2.1.3.2. Classification des drogues
Au cours du XXe siècle,plusieurs classifications des
drogues ont été établies en prenant en compte leur
origine, leurs effets, leur famille pharmacologique, leur activité sur
le système nerveux, leur dangerosité, leurs implications sociales
ou leur statut juridique. Les classifications se font sur la base de
critères issus de notre « grille de lecture » du monde, et
portent donc l'empreinte de notre culture et de nos valeurs.
2.1.3.2.1. La classificationselon leur
origine
On distingue 3 types de produits en fonction de leur mode de
production : > Les produits naturels
Ces produits se trouvent immédiatement à
l'état fini. Ils ne nécessitent donc aucune manipulation
chimique.
Exemples : les champignons hallucinogènes, le cannabis,
le tabac, le café... > Les produits
synthétiques
Ils sont fabriqués dans un laboratoire. La
molécule reproduite en laboratoire a souvent été
observée préalablement dans la nature.
Exemples : le LSD, les amphétamines, etc.
> Les produits
semi-synthétiques
Une forme de consommation de ces produits existe à
l'état naturel, mais une manipulation chimique en donne une seconde.
Exemple : la feuille de coca devenant la cocaïne ou le
crack après manipulation.
2.1.3.2.2. La classification drogues douces - drogues
dures
La séparation drogues douces - drogues dures est la plus
couramment utilisée parmi le commun des mortels et les médias.
Le terme « drogue dure » qualifie les substances
à même de provoquer une dépendance psychique et physique
forte. Ce terme désigne généralement les
dérivés de cocaïne et d'héroïne.
Les drogues dites douces seraient celles qui ne seraient pas
(ou peu) toxiques et qui n'induiraient pas de dépendance. Le terme
« drogue douce » désigne presque exclusivement le cannabis, du
fait que celui-ci induise une dépendance mentale très faible et
que le risque de décès par surdose soit nul.
2.1.3.2.3. La classification selon le régime
juridique
Les termes drogue licite et drogue illicite sont utilisés
depuis la mise en place des diverses législations sur les
psychotropes.
Une drogue illicite est une drogue dont la consommation et la
vente sont interdites par la loi d'un pays. Le caractère illicite de
certaines drogues varie d'une législation (et donc d'un pays) à
l'autre. Le cannabis, par exemple, est illicite en France et au Togo mais
autorisé sous réglementation stricte à la vente et
à la consommation aux Pays-Bas.
Les « drogues licites » désignent les
substances psychotropes dont la consommation et la vente ne sont pas interdites
par la loi d'un pays. Par drogue licite, on désigne en
général l'alcool, le tabac, le café, les
médicaments psychotropes ou les solvants organiques.
2.1.3.2.4. La classification selon la
dangerositéDécrite par Roques (1998), cette
classification considère les propriétés
pharmacologiques des produits psychotropes ainsi que les
problèmes et risques sanitaires et sociaux liés à la
consommation de ces produits.
Tableau 1
Répartition des drogues selon les facteurs de
dangerosité
|
Héroïne
|
Alcool
|
Tabac
|
Cocaïne
|
Psychostimulants
|
Benzodiazépines
|
Cannabinoïdes
|
Dépendance Physique
|
Très forte
|
Très forte
|
Forte
|
Faible
|
Faible
|
Moyenne
|
Faible
|
Dépendance
|
Très
|
Très
|
Très
|
Forte mais
|
Moyenne
|
Forte
|
faible
|
Psychique
|
forte
|
forte
|
forte
|
intermittente
|
|
|
|
Neurotoxicité
|
Faible
|
Forte
|
0
|
Forte
|
Forte
|
0
|
0
|
Toxicité Générale
|
Forte
|
Forte
|
Très forte
|
Forte
|
Forte
|
Très faible
|
Très faible
|
Dangerosité Sociale
|
Très forte
|
Forte
|
0
|
Très forte
|
Faible (exception possible)
|
Faible (sauf conduite)
|
Faible
|
|
Source : Roques, B. (1998). Rapport sur
la dangerosité des produits. Paris : Gouvernement Kouchner. URL.
2.1.3.2.5. La classification par les effets
Actuellement, la classification la plus couramment
utilisée par les chercheurs se centre sur les effets queles produits ont
sur le corps et le système nerveux central. Cette classification est
l'apanage de l'Organisation des Nations Unies et de l'Organisation
Internationale de la Prévention du Crime (O.I.P.C).Le modèle le
plus courant répartit les produits en trois catégories :
> Les dépresseurs
Les dépresseurs génèrent une
dépression du système nerveux central : les organes fonctionnent
au ralenti. Les symptômes sont :
- au niveau physique : une diminution de la tension
artérielle, de la respiration, du rythme cardiaque...
- au niveau mental : une accalmie, une relaxation, un
relâchement des tensions nerveuses...
Ce sont principalement : les opiacés et leurs
dérivés (héroïne, médicaments à base
d'opiacés : Codéine, Méthadone...), les
benzodiazépines, le cannabis, l'alcool, le protoxyded'azote (le gaz
hilarant), la kétamine, les hydrocarbures volatiles (gaz, essence, ...),
etc.
> Les stimulants
A l'inverse des dépresseurs, les psychostimulants ont
pour effet une hyperstimulation dusystème nerveux central.Les
symptômes sont :
- au niveau physique : la dilatation pupillaire et
l'augmentation de la température corporelle, de la fréquence
cardiaque et de la pression artérielle.
- au niveau mental : des effets euphorisants, une sensation
de compétence intellectuelle accrue, l'envie de s'extérioriser,
de s'exprimer, de bouger...
Ce sont principalement : la coca et ses dérivés
(cocaïne, crack), les amphétamines, l'ecstasy, la nicotine, la
caféine, les médicaments à base d'amphétamines et
autresproduits dopants, etc.
> Les perturbateursou les
hallucinogènes
Leur action est compliquée à définir car
il n'y a pas de signes physiques de la perturbation. L'effet est plutôt
d'ordre mental, pouvant aller de l'hallucination jusqu'au
délire.L'hallucination consiste en la modification des perceptions
sensorielles (auditives, visuelles,tactiles, gustatives, olfactives).
Ce sont principalement : le LSD, laphencyclidine, les
champignons psilocybes, la mescaline, l'ecstasy, le cannabis, le peyotl, la
kétamine, l'alcool, le poppers, le protoxyded'azote (le gaz hilarant),
les hydrocarbures volatiles (gaz, essence, ...), etc.
Qu'il s'agisse des dépresseurs, des stimulants ou des
perturbateurs ou qu'il s'agisse des produits naturels, synthétiques ou
semi-synthétiques, leurs effets sur le système nerveux central
sont spécifiquement bien déterminés et toutes ces drogues
empruntent le même circuit.
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