III-2-5 Les conflits internes les plus
récurrents
v' Conflits entre paysans et éleveurs :
dans la plupart des régions de la Guinée, les
populations pratiquent le maraîchage et l'agriculture le long des cours
d'eau. Ces mêmes cours d'eau sont utilisés par les éleveurs
pour l'abreuvement de leur bétail. Cette situation entraine la
destruction des cultures. Les paysans et les éleveurs se rejettent la
responsabilité. Les mécontentements se terminent souvent par des
conflits violents. Dans certaines régions comme au Fouta Djallon, ces
deux acteurs se concertent et définissent ensemble la zone à
cultiver et la zone de pâturage.
v' Conflits entre usagers urbains : la crise
d'eau que traverse la Guinée depuis plus d'une décennie est
à l'origine des longues files d'attentes autour des quelques rares
robinets ou des forages privés. Le non respect de la file et la
volonté de certaines personnes de s'approvisionner une grande
quantité d'eau sont entre autres les principales causes de ces conflits.
A cela s'ajoutent les frustrations dues à la grande durée des
attentes au sein des rangs. Ces conflits opposent souvent les femmes et les
enfants.
v' Conflits entre usagers et agents de la
société de gestion de l'eau : ces conflits opposent les
abonnés et les agents chargés de l'acheminement des factures. En
effet, certains usagers, face à la rareté de l'eau
s'énervent contre les agents facturiers qu'ils accusent de multiplier
leur consommation faisant fi de la pénurie. Ces derniers se
défendent en disant qu'ils ne sont que des facturiers. La tension monte
d'un cran et tout le quartier se jettent sur les agents. La police intervient
pour contenir la foule. On y dénombre souvent des cas de blessures.
v' Conflits entre usagers d'eau et l'Etat :
depuis le début des années 2000, la Guinée
traverse une crise récurrente d'eau. Dans les quartiers de la haute
banlieue de Conakry, l'eau y est rare sinon quasi inexistante. Cette situation
entraîne des frustrations. Des manifestations violentes ont souvent
caractérisé les protestations des populations. Les rues sont
barricadées, des jets de pierres perpétrés. Lors de la
grande contestation en 2007 pour l'accès à l'eau et
l'amélioration des conditions de vie, la population, suite à un
mode d'ordre de l'Inter centrale syndicale, avait bravé
l'autorité. Des scènes indescriptibles de violences et de
destructions d'édifices publics avaient eu lieu à travers tout le
pays. L'on entendait les populations scander le slogan : « Yé
mouna, Tè mouna » c'est- à - dire « pas d'eau, pas de
courant ». A Conakry et dans plusieurs villes de l'intérieur du
pays, l'on assiste, lors de la grande marche du 22 janvier 2007, a une
répression dont le bilan s'établit à plusieurs dizaines de
victimes par balles.
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v' Conflits entre usagers ruraux : ces
conflits sont souvent notés autour des points d'eau, de la gestion des
sources des cours d'eau et des pompes à motricité humaine. La
gestion des installations est souvent à la base de ces conflits.
III-3 Conflits transfrontaliers : même
si la Guinée est membre de plusieurs organismes de bassin ayant la
charge de la gestion transfrontalière des ressources en eau
partagées, des inquiétudes demeurent sur la durée de vie
de ces organismes. En effet, ces institutions sont confrontées à
plusieurs problèmes d'ordre organisationnel. On peut citer entre autres
le retard ou parfois le non paiement des cotisations par certains Etats,
l'instabilité politique, le manque de financement extérieur
dû à la crise économique mondiale. La corruption et la mal
gouvernance dans certains Etats membres constituent aussi des facteurs de
blocages pour certains projets sous- régionaux. La situation politique
difficile que la Guinée traverse depuis 2003 contribue au ralentissement
de plusieurs projets de grande envergure. Les risques de conflits peuvent
être récurrents surtout avec les constructions futures de barrages
en amont par la Guinée. Si les débits sont
considérablement entamés, des conflits peuvent éclater
entre les Etats. Le défi majeur réside dans la construction et le
partage des bénéfices des barrages quand on sait que la
Guinée, abritant leurs sites, payera le plus lourd tribu à cause
de leurs impacts considérables sur l'environnement.
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