2.1.2. Vécu événementiel
Parler du vécu événementiel revient avant
tout à parler de la problématique du sens de
l'événement. En effet, c'est le sens qu'une personne attribue
oudonne à un événement de vie qui va entraîner des
conduites
conscientes ou inconscientes, normales ou pathologiques qui
témoigneront de son vécu.
De manière générale, la signification que
l'on donne à un événement peut être consciente ou
inconsciente. Chaque personne va accorder un sens à
sonévénement de vie, qu'il soit conscient ou inconscient avec des
représentations propres (contenus de la pensée, images) et des
affects (émotions).
Dès lors, les chercheurs se sont plutôt
intéressés à l'aspect qualitatif de
l'événement, tel son impact ou son retentissement affectif sur le
sujet au moment de sa survenue.
L'impact événementiel est alors envisagé
différemment suivant qu'il représente un gain ou une perte pour
le sujet (Dohrenwend, 1973) ou suivant sa désirabilité sociale
(Cochrane & Robertson, 1973 ; Myers &al., 1974 ; Paykel,
1974). Cette dernière peut être considérée comme
« négative » ou « positive ». Le fait qu'un
événement constitue une entrée ou une sortie du «
champ social » (Paykel& al., 1969 ; Jacobs &
al., 1974) ou bien que le sujet soit censé exercer un «
contrôle » ou non sur l'événement, qu'il ait une part
de responsabilité ou non, dans la survenue des événements
(Dohrenwend, 1973), que ceux-ci aient été prévisibles,
anticipables, dans l'ordre des choses ou non, qu'ils surviennent à un
âge particulier de la vie est aussi considéré (Neugarten,
1968a, 1983b; Riley, 1963a, 1985b).
L'évaluation de la quantification de l'impact
événementiel par les sujets eux-mêmes fait l'objet d'une
autre approche fondamentale (Thomson &Hendrie, 1972 ;
Schless&al., 1974 ; Amiel-Lebigre& al., 1984).
Elle consiste à demander directement aux sujets, au
cours d'un entretien, d'estimer personnellement et rétrospectivement le
retentissement affectif des événements qu'ils ont vécus,
parmi ceux d'une liste. L'impact événementiel recherché
est celui ressenti au moment de la survenue de l'événement.
Un autre mode d'approche du vécu
événementiel se veut « contextuel » (Brown &
Harris, 1978). L'examen du contexte historique dans lequel un
événement survient dans la vie d'un sujet donné,
associé à la façon dont cette personne exprime son
vécu événementiel, contribue à approcher et
à comprendre la signification de cet événement pour cette
personne.
Dans la construction de leur modèle, Brown et Harris
introduisent la notion de « difficulté majeure ». Il s'agit de
situations difficiles dans lesquelles peuvent se trouver les sujets depuis un
certain temps, lorsque surviennent les événements, situations
problématiques en elles-mêmes ou qui peuvent contribuer à
déterminer l'importance de l'événement.
Un événement qualifié de
sévère ou une situation qualifiée de majeure, constitue,
dans le modèle un agent inducteur de la dépression. Toutefois,
les agents inducteurs ont rarement une force pathogène suffisante pour
déclencher à eux seuls une pathologie mentale. Lorsqu'ils
surviennent en présence de facteurs de vulnérabilité,
autres variables de ce modèle, la probabilité qu'une
décompensation survienne est alors beaucoup plus
élevée.
L'important survol effectué sur la notion de
traumatisme psychique apporte des indications précises sur les
événements de vie. Toutefois, cette notion de traumatisme
psychique ne peut être comprise sans le formulerautourdu stress, qui
résulte du traumatisme.
2.1.2.1. Stress
Le stress ou syndrome général d'adaptation, est
l'ensemble des réponses d'un organisme soumis à des pressions ou
contraintes de la part de son environnement.Le stress est l'état de
tension chronique (à la fois physique et psychique) qui découle
d'une façon inadéquate de gérer la pression (psychique)
pendant une période prolongée. Plusieurs ingrédients sont
nécessaires pour créer un stress. Il faut une situation
comportant de la
pression (psychique); pendant une période prolongée
(autrement, il ne s'agira que de tension passagère); une façon
inadéquate de réagir à cette situation.
Il est impératif de s'attarder un tant soit peu sur la
notion de stress et les types de stress fréquemment rencontrés en
vue de délimiter le vaste champ du stress.
2.1.2.1.1. Notion de stress
La notion de stress a été introduite parSelye
(1956). Il y décrit le mécanisme du syndrome d'adaptation,
c'est-à-dire l'ensemble des modifications qui permettent à un
organisme de supporter les conséquences d'un traumatisme naturel ou
opératoire.
D'après Selye (1973), le syndrome de stress évolue
en suivant trois stades successifs :
- « Réaction d'alarme » : les forces de
défense sont mobilisées. L'organisme reconnaît l'agression,
se prépare à agir (soit à combattre, soit à fuir),
puis met en oeuvre la défense. Le délai minimal de réponse
est de quelques minutes. Les glandes endocrines libèrent des hormones
qui accélèrent les rythmes cardiaque et respiratoire,
élèvent la glycémie, augmentent la sudation, dilatent les
pupilles et ralentissent la digestion.
- « Stade de résistance » : adaptation
à l'agent stressant.L'organisme s'adapte à l'agent agresseur
persistant, et régule les perturbations provoquées par la
réaction d'alarme.
- « Stade d'épuisement » : inexorablement
atteint si l'agent stressant est suffisamment puissant et agit longtemps. Une
agression prolongée affaiblit notamment les réserves
énergétiques de l'organisme, du fait de la dépense
occasionnée par la réponse à l'agression.
Les causes du stress sont extrêmement nombreuses,
variables d'un sujet à l'autre et non spécifiques : accident,
intervention chirurgicale, maladie, conditions de vie difficiles, etc.
Un événement stressant provoque une
réaction en chaîne qui débute dans le cerveau et aboutit
à la production de cortisol par les glandes surrénales. Le
cortisol active alors en retour deux zones du cerveau : le cortex
cérébral pour qu'il réagisse au stimulus stressant (fuite,
attaque, immobilisation...) et l'hippocampe, qui va apaiser la réaction.
Si le stress est trop fort ou prolongé, l'hippocampe saturé de
cortisol ne peut plus assurer la régulation. Le cortisol envahit le
cerveau et installe une dépression. Les zones altérées
sont l'hippocampe, l'amygdale, le cortex cingulaire antérieur et le
cortex préfrontal.
Toutefois, la tendance quedéveloppent les êtres
vivants à vouloir maintenir l'homéostasie et rester constants
face aux facteurs stressants, ne dépend pas seulement de l'action du
cortex cérébral ni de la régulation de l'hippocampe. Elle
est très souvent également fonction du type de stress
vécu.
2.1.2.1.2. Types de stress
Le management du stress peut s'avérer être une
chose compliquée car il existe différents types de stress : le
stress aigu, le stress aigu répété et le stress
chronique.
- Le stress aigu :il est la forme de stress la plus
répandue. Il dure généralement moins d'une heure et trouve
son origine dans les pressions récentes et dans les pressions à
venir. Le stress aigu peut être excitant et même
bénéfique dans certaines situations.En raison de sa courte
durée, le stress aigu n'a pas assez de temps pour causer des troubles
plus graves associés au stress à long terme. Ainsi, les
symptômes du stress aigu les plus répandus sont : un changement
émotionnel qui mélange colère, irritabilité et
déprime, des problèmes musculaires comme des maux de têtes,
des douleurs dans le dos, le mal de dents, un rythme cardiaque
accéléré, une hausse de la
pression artérielle, des palpitations, des migraines, le
souffle court, des douleurs à la poitrine, des vertiges.
- Le stress aigu répété : les personnes
atteintes de stress aigu répété font souvent preuve d'un
tempérament irritable, d'anxiété et de nervosité.
Elles se décrivent souvent comme étant une boule d'énergie
nerveuse en mouvement. Toujours dans l'urgence, leur état irritable peut
se transformer en colère.Une autre forme de stress aigu
répété provient d'un sentiment d'inquiétude
permanent. Cela revient à imaginer des désastres à chaque
coin de rue, à être pessimiste sur l'avenir et à penser que
le pire va se produire dans chaque situation.Les symptômes du stress aigu
répété sont les symptômes d'un état
d'excitation quasi-permanent comme maux de têtes persistants, migraines,
hypertension, douleurs à la poitrine, maladies cardiaques.
- Le stress chronique : c'est un stress qui va être
ressenti jours après jours, années après années et
il a des conséquences sur le corps, l'esprit et la vie. Le stress
chronique touche souvent les gens qui vivent dans une situation
financière précaire, les familles connaissant de graves
problèmes, ou bien les personnes ayant des problèmes avec leur
travail ou leur carrière.Le stress chronique tire son origine du fait
qu'une personne ne voit pas de sortie positive dans une situation
problématique. Certaines formes de stress chronique proviennent
d'expériences traumatisantes dans l'enfance qui continuent d'être
douloureuses au moment présent. La conséquence la plus
malheureuse de cette forme de stress est que les personnes qui en souffrent
finissent par s'y habituer.
Face aux situations potentiellement stressantes, deux issues
sont immanquablement réalisables. Il peut s'agir soit d'une
résilience soit d'une détresse psychologique.
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