2- La formation au genre
Les entretiens effectués pour cette étude
montrent que les professionnel.le.s ne sont pas sensibilisé.e.s et ne
sont pas à l'aise avec la thématique du genre. Or, les formations
qui leur ont été proposées jusque là - lorsque des
formations leur ont effectivement été proposées - ne leur
permettent pas d'améliorer leur compréhension du monde
genré. En effet, ces formations, et notamment la formation à
l'outil « Cet autre que moi », même si elles leur proposent
d'apporter le débat auprès des jeunes, supposent que certaines
notions, certaines représentations et certaines valeurs font consensus
auprès des professionnel.le.s et que le sexisme et l'homophobie ne font
pas partie du monde des adultes.
En ce sens, une formation cherchant à diminuer les
comportements sexistes et homophobes passerait d'abord et avant tout par la
sensibilisation des adultes qui travaillent auprès des jeunes. Elle
comporterait deux phases, deux points essentiels afin que les
professionnel.le.s s'interrogent sur les notions de socialisation genrée
et de reproduction des inégalités et qu'ils.elles apprennent des
méthodes, des outils qui leur permettraient de faire évoluer
leurs pratiques dans le sens d'une moins grande reproduction de cette
socialisation et de ces inégalités.
Une telle formation s'adresserait à l'ensemble de la
communauté éducative et aux professionnel.le.s du loisir. En
effet, « les représentations sexuées et genrées
traversent les élèves, comme les enseignants ou les responsables
pédagogiques. La résolution de difficultés ne peut
qu'être interactive, intégrant tous les acteurs du système
scolaire, institution totale
s'il en est. » (Welzer-Lang, 2010). Evidemment,
le même principe s'applique pour les centres sociaux et les maisons de
quartiers, tant leur organisation participe de cette reproduction.
En ce sens, une telle formation devrait s'adapter aux divers
enjeux et problématiques que peuvent rencontrer les professionnel.le.s
selon leur rôle, leur position, leur poste. En effet, même si les
réflexions théoriques à la base de la formation seraient
les mêmes, un.e directeur.e de centre de loisirs, un.e éducateur.e
spécialisé.e dans un quartier d'habitat social, un.e professeur.e
de français et un.e professeur.e d'EPS n'ont pas les mêmes besoins
d'apprentissages pratiques. Dans les loisirs, si les un.e.s devront se
concentrer sur la mise en place de la mixité et l'évitement d'une
organisation genrée, les autres devront travailler sur les
représentations - les leurs, et celles des jeunes. A l'école, si
les un.e.s devront se questionner sur le contenu des lectures de
référence (Brugeilles, Cromer et Panissal, 2009), les autres
devront remettre en cause l'organisation sexuée des groupes de niveau
(Guérandel et Beyria, 2010). A ce titre, des études plus
poussées cherchant à adapter le contenu de la formation à
chaque situation seraient les bienvenues.
Dans une perspective à plus long terme, on peut
également espérer que les formations initiales que suivront les
différents futur.e.s professionnel.le.s de l'école et des loisirs
intègrent cette thématique afin qu'un véritable consensus
se crée au sein de la communauté éducative et de loisir
autour de la notion de genre et de la reproduction de la différenciation
inégalitaire. Cela impliquerait une véritable prise de conscience
au sein des institutions concernées.
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