2.1.3.3.1. La dopamine et le circuit de la
récompense
Les drogues qui agissent le plus fortementsur l'humeur sont
les psychostimulants et les opiacés. Les psychostimulants, comme leur
nom l'indique, augmentent la vigilance et diminuent la sensation de fatigue et
de sommeil : c'est le cas des amphétamines et de la cocaïne. Au
contraire, les opiacés, comme la morphine ou l'héroïne, ont
un effet d'endormissement. Bien que ces deux groupes de produits aient des
effets opposés, les recherches actuelles ont montré qu'ils
possèdent en commun la propriété d'augmenter dans le
cerveau la libération d'une molécule fabriquée par les
neurones, la dopamine. En fait, ce ne sont pas seulement les psychostimulants
et les opiacés mais aussi tous les produits qui possèdent cette
propriété de faire libérer la dopamine, comme le tabac,
l'alcool, l'ecstasy ou le cannabis, qui déclenchent la dépendance
chez l'homme. L'intérêt de cette découverte vient de ce que
la dopamine active chez l'homme un circuit appelé le « circuit de
la récompense ». Il s'agit d'un ensemble de structures
cérébrales qui, comme un
baromètre, nous indiquent à chaque instant dans
quel état physique et psychique nous nous trouvons. Lorsque la
quantité de dopamine augmente dans ces structures, quelle qu'en soit la
raison, nous ressentons du plaisir et considérons que tout va bien,
même si par ailleurs notre corps souffre ou que nous sommes
déprimés.
Ainsi les drogues, par leur action biochimique, modifient la
conscience que nous avons de notre environnement et de nous-mêmes. La
prise répétée de drogues modifie à long terme la
façon dont notre cerveau perçoit l'origine de ses satisfactions
et perturbe notre recherche du plaisir.
2.1.3.3.2. Les effets des substances sur le
cerveau
2.1.3.3.2.1. Alcool
L'alcool est obtenu par fermentation de
végétaux riches en sucre ou par distillation et entrent dans la
composition des boissons alcoolisées : vin, cidre, bière, rhum et
alcools distillés, vodka et whisky, et communément sodabi.
L'alcool se lie à de nombreux récepteurs
biologiques comme les récepteurs au glutamate ou au GABA. Il intervient
aussi, comme certains composés de la fumée du tabac, en bloquant
la dégradation de dopamine, de noradrénaline et de
sérotonine.
A court terme et lorsqu'il est consommé à des
doses importantes, l'alcool provoque un état d'ivresse et peut
entraîner des troubles digestifs, des nausées, des vomissements,
des pertes de contrôle de soi qui peuvent conduire à des
comportements de violence, à des passages à l'acte, à des
agressions sexuelles, à l'homicide et même au suicide.
2.1.3.3.2.2. Tabac
Le tabac est une plante cultivée dans le monde entier.
C'est un produit manufacturé élaboré à partir de
feuilles séchées de plantes appartenant à la famille des
solanacées et caractérisées par la présence de
nicotine.
La nicotine est une substance alcaloïde psychotrope
contenue dans le tabac et pouvant être à l'origine d'une
dépendance durable. Elle possède un effet « éveillant
», anxiolytique et coupe-faim. La nicotine a longtemps été
considérée comme le seul composé responsable de la
dépendance au tabac. En fait, plusieurs observations indiquent que la
nicotine n'est pas seule responsable de la dépendance au tabac. Des
recherches récentes ont montré que la fumée du tabac
contient aussi des produits qui bloquent la dégradation de
neuromédiateurs comme la dopamine, la sérotonine et la
noradrénaline. La dépendance au tabac serait donc due à un
effet synergique entre le blocage de la dégradation de ces
neuromédiateurs et l'action de la nicotine qui agit en imitant l'action
d'un neuromédiateur naturel, l'acétylcholine qui se lie aux
récepteurs nicotiniques.
2.1.3.3.2.3. Cannabis
Le cannabis est une plante. Le principe actif du cannabis
responsable des effets psychoactifs est le THC (tétrahydrocannabinol),
inscrit sur la liste des stupéfiants. Par l'intermédiaire du
tétrahydrocannabinol, le cannabis entraîne une faible
libération de dopamine selon un mécanisme encore mal compris. Les
récepteurs au THC (cannabinoïdes) sont présents en forte
densité dans le système limbique.
Les consommateurs recherchent un état de
détente, de bien-être et une modification des perceptions. Mais
les effets recherchés ne sont pas toujours obtenus. Les effets de la
consommation de cannabis sont variables : légère euphorie
accompagnée d'un sentiment d'apaisement, légère
somnolence... Mais elle peut entraîner aussi parfois un malaise, une
intoxication aigüe qui peut se traduire par des tremblements, des
vomissements, une impression de confusion, d'étouffement, une angoisse
très forte.
2.1.3.3.2.4. Cocaïne
La cocaïne se présente généralement
sous la forme d'une fine poudre blanche, cristalline et sans odeur. Elle est
extraite des feuilles de cocaïer.
La cocaïne agit en empêchant la recapture de la
dopamine, de la noradrénaline et de la sérotonine au niveau des
synapses. Ce faisant, elle augmente la présence et donc l'effet de la
dopamine, notamment au niveau du cerveau des émotions (système
limbique).
L'usage de cocaïne provoque une euphorie
immédiate, un sentiment de toute-puissance intellectuelle et physique et
une indifférence à la douleur et à la fatigue. Ces effets
laissent place ensuite à un état dépressif et à une
anxiété que certains apaisent par une prise d'héroïne
ou de médicaments psychoactifs. La prise de cocaïne entraine une
augmentation de l'activité psychique et, par conséquent, des
insomnies, des pertes de mémoire et des phases d'excitation. Une autre
caractéristique de la cocaïne est de lever les inhibitions, ce qui
peut conduire à des actes de violence, des agressions sexuelles, des
dépenses compulsives, etc.
2.1.3.3.2.5. Héroïne
L'héroïne est un opiacé puissant, obtenu
par synthèse à partir de la morphine, extraite du pavot.
L'héroïne se présente sous la forme d'une poudre ou de
granulés à écraser.
L'héroïne est transformée dans le cerveau
en morphine. C'est en se liant sur des récepteurs situés sur des
neurones à GABA (un neuromédiateur inhibiteur) que la morphine
augmente la libération de dopamine. Lorsqu'ils sont stimulés par
la morphine, ces récepteurs, dont le rôle naturel est de recevoir
des endorphines, bloquent la libération de GABA et activent donc les
neurones à dopamine.
L'héroïne provoque très rapidement
l'apaisement, l'euphorie et une sensation d'extase. Cet effet immédiat
de plaisir intense est suivi d'une sensation de somnolence, accompagnée
parfois de nausées, de vertiges et d'un
ralentissement du rythme cardiaque. L'héroïne agit
ponctuellement comme anxiolytique puissant et comme antidépresseur.