contraints de les vendre
à bas prix ou de les distribuer gratuitement chez leurs amis ou
voisins.
Cela peut être une entrave au développement des
ces cultures. Il faut innover de technologies de transformation en vue de
diversifier et de donner de la valeur aux produits transformés.
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