2.1.3.4.1. Usage simple
L'usage simple est une consommation de substances
psychoactives qui n'entraîne ni complications pour la santé, ni
troubles du comportement ayant des conséquences nocives pour soi ou pour
autrui. Il en est ainsi chez les adolescents et les jeunes qui essaient les
drogues illicites par curiosité, ou qui consomment avec les autres par
effet d'entraînement. Beaucoup en resteront à une unique
expérience ou n'auront qu'une consommation occasionnelle en petite
quantité.Le passage à des consommations de plus en plus
régulières ou à des produits de plus en plus dangereux ne
se produit pas de façon axiomatique. Il varie selon le potentiel
addictif de chacune des substances et la vulnérabilité des
individus due à leur contexte de vie, leur histoire personnelle et
l'existence ou non de troubles psychologiques.
2.1.3.4.2. Usage nocif
L'usage nocif est une consommation susceptible de provoquer
des dommages physiques, affectifs, psychologiques ou sociaux pour le
consommateur et pour son environnement proche ou lointain.Cet usage n'est pas
uniquement lié à la quantité consommée en une seule
fois (l'abus), ni à la répétition d'une consommation
modérée et contrôlée de certaines substances. Les
risques tiennent à la dangerosité spécifique du produit,
aux dommages pour la santé et aux conséquences sociales de la
consommation.
> Les risques pour la santé (risques sanitaires) :
l'usage est nocif lorsqu'il entraîne une détérioration de
l'état physique, la complication de certaines maladies, voire des
décès prématurés.
> Les risques pour la vie quotidienne (risques sociaux) :
l'usage est nocif dans les situations où la consommation et ses effets
peuvent
occasionner un danger, entraîner des dommages pour soi et
pour les autres.
Plus concrètement, on parle d'usage nocif lorsque l'on
peut constater :
- l'utilisation d'une substance dans des situations où
cela peut devenir dangereux : perte de vigilance (conduite automobile, d'une
mobylette, d'une machine) ;
- des infractions répétées, liées
à l'usage d'une substance (violences commises sous l'effet d'un produit,
accidents divers sous l'effet du produit...) ;
- l'aggravation de problèmes personnels ou sociaux
causés ou amplifiés par les effets de la substance sur les
comportements (dégradation des relations familiales, difficultés
financières...) ;
- des difficultés et/ou l'incapacité à
remplir ses obligations dans la vie professionnelle, à l'école,
à la maison (absences répétées, mauvaises
performances au travail, mauvais résultats, absentéisme scolaire,
exclusion, abandon des responsabilités...) ;
- l'incapacité à se passer du produit pendant
plusieurs jours ;
- la mise en péril de la santé et de
l'équilibre d'autrui (risques que fait encourir une femme enceinte
à la santé de son bébé).
2.1.3.4.3. Dépendances
La dépendance est, au sens
phénoménologique, une conduite qui repose sur une envie
répétée et irrépressible, en dépit de la
motivation et des efforts du sujet pour s'y soustraire.
La dépendance est un état pathologique où
l'organisme est incapable de fonctionner physiologiquement en dehors de la
consommation de la substance responsable. Le terme dépendance ne doit
pas être confondu avec le terme addiction.
2.1.3.4.3.1. Définition de l'Organisation
Mondiale de la Santé
En 1975, l'Organisation mondiale de la santé
définit la dépendance comme : « un état psychique et
parfois physique, résultant de l'interaction entre un organisme vivant
et un produit, caractérisé par des réponses
comportementales ou autres qui comportent toujours une compulsion à
prendre le produit de façon régulière ou périodique
pour ressentir ses effets psychiques et parfois éviter l'inconfort de
son absence (sevrage). La tolérance peut être présente ou
non ».
2.1.3.4.3.2. Dépendance selon le Manuel
Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux, 4ème
édition
Le Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux,
4ème édition, présente l'addiction comme un mode
d'utilisation inapproprié d'un produit entraînant des signes
physiques et psychiques. Elle se manifeste par l'apparition d'au moins trois
des signes ci-après sur une période d'un an.
· une tolérance (ou accoutumance) qui se traduit
soit par une augmentation des doses pour un effet similaire, soit par un effet
nettement diminué si les doses sont maintenues à leur état
initial ;
· un syndrome de sevrage en cas d'arrêt ou une prise
du produit pour éviter un syndrome de sevrage ;
· une incapacité à gérer sa propre
consommation, l'usager consomme plus longtemps ou plus qu'il ne le voulait ;
· des efforts infructueux pour contrôler la
consommation ;
· un temps de plus en plus important est consacré
à la recherche du produit ;
· les activités sociales, culturelles ou de loisir
sont abandonnées en raison de l'importance que prend le produit dans la
vie quotidienne ;
· une poursuite de la consommation malgré la
conscience des problèmes qu'elle engendre.
Tolérance et sevrage constituent la dépendance
physique, et ne recouvrent que deux critères sur 7. Il est donc possible
d'être dépendant au sens du Manuel Diagnostique et Statistique des
Troubles Mentaux sans avoir développé de tolérance
physique.
2.1.3.4.3.3. Dépendance selon la Classification
Internationale des Maladies, 10ème
révision
La Classification Internationale des Maladies,
10ème révision présente la toxicomanie comme la
manifestation d'au moins trois des signes ci-après sur une
période d'un an et ayant persisté au moins un mois ou
étant survenus de manière répétée.
· un désir compulsif de consommer le produit ;
· des difficultés à contrôler la
consommation ;
· l'apparition d'un syndrome de sevrage en cas
d'arrêt ou de diminution des doses ou une prise du produit pour
éviter un syndrome de sevrage ;
· une tolérance aux effets (augmentation des doses
pour obtenir un effet similaire) ;
· un désintérêt global pour tout ce qui
ne concerne pas le produit ou sa recherche ;
· une poursuite de la consommation malgré la
conscience des problèmes qu'elle engendre ;
2.1.3.4.3.4. Types de dépendances
On distingue deux types de dépendances :
> Dépendance physique
La dépendance physique est l'état où
l'organisme assimile à son propre fonctionnement la présence d'un
produit développant des troubles physiques parfois graves en cas de
manque (non-présence du produit dans l'organisme), l'ensemble de ces
troubles constituant ce qu'on appelle le syndrome de sevrage.La
dépendance physique résulte des mécanismes d'adaptation
de
l'organisme à une consommation prolongée et
peut s'accompagner d'une accoutumance, c'est-à-dire la
nécessité d'augmenter les doses pour éprouver un
même effet. La dépendance physique se traduit par des troubles
organiques dès que la drogue cesse d'être consommée : c'est
l'état de manque, caractérisé par des vomissements, des
crampes, une angoisse intense, etc.
L'intensité des symptômes diffère selon
les substances, l'individu et les habitudes de consommation. L'explication
médicale de ce phénomène parle du temps requis
(généralement de 7 à 10 jours) par l'organisme pour
rétablir l'équilibre suite au dysfonctionnement de certaines
neurones.
> Dépendance psychique
La dépendance psychique qui se subdivise en deux
sous-groupes : - La dépendance
psychologique
La dépendance psychologique est le désir
insistant et persistant de consommer qui peut parfois se traduire par des
manifestations psychosomatiques. La dépendance psychologique est bien
plus liée aux caractéristiques des individus (habitudes,
états affectifs, styles de vie) qu'au produit lui-même. La
dépendance psychologique s'inscrit dans un processus à
caractère compulsif afin d'amener le consommateur à se sentir
bien ou à mieux s'adapter à la réalité. C'est un
mécanisme d'adaptation coûteux, voire destructeur.
- La dépendance comportementale ou
sociale
La dépendance comportementale correspond à des
stimulations générées par les habitudes ou
l'environnement, facteur de rechute. Elle correspond également aux modes
de vie du toxicomane. Elle dépend de la pression sociale et
conviviale.Le produit est en effet associé à des circonstances,
à des personnes et à des lieux qui suscitent l'envie de le
prendre.
2.1.3.4.3.5. Syndrome de sevrage
On appelle syndrome de sevrage un ensemble de symptômes
provoqués par l'arrêt brusque de consommation d'une substance
psychotrope. Il varie en forme et en intensité non seulement selon les
substances et les doses consommées, mais aussi selon le sujet et le
contexte socioculturel où il se trouve (prison, hôpital,
domicile).
On parle de sevrage lorsque l'arrêt ou la diminution de
la consommation d'une substance amène une modification comportementale
inadaptée avec des répercussions physiologiques et cognitives.