Wallon (1934) a organisé ses
observations en présentant le développement de la
personnalité de l'enfant comme une succession de stades. Certains de ces
stades sont marqués par la prédominance de l'affectivité
sur l'intelligence, alors que d'autres apparaissent plutôt
caractérisés par la primauté de l'intelligence sur
l'affectivité. Sa conception des stades fait apparaitre l'idée
que la régression y est possible, contrairement au modèle de
Piaget.
En voici les principales étapes :
> Le stade impulsif (de 0 à 3 mois). Ce qui domine
dans la vie infantile, ce sont les sensations internes (introceptives) et les
facteurs affectifs entretenus avec l'entourage. Sur le plan moteur, cette
période est caractérisée par la faible maîtrise
motrice et donc un désordre gestuel. C'est la qualité des
réponses de l'entourage du nourrisson qui vont lui permettre de passer
du désordre gestuel à des émotions
différenciées.
> Le stade émotionnel (de 3 mois à 1 an).
Émergence d'un commencement de reconnaissance de soi au travers du
regard des autres. Apparition de quatre émotions : la joie, le chagrin,
la colère et la douleur.
> Le stade sensori-moteur et projectif (de 1 à 3
ans). Ce qui prédomine alors pour l'enfant, c'est l'influence du monde
extérieur. L'intégration de cette influence externe va favoriser
l'éveil de deux types d'intelligence : l'une pratique, par la
manipulation des objets et du corps propre, l'autre «
discursive », par l'imitation et l'appropriation du langage.
> Le stade du personnalisme (3 à 6 ans) est
caractérisé par une prédominance, à nouveau, des
fonctions affectives sur l'intelligence. Vers 3 ans l'enfant tend à
s'opposer à l'adulte dans une sorte de crise négativiste, mais
cette attitude est bientôt suivie d'une période d'imitation
motrice et sociale. L'enfant exprime ainsi l'ambivalence qui le lie au
modèle prestigieux que représente pour lui l'adulte.
> Le stade catégoriel (6 à 11 ans). Ici, ce
sont les facultés intellectuelles qui semblent prendre le pas sur
l'affectif. Pendant sa scolarité, l'enfant acquiert des capacités
de mémoire volontaire et d'attention. Son intelligence accède
à la formation des catégories mentales qui conduisent aux
capacités d'abstraction.
> Le stade de l'adolescence commence après 11 ans et
se caractérise par une primauté des préoccupations
affectives.
Le développement psychoaffectif selon Freud
=>
De 18 mois à
Jusqu'à 18 mois 3 ans
Dès 7-8 ans Adolescence
Stade oral
Stade anal
(+ oral)
Stade
=> phallique =>
(+oral,
+anal)
De 3 ans à 7
ans
Situation
oedipienne
Période de latence =>
(+oral, +anal,
+phallique)
Stade
génital
Figure I : Les cinq stades du développement
psychoaffectif selon Freud.
o La << phase orale » constitue l'organisation
psychique du premier lien. La nourriture qui passe par la bouche est en effet
la première origine de sensualité. Le plaisir produit par les
zones érogènes s'étaye sur ce lien vital puis s'en
éloigne, par exemple lors des préliminaires sexuels des adultes.
On différencie la << phase orale de succion » de la <<
phase orale de morsure » qui inaugure une manifestation
d'agressivité reposant sur l'ambivalence inhérente à la
relation d'objet. Pour les kleiniens, le complexe d'OEdipe se manifeste
déjà à cette phase orale et son déclin intervient
lors de l'avènement de la position dépressive.
o La << phase anale », allant de 1 à 3 ans
environ, est liée au plaisir de contrôler ses voies
d'excrétion.
o La << phase phallique » (ou <<
génitale infantile »), de 3 à 6 ans environ, est liée
à la masturbation. Elle connaît l'émergence puis le conflit
oedipien dans sa phase la plus aiguë.
o La << phase de latence » s'étale ensuite
de 6 ans à la préadolescence, et correspond au déclin du
complexe d'OEdipe
par le refoulement des pulsions sexuelles qui sont mises au
service de la connaissance qui dure jusqu'à l'adolescence et qui est
permise par le processus de sublimation. Là encore, il faut
considérer que ce déclin, cette << latence », est
toute relative et peut varier selon les individus, les circonstances et les
moments du développement.
o La << phase génitale » survient pendant
l'adolescence et correspond à la reconnaissance de la << double
différence, des sexes et des générations » et
coïncide avec la seconde période de maturation sexuelle. Dès
lors l'équilibre est trouvé, au sein d'une organisation
génitale adulte et grâce aux changements d'objets devenus
possibles : le désir sera donc adressé à une autre femme
que la mère, à un autre homme que le père.