2.1.2.2. Résilience
La notion de résilience demeure très floue pour
beaucoup de chercheurs malgré sa spécificité.C'est Bowlby
(1951) qui le premier a utilisé au sens
figuré le terme de résilience, issu de la
physique des matériaux. En physique, la résilience signifie
littéralement la capacité ou l'aptitude à résister
aux chocs. Insistant sur le rôle de l'attachement dans la genèse
de la résilience, Bowlby la définissait ainsi : « ressort
moral, qualité d'une personne qui ne se décourage pas, ne se
laisse pas abattre ».
La résilience a d'abord été
étudiée chez l'enfant. Rutter (1985) la définissait comme
« un phénomène manifeste par des sujets jeunes qui
évoluent favorablement bien qu'ayant une forme de stress qui dans la
population générale est connue comme comportant un risque
sérieux de conséquences défavorables ».
Kleisler (1996)s'intéresse aux qualités d'un
individu résilient et donne cette définition : « La
résilience est la capacité d'un sujet à surmonter des
circonstances singulières de difficultés, grâce à
ses qualités mentales de comportement et d'adaptation ».
La résilience a été ensuite
appliquée à l'adulte puis étendue à des familles et
des communautés pour évoquer une évolution favorable suite
à un traumatisme important. En 2001,Manciaux écrit : « La
résilience est la capacité d'une personne ou d'un groupe à
se développer bien, à continuer à se projeter dans
l'avenir en dépit d'événements déstabilisants, de
conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères
».
Lecomte (2002) part du postulat philosophique selon lequel
toute personne est potentiellement résiliente, le regard posé sur
une personne ne doit donc jamais être figé. Il définit la
résilience comme un « processus non linéaire qui permet
à une personne ayant subi un traumatisme de mener une vie
satisfaisante». Le terme de processus implique une évolution qui
intègre les récidives et les rechutes. En effet, le parcours des
personnes se fait par étapes, par phases successives. On ne parle alors
plus d'échec, mais d'étape difficile dans le parcours de
résilience de la personne. Selon Lecomte, un professionnel sera d'autant
plus à même de favoriser la résilience d'une autre personne
qui ne se situera pas uniquement dans la juste distance
professionnelle mais aussi dans ce qu'il appelle une juste
proximité humaine. C'est dans cet espace de notre humanité
commune que peut se construire la résilience.
La notion de résilience apporte une véritable
respiration dans un contexte où les concepts de reproduction en
sociologie et de répétition en psychanalyse dressaient un mur
contre lequel la volonté de changement des professionnels venait buter.
(Desmons, 2001).
Delage (2003) est un des premiers à tirer les
conséquences pratiques de la notion de résilience pour les
interventions contextuelles en psychiatrie. Selon lui, « c'est un nouveau
paradigme d'intervention thérapeutique qui se dégage,
centré, non plus sur le trouble, mais sur les ressources des personnes
pour faire face à ce trouble et rebondir de façon positive
».
En face des situations traumatisantes, quand les ressources
internes des personnes sont absentes ou défaillantes, elles laissent
place dans un abord immédiat à la détresse
psychologique.
|