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Les relations inter- coréennes de 1910 à  2009

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par Kossi AHOSSEY
Université de Lomé Togo -  Maitrise ès lettres option histoire contemporaine 2011
  

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III. L'influence des Grandes Puissances Étrangères en Corée entre 1991-2009

La grande catastrophe géopolitique du XXe siècle selon le Président russe, Vladimir Poutine, reste la disparition brutale d'un des deux acteurs principaux des Relations Internationales de l'après 1945 (Gazano 2003 : 38). En effet, l'URSS disparut définitivement en décembre 1991 suite à plusieurs crises qui furent d'ordre idéologiques, politiques, économiques, technologiques et militaires (Sur 2006 : 126-128). Avec cet effondrement de l'URSS et du camp socialiste, la notion de superpuissance ne s'employa que pour désigner les Etats-Unis d'Amérique. Aussi, la question de la bipolarisation qui régna sur le monde et emprisonna les relations internationales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, dont la manifestation fut inéluctablement la Guerre froide, fit place à la monopolarisation2. Les Etats-Unis, désormais faute d'adversaire idéologique, devinrent une hyperpuissance.

1- Dans sa tentative de remise aux pas du PCUS, Mikhaïl Gorbatchev secrétaire général du Parti Communiste de l'Union soviétique s'adressa aux peuples de l'Union à travers des discours et articles. C'est dans ces circonstances que ce discours, dont nous présentons l'extrait fut prononcé.

2-Gazano (2003) nous rappelle qu'au monde bipolaire qui prévalait jusqu'en 1991 a succédé un monde mono polaire arrivé aujourd'hui à son terme. Un monde multipolaire, encore en gestation est en passe de le remplacer. Le mythe de l'hyper puissance américaine a vécu. La puissance des Etats-Unis, si elle reste seule à pouvoir prétendre à la globalité, se trouve de plus en plus contestée par des Etats en rupture de ban et aussi par la mondialisation.

Cette disparition de l'affrontement Est-Ouest fit des Etats-Unis le désormais gendarme de la planète, le leader incontesté et incontestable. Ils furent présents partout au monde, arguant lutter contre la menace de la paix et utilisèrent le Conseil de Sécurité pour assouvir à leur besoin en sanctionnant aussi bien économiquement, diplomatiquement que politiquement les pays dits «Etats voyous» qui menacent la paix dans n'importe quelle zone du monde.

Dans la Péninsule coréenne, cette donne fit penser à de nouvelles perspectives. En effet, le principal soutient à la RPDC aussi bien sur le plan économique, politique que idéologique venait de disparaître et l'on crut à l'effondrement du régime communiste nordcoréen. Bon nombre d'analystes anglo-saxons développèrent la thèse de cet effondrement mais ils durent déchanter rapidement car, contrairement en Allemagne1, la chute de l'union soviétique et le déclin du communisme en Europe, en Asie du Sud-est et en une certaine façon en Chine, n'eurent pas d'effet sur le maintien à Pyongyang d'un Coréo-stalinisme exacerbé, fondé sur le principe de « Juche » et le dogme de « L'armée en première ».

La perte de son principale mentor, l'ouverture de la Chine au libéralisme économique; se rapprochant ainsi des USA et des pays occidentaux, le renforcement de l'armée US à partir de 1991 dans la Péninsule obligèrent les nord-coréens à rester fermés, n'ayant que pour priorité l'autodéfense et la survie du Kimilsungisme. Cet objectif conduisit les autorités à investir énormément dans la défense de leur territoire, puisque s'estimant à la porté des missiles américains. Kim Il-sung déclara à ce propos : «Tout Etat, s'il est indépendant et souverain à certainement sa propre armée [...] De plus, le peuple coréen doit organiser luimême son armée et promouvoir ainsi l'édification d'une patrie démocratique, réunifiée et indépendante[...], notre armée populaire combattra jusqu'à la dernière goutte de son sang pour écraser cet ennemi et défendre jusqu'au bout la patrie et le peuple[...]ne peut abandonner son sort entre les mains des impérialistes américains de leur valetaille[...]»2.

Ainsi, abandonnée par ses deux principaux soutiens3 au début des années 90, la Corée du Nord s'investit dans l'armement lourd. Cette période vit Pyongyang développer l'armement nucléaire et s'enlisa dans les crises nucléaires contre lesquelles, les USA, gendarme du monde luttèrent efficacement.

1-Tout comme la Corée, l'Allemagne fut divisée en deux zones d'occupations militaires. Il y fut crée deux Républiques : RFA et RDA depuis 1949. Mais les manifestations de la chute de l'URSS et du bloc communiste débutèrent précisément en Allemagne avec la chute du Mur de Berlin (construit en 1962), la réunification des deux Républiques et la disparition du communisme européen (Duroselle 2004).

2-Cette fraction de texte que nous présentons ici pour mieux juger de l'importance que le régime du Nord accord à l'armée est un extrait de discours prononcé par Kim Il-sung lors d'une revue de l'armée populaire le 8 février 1948 à l'occasion de la fondation de l'armée populaire de Corée (Kim 1971 : 209 - 219).

3-La chine qui demeure son seul partenaire s'ouvrit au capitalisme et se rapprocha d'avantage de la Corée du Sud l'adversaire n° 1 du Régime du Nord.

Redoutant donc le risque d'une prolifération nucléaire dans la zone, les américains renforcèrent leur présence militaire à Séoul et dans la zone démilitarisée. C'est ce que nous illustrons à travers la carte qui suit où les Etats-Unis multiplièrent leurs bases militaires aussi bien marines, terrestres que aériennes dans le pacifique; ce qui suscita la réaction de Pyongyang. On peut y observer la présence de son Armée de terre « Army »autour de la zone démilitarisée, son armée de l'air « Air force » autour de Séoul et sa Base marine « Navy » au sud de la Corée du sud.

Carte n° 7 : Le dispositif militaire des Etats-Unis en Asie orientale

Source: www.centretransatlantique.fr/Août/ 2007.

Ce recours au développement de l'armement nucléaire cristallisa les relations entre les USA et la Corée du Nord, celle-ci qui n'avait qu'un seul objectif : pérenniser le Coréostalinisme. Dès lors, les USA pratiquèrent la politique de pression et de compromis envers la Corée du Nord. Ainsi obligèrent-ils les nord-coréens en 1991 à la déclaration pour une Péninsule coréenne sans nucléaire avec un accord entre les deux gouvernements de Corée1. S'en survit en 1992 d'un accord conclu avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) avec lancement d'une enquête par celle-ci sur le nucléaire nord-coréen. Cet accord, à cause de son échec; dû à la réticence de Pyongyang, conduisit les américains à des manoeuvres militaires jointes des Armées US et sud-coréennes sous le nom de Team Spirit2. Elles eurent lieu en automne 1992.

La Corée du Nord protesta contre ces manoeuvres et pour matérialiser sa désapprobation, elle se retira du Traité de non prolifération. Ce retrait aggrava la situation, alors la Péninsule vécut sous un cycle permanent : chantage nucléaire nord-coréen puis

1-Pour plus d'information consulter www.mondediplomatique.fr. 2-Sang Yaoul Sohn, in www.mondediplomatique.fr.

manoeuvre militaire USA Corée du Sud. Ainsi la Corée connut beaucoup de ces tensions dues à la présence militaire américaine sur son sol et à ses alentours. Présence d'ailleurs que les sud-coréens durent pour toujours prendre en charge. En effet, la présence américaine dans la péninsule n'est pas gratuite. Le commandant des forces armées américains Burwell Bella insista sur un déplacement de ses troupes car selon lui, Séoul ne financerait pas assez leur présence militaire. Le coup de la subvention fut estimé en 2007 à près de 7469 centaines de millions de Won (560 millions d'euros)1.

L'illustration qui suit fait un récapitulatif de ce que fut le coup de l'entretien des forces US stationnées en Corée et le pourcentage de la participation américaine de 1991 à 2007. Elle prouve malgré tout l'important effort déployé par les coréens pour prendre en charge les troupes de la coalition. De toutes les époques, leur taux de participation fut toujours supérieur à celui américain. En 2007, elle était de 41%. Les sud-coréens s'occupèrent des 59% restants, ce qui justifie le mécontentement de la population.

Malgré le mécontentement des coréens du sud, cette subvention ne changera pratiquement pas; elle fut estimée à 560 millions d'euros car la menace nord-coréenne ne fut pas sous-estimée par les américaine. Ainsi donc la lutte pour endiguer l'expansion du communisme se mua à la lutte contre la prolifération nucléaire dans la région, entretenue par le régime de Pyongyang. Ce dernier utilise toujours le chantage nucléaire pour sortir de l'isolationnisme diplomatique et économique qui lui fut imposé par la communauté internationale dominé de main de maître par les USA.

Les américains exploitèrent leurs accords de mutuelle défense et surtout, leur présence militaire en Corée du Sud pour réagir lorsque le régime communiste du nord menace sa soeur d'une Guerre de destruction massive. Ils parviennent à signer un accord dit de structurel: Accord de Genève2 en 1994 avec les nord-coréens mais qui fut sans issue. Au contraire Pyongyang pris des mesures fortes face aux USA de par les menaces à sa sécurité qui alla

1-D'après le www.agoravox.fr/actualité/int : l'auteur fait remarquer que les relations militaires américaines et Sud-coréennes ont toujours été très fortes. Mais que ces derniers temps elles sont quelques peu hésitantes. Selon lui la population coréenne est désormais divisée sur cette présence américaine. Ils se méfient de l'impérialisme américain. Pour eux, la défense autonome sud-coréenne leur coûterait moins que les frais à louer à la présence militaire américaine. D'ailleurs le Ministre sud-coréen de la défense Kim Jang-Soo s'opposa à la déclaration de Burwell Bella, lui jugeant peut concevable dans la mesure où le plan des différents déploiements fut réalisé de commun accord entre les deux pays.

2-Source : www.mondediplomatique.fr. Cet accord comporta trois points essentiels:

- La Corée du Nord gelait son activité nucléaire.

-Les deux parties travailleraient à l'entière régularisation de leurs relations.

-Les Etats-Unis devait apporter deux réacteurs hydrauliques légers à la Corée du Nord pour résoudre les problèmes de production électrique. Selon Sang Youl Sohn cet accord échoua puisque dit-il les USA ont violé leurs engagements. La construction des réacteurs a volontairement été retardée, ce qui devait normalement finir en 2003. La promesse de normalisation des relations n'a pas été tenue selon l'auteur.

grandissante tout en ayant en esprit que cette approche est aussi dangereuse puisqu'elle n'eut pas l'assurance d'un soutient total chinois en cas de déferlement.

Figure n° 1 : Évolution de la prise en charge de l'armée US en %

Source: www.agoravox.fr.

Notons que l'administration américaine changea d'attitude simplement parce qu'après le 11 septembre 2001 (Sur 2006), Georges Bush a renforcé sa position sur la Corée du Nord, le plaçant dans les pays de l'axe du mal et indiqua la possibilité d'une attaque préventive. Le Président américain évoqua d'ailleurs ouvertement un changement de régime en Corée du Nord. Par dessus tout ceci, ce fut sans surprise que la Maison blanche mentionna la responsabilité nord-coréenne dans l'échec des accords de Genève. Sur ce point le Comité des Juristes de la RPDC accusa les USA d'être responsable du problème nucléaire dans la Péninsule coréenne. Peur eux, l'administration Bush n'a pas respecté les accords conclus entre la RPDC et les Etats-Unis pour résoudre la question nucléaire en Corée. Ils rappelèrent que c'est une brèche dans le principe de la législation internationale qui exigea que les signataires d'un traité en respectent ces dispositions. A cet effet, Ils publièrent le 05-Mai-2003 une déclaration1. Pour ce comité de Juristes, la Corée du Nord en se retirant de ce traité de non prolifération assura son autodéfense.

1- Pour accéder à l'intégralité de cette déclaration du comité des Juristes de la Corée de Nord, il faut se reférer au http://www.amitiéfrancecorée.org/.

En effet, comme nous le rappelions précédemment, les Etats-Unis et la Corée du Nord sont juridiquement en état de belligérance faute d'un traité de paix qui devait mettre fin à la Guerre de 1950-0953 ; ce que réclame d'ailleurs depuis très longtemps le régime de Pyongyang. Ce traité mettrait fin aux relations belliqueuses et incertitude dans la Péninsule et à ses alentours. Mais les américains ne semblent pas disposés à signer ce traité1 qui mettrait fin automatiquement à leur présence dans la Péninsule. Le n° 389 de janvier-2010 du cilreco, bulletin mensuel d'information disponible sur le net, rappelle à cet effet que les Etats-Unis de Barak Obama ne semblent pas disposés à faire la paix avec la RPDC. Ils maintiennent les sanctions unilatérales contre l'économie de la RPDC. Ceux-ci, par la voix de leur porte parole Robert Gibbs, firent de la dénucléarisation un préalable à toute avancée dans la Péninsule. Ce même bulletin pour rafraîchir la mémoire de Robert Gibbs rappelle que ce sont l'embargo et les menaces américains à l'encontre de l'Etat-voyou nord-coréen qui ont suscité la mobilisation de Pyongyang vers l'arme nucléaire. Cependant, Washington pour le maintien d'une position d'hégémonie2 attend appliquer strictement le principe de non-prolifération nucléaire.

Les USA ne firent donc aucune concession quant à leur position3. Pour eux, la Corée du Nord doit abandonner son programme nucléaire en premier et puis ils s'en chargeront de sa sécurité. Par la suite, ils continuèrent d'exercer une pression militaire sur la Corée du Nord à travers des manoeuvres militaires. C'est ainsi que la brigade US stryker a effectué en Corée du Sud une opération dénommée O-plan 50304 pour améliorer sa vitesse de déploiement.

Ces manoeuvres, dans le but d'éprouver le pouvoir militaire nord-coréen, furent régulières et faisaient suite à de véritables tensions. Ainsi pouvons-nous citer celle dénommée team spirit5 (manoeuvres militaires jointes des armes US et Sud coréenne) suite à la tension née à l'automne 1992 de la problématique d'observation de l'A.I.E.A. Ce qui d'ailleurs fut la cause du retrait de Pyongyang du traité de non-prolifération6 conduisant au regain de tensions entre les deux États.

1-confer www.cilréco.com, mars 2010.

2-Benoît Quennedy, in www.parisforum21.org du 23/04/2009.

3-Source : www.mondediplomatique.fr. Les américains conviaient la Corée du Nord à une discussion à six: la Corée du Nord, la Chine, la Russie, le Japon, la Corée du Sud et les Etats-Unis. Ces discussions ouvrirent leurs portes à Beijing en août 2003. Ceux-ci semblèrent donc ouvrirent la porte des négociations et des compromis en direction de la Corée du Nord. Mais en réalité, selon Sang Youl, les Etats-Unis visèrent à travers ces discussions apporter assistance aux pays voisins et mettre la pression sur la Corée du Nord. Il y fut présentée une approche nouvelle et sincère du problème. Pourparler à six que les nord-coréens bouderont plus tard, ayant senti la menace américaine. Ces discussions n'ont jamais repris.

4-Source: www.lefusilbrisé.fr/novembre/2003.

5- Source: www.lefusilbrisé.fr/novembre/2003.

6-Confer nos précédentes pages.

Les USA utilisent le chantage nucléaire nord-coréen pour renforcer la militarisation en Asie du Nord-est. Ils renforcèrent du coup l'axe «Séoul-Washington-Tokyo». Séoul vit son budget militaire largement augmenté. Les rapports de la presse révélèrent que la Corée du Sud fut, au cours de cette période le second importateur d'armement au monde, certainement en provenance des USA et ses alliées. Cette volonté américaine de maintenir sa présence militaire en Corée se manifesta par la déclaration du contre-amiral Craig Quigley porte parole du Ministère de la défense : «Ce n'est pas le moment de réduire le niveau des forces présentes en Corée du Sud1 ».

En 2000, le pentagone dépensa 3 milliards de dollars pour le maintien des troupes US en Corée. Le Secrétaire à la défense William Cohen et son Prédécesseur William Perry déclarèrent voir les troupes américaines rester en Corée pour y maintenir la sécurité en Asie2. Ceci confirme ce que nous avons mentionné un peu plus haut quant on désire américain de maîtriser les forces de Pyongyang à partir de Séoul. Joe Biden, vice-président Américain ne démentit point quand il affirma « [...] Il s'agit pour nous de maintenir la pression sur la Corée du Nord, même si elle dit que c'est un acte de guerre [...] c'est une force de déstabilisation dans la région»3. Ainsi pour Washington, il s'agit de poursuivre l'application des sanctions même si cela rimerait avec un éventuel conflit militaire contre Pyongyang.

Les différentes administrations américaines qui se sont succédées sont donc restées fidèles à leur principe d'alliance avec la Corée du Sud qui demeure la clef de la stabilité dans la Péninsule coréenne (Kissinger 2003 : 142). Mais on note une évolution très radicale de la diplomatie sud-coréenne concernant les relations avec les États-Unis. En effet, s'estimant très proche des missiles nord-coréens, où un déferlement de Pyongyang leur ferait préjudice, les Sud-coréens invitèrent donc les USA à éviter la prise de décision contre Pyongyang sans leur accord. Les dirigeants sud-coréens pensèrent être entraînés dans une Guerre dont ils ne veulent pas. Ainsi suite à l'annonce publique de la doctrine de guerre préventive de Georges Bush4, un conseiller du Président Roh Moo5 Hyun informa Washington qu'une attaque contre la RPDC sans un accord sud-coréen aurait raison de l'alliance avec Séoul6.

1-http//:www.ptb.be/scripts: consulté le 01 avril 2010.

2-Information révélée par le journal américain Reuters du 11 avril 2000.

3-John Chan, in http//:www.wsws.org du 22 juin 2009 consulté le 27/décembre/2009à 14h 50.

4- Président Américain de 2000 à 2008.

5- Président Sud-coréen. Confer chapitre suivant.

6-Source : www.mondediplomatique.fr/archive.octobre2007/consulté le 24/03/2010. Pour l'auteur, conscient que Pyongyang pouvait détruire Séoul en quelques heures à l'aide de ses batteries d'artillerie encastrées dans les montagnes au Nord de la Capital Séoul, les autorités Sud-coréens cherchèrent à plusieurs reprises à obtenir de Washington l'assurance que la Corée du Nord ne serait pas attaqué sans qu'ils aient été consultés et sans leur accord.

Dans ces conditions, la doctrine Bush ne pouvait que créer consternation au sud de la Péninsule. Par sa doctrine, le Président américain, à travers ses omissions et ses actes, en créant bien sûr une situation dangereuse avec Pyongyang, bafoua les normes et les attentes de la relation historique avec Séoul.

Photo n°10 : Des manifestants sud-coréens

Source : http://www.lemondediplomatique.fr.

Des manifestants devant la base américaine de Yongsan, à Séoul, le 19 février 2010. Sur les pancartes, sont inscrits les slogans « Signez un traité de paix! » et « Non à la guerre, oui à la paix! » Ceci témoigna un certain mécontentement d'une frange de la population sudcoréenne quant à ce qui concerne la politique militaire américaine dans la péninsule.

Un antiaméricanisme prit donc corps en Corée du Sud et surtout dans la population jeune1. Barthélemy Courmont pour sa part se demanda s'il s'agit d'un anti-américanisme ou d'un pur nationalisme? Selon lui, les changements stratégiques de Washington furent très mal perçus pour les sud-coréens. Leur président déclara à ce propos: «Les États-Unis doivent prendre en considération la Corée du Sud lorsqu'ils formulent des politiques concernant la Corée du Nord, puisque le Sud serait la première victime d'un conflit entre eux et Pyongyang»2.

Cet antiaméricanisme de la Corée du Sud n'exprima guère un rejet profond de la puissance de la culture et des valeurs américaines mais plutôt un désire d'indépendance vis-à-

1- Source : www.mondediplomatique.fr/archive.octobre2007/consulté le 24/03/2010. Bruce Cummings révèle que depuis l'arivée de Georges Bush à la maison Blanche, 43% de population sondée en Corée du Sud exprime une opinion très défavorable aux Etats-Unis et seulement 22% des jeunes exprimèrent une opinion favorable. 2-Source : http// www.diploweb.com/geopolitique. Pour Barthélemy Courmont, les autorités Sud-coréens furent contre la politique de redéploiement des forces US en Corée du Sud. Le pentagone a confirmé le 7 juin 2004 un projet de retrait de quelques 12500 soldats américains en Corée du Sud. Mais Séoul ne fut pas partante. Le conseiller à la sécurité Sud-coréen Kwon Chin-Ho déclara à ce propos « Le calendrier n'est rien qu'une suggestion des Etats-Unis et nous devons l'examiner et négocier» pour lui «Lors du processus d'examen, nous devons aussi discuter de près quels soldats américains doivent être retirés de Corée».Pour sa part, le Ministre de la défense Cho-Young-Kil qualifia le projet de simple suggestion.

vis de l'allié de plus de 50 ans dont l'absence serait source d'inquiétude vis-à-vis de la Corée du Nord. La photo qui suit est bien révélatrice et confirme nos propos.

Photo n°11: Barack Obama et son homologue Lee Myung-bak en conférence de presse

Source : http://www.amitiefrancecorée.org.

Barack Obama en conférence de presse conjointement avec son homologue sud-coréen Lee Myung-bak, à Séoul le jeudi 19 novembre 2009 à l'issue de sa tournée asiatique. Il réitéra la position américaine sur le nucléaire nord-coréen. L'atmosphère que présentent ici les deux dirigeants n'exprime en rien la discorde dans leur relation. Au contraire la complicité qu'ils affichent ici révèle assez bien que la Corée du Sud a besoin du soutient américain de même, les américains ne pourront s'en passer de leur présence en Corée du Sud. La Corée du Nord at-elle quant à elle conservée les relations avec ses traditionnelles alliées?

Les années 90 virent une nouvelle orientation dans les Relation Internationale: la disparition du bloc soviétique suite à l'éclatement de l'URSS et l'affaiblissement de la Russie. La Corée du Nord a ainsi perdu le soutien historique de la Russie.

La Chine son second soutien, au cours des années 90 s'ouvrit au capitalisme1. Elle noua des relations avec Séoul et Tokyo et se rapprocha de la Superpuissance américaine. Mais contrairement à la politique de Washington faite de pression et de sanction, Pékin prôna la négociation à l'égard de Pyongyang. Les désaccords intervenus entre les deux ne furent pas pour entraîner la Corée du Nord dans une guerre contre l'Occident. Pékin soutient le maintient du statu quo dans la Péninsule2 . La Chine commença à avoir assez de son «petit

1-Source : www.bricandco.com du 4 juin 2009. Les changements survenus en Chine, notamment la transition économique, ainsi que la reprise des relations diplomatiques entre Pékin et Séoul ont quelque peu altéré la nature des relations sino-nord-coréennes. Il relate que les dirigeants chinois sont devenus plus exigeants et les dons en provenance du grand frère du nord firent place au troc ou à des relations commerciales.

2-Source : www.agoravox.fr/actur consulté le 31/Mars/2010. La Chine ne supportera point un éventuel effondrement du régime du frère Kim Jong-Il et la fuite de nombreux Nord-coréen vers leur territoire.

frère» empêchant du coup Kim Jong-Il à aller au bout de ses menaces contre l'Occident1. Le Gouvernement de Pékin fit tout pour contraindre son voisin à la table de négociation avec l'Occident. On se rappelle des discussions à six même si elles n'aboutirent à grande chose.

A la suite du 1er essai nucléaire nord-coréen, la Chine accepta également de sanctionner toutes les transactions financières «susceptibles de contribuer au développement des armes de destruction massive» et d'interdire toute aide financière à la Corée, sauf à des fins humanitaires et d'assistance pour mettre fin à ses programmes nucléaires2. Elle montra aussi son opposition à l'arme nucléaire de Pyongyang3. Mais cette situation peut-elle conduire à une désolidarisation de Pékin à l'égard de la Corée du Nord? La photo suivante illustre mieux nos propos.

Photo n°12 : Les dirigeants nord-coréens et chinois en travaux à Pyongyang

Source : www.aujourdhuilacorée.com du 26/06/2009.

A l'occasion du 60eme anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et la République populaire démocratique de Corée, le 6 octobre 1949, le Premier ministre chinois Wen Jiabao, à la tète d'une forte délégation, a effectué une visite en RPDC du 4 au 6 octobre 2009. Cette table de concertation a été l'occasion de réaffirmer la solidarité entre la République populaire de Chine (RPC) et la RPDC, forgée notamment pendant la Guerre de Corée (1950-1953). Elle montre la chaleureuse relation qu'entretiennent les deux entités de la région.

1-Source : www.agoravox.fr/ actualité internationale. Pour l'auteur un haussement de ton de la part de la Chine serait un frein aux ambitions de Kim Jong-Il.

2-Source : wwww.wsws.org du 22 juin 2009. Pour John Chan, la Chine redouta que les actions de Pyongyang ne fournissent un prétexte au Japon et à la Corée du Sud pour renforcer leurs armées y compris l'acquisition nucléaire qui menacerait aussi bien Pyongyang que Beijing. C'est pourquoi Pékin opta pour la négociation. Ainsi Qin Gang, porte parole du Ministre des affaires étrangères invita toutes les partis au dialogue, un retour des six à la table des négociations sembla obligatoire pour lui, même si Pyongyang y s'opposa.

3-Source : www.parisforum21-org du 25/Avril/2009.

La Chine ne cessa jamais de soutenir diplomatiquement la Corée du Nord dans la mesure où elle assure la sanctuarisation du territoire chinois1. Ce soutien de Pékin atteint son point culminant en 2003 lorsque le Président Hu Jin Tao proposa des pourparlers à six sur le nucléaire Nord-coréen à Pyongyang.

Notons aussi la rencontre intervenue entre les ministres Liang Guanglie et Kim Yong Chun pour échanger des points de vue sur les relations bilatérales et les relations entre les forces armées des deux pays. M. Liang déclara à cette occasion: «l'amitié traditionnelle entre la Chine et la RPDC a cautionné à se développer depuis l'établissement des relations diplomatiques bilatérales il y a 60 ans, en dépit des changements de la situation internationale». Il ajouta que «les relations entre les deux armées constituent une partie importante des relations bilatérales, et le côté chinois est prêt à forger des liens plus étroits avec la RPDC en matière d'échanges et de coopération entre les forces armées des deux pays, en vue de pousser en avant les relations bilatérales de bon voisinage et de coopération amicale dans la nouvelle situation». Kim Yong Chun, pour sa part souligna que «Les amicales relations de coopération RPDC-Chine, établies par l'ancienne génération des dirigeants des deux pays ont été consolidées et développées dans la nouvelle ère. La RPDC travaillera avec la Chine pour améliorer les relations entre les deux pays et les deux forces armées»2.

De ces déclarations, l'on peut déduire une très chaleureuse relation entre les deux pays. Mais si on s'en tient aux situations précédentes où la Chine fut condamnée à sanctionner son «petit frère» on peut émettre des doutes. En effet, pour la Chine, la Corée du Nord est un pion stratégique dont elle n'a pas l'intention de se départir. La Chine n'a pas intérêt à mettre en péril une relation économique mutuellement rentable.3 Par ailleurs l'allégeance nordcoréenne à la Chine offre à celle-ci un rempart contre la domination militaire des États-Unis et la concurrence économique japonaise, étant donné que la Chine prétend jouer le rôle de grande Puissance régionale voir mondiale en concurrençant les États-Unis d'Amérique. La photo qui suit confirme les bonnes relations entre la Chine et la RDPC.

1-Source : www.bricandco.com du 4 juin 2009. La Chine et la Corée du Nord sont séparées par les fleuves Tumen et Yalou. Il s'agit donc d'une position stratégique essentielle.

2-Les deux déclarations furent rapportées par l'agence de presse nord-coréenne Xinhna le 25-Novembre-2009 disponible sur le www.news.cn.org.

3- Source : www.perspectivesgespolitiques.com/orient du 4 février 2010. L'auteur de l'article révèle que le commerce bilatéral de la Chine avec la RPDC se solda à 2,8 milliards de dollars en 2008 soit une augmentation d'environ 40% par rapport à 2007. Les exportations chinoises au pays de Kim Il-sung s'élève et la Chine en outre obtient la gestion de plusieurs installations portuaires Nord-coréenne, ce qui procure un avantage commercial.

Photo n°13 : Kim Jong-il recevant une délégation du PCC

Source: http://www.amitiefrancecoree.org/ février 2010.

Le 23 janvier 2009, le dirigeant Kim Jong-il (à droite), secrétaire général du Parti du travail de Corée, a reçu une délégation du Parti communiste chinois. Cette visite, qui s'inscrit dans le cadre de l'année de l'amitié entre la Chine et la République populaire démocratique de Corée, permet de resserrer encore les liens étroits qui unissent les deux pays socialistes. L'atmosphère que présentent ici ces dirigeants est révélatrice de la bonne relation qui leur lie.

Selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA, la délégation du Comité central (CC) du Parti communiste chinois (PCC) conduite par M. Wang Jiarui, chef du département aux relations internationales reçue par le dirigeant Kim Jong-il, secrétaire général du Parti du travail de Corée, était porteur d'un message du président Hu Jintao, secrétaire général du CC du PCC, à l'occasion du nouvel an lunaire, le 26 janvier, et de l'année de l'amitié entre la République populaire démocratique de Corée et la République populaire de Chine. De fait, les deux pays socialistes nourrissent des liens d'amitié et de coopération de longue date, depuis l'intervention des volontaires chinois, dont le fils du président Mao Zédong, mourut au combat aux côtés des Nord-coréens pendant la guerre de Corée (1950-1953). Les 2 millions de Coréens (ayant fuit la colonisation japonaise) de Chine ont joué un rôle actif dans la victoire sur le Kouo-Min-Tang puis la fondation de la République populaire de Chine, en 1949, et leur représentation au 17ème Congrès du PCC1 en octobre 2007, témoigne toujours de la reconnaissance de ce rôle historique. La Chine est donc un acteur très important pour la

1-confer http://aafc-bourgogne.over-blog.org/article-26143806. novembre 2010.

Corée du Nord et ceci du point de vue historique1. Malgré les orientations diamétralement opposées ces derniers temps, la Corée du Nord considère toujours la Chine comme le grand frère2. La Chine de son côté utilise le petit frère comme un pion pour justifier sa prépondérance dans la région et le statut futur qu'elle prétend jouer dans le monde.

Au sortir de la Guerre de Corée dite de Guerre fratricide, naquit un statu quo qui ne permit aucune évolution de la situation dans la Péninsule. Ni Kim Il-sung, soutenu par le bloc de l'Est ni Syngman Rhee en complicité avec le camp occidental, parrainé par les USA ne parvinrent à établir la réunification armée de la Corée. L'armistice de juillet 1953 consacra définitivement la situation de partition. Les deux Corée évoluèrent désormais dans le contexte de la Guerre froide où les deux superpuissances renforcèrent leurs positions et soutiens aux deux États. La Péninsule vécut cette rivalité idéologique, militaire et économique jusqu'au moment où un camp fit volte face. En effet, les années 90 virent finir la Guerre froide par faute d'un camp. Les difficultés de l'URSS conduisirent à l'explosion du Camp soviétique.

Les États-Unis, devenus hyperpuissants, renforcèrent leur présence et leur action en Corée du Sud. De même, leur soutien à celle-ci fut plus fréquent. Même si ces dernières années on assiste à un certain antiaméricanisme, ce ne fut pas dans le cadre de contester la puissance, la culture américaine par les sud-coréens, mais il s'agit d'un désire de plus d'indépendance et d'autorité. La Corée du Sud a d'avantage peur de la menace de sa soeur du Nord et réclame à l'Amérique une conduite bien négociée et discutée. La Corée du Nord, elle autre conscient de la disparition de son mentor l'URSS, s'isola totalement et s'investit dans l'enrichissement nucléaire, seul élément pouvant lui permettre de résister face à la menace militaire américaine. La Chine, son second soutien (même si elle s'ouvrit au libéralisme se rapprochant du coup de la Corée du Sud et des États-Unis) ne compte guère abandonner le petit frère dont elle se sert pour s'imposer sur l'échiquier international, vu ses ambitions de puissance régionale et surtout mondiale.

Les Américains, malgré leur volonté de réorganisation de l'armée US en Corée ne comptent guère lâchée leur alliée puisque cette présence militaire permet de maintenir leur

1-Source : www.AgoraVox.fr/ perspectives géopolitique.

2- Source: www.pékinreview.com/ 25 novembre 2009. Après la guerre de Corée, le Premier ministre chinois Zhou Enlai, en visite à Pyongyang du 14 au 21 février 1958, a déclaré que "la Corée et la Chine sont des Etats amis unis par le sang. Vous nous avez aidés quand nous avons eu besoin de vous. Nous sommes venus vous secourir quand vous avez été envahis par les impérialistes américains"). Lors de ses visites en Chine en 1958, le président Kim Il-sung déclara que "le peuple coréen conservera comme un trésor son amitié avec le peuple chinois et fera tout son possible pour renforcer et développer cette amitié".

hégémonie dans la Péninsule mais surtout de contrôler la Chine, la Russie et bien sûr la Corée du Nord. Cette présence étrangère en Corée eut des impacts sur l'évolution des relations des deux Etats frères. Ne devait-on pas en élucider?

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand