Cette étude séro-épidémiologique
permet d'avoir une première idée sur la trichinellose dans la
région de Tlemcen.
Elle fournit la séroprévalence de cette
anthropozoonose ainsi que les facteurs de risque qui lui sont associés
pour la population générale des adultes et des enfants de la
région de Tlemcen.
Nous avons obtenu un taux de séroprévalence de la
trichinellose de 0,33 % et nous avons pu identifier quelques facteurs de risque
associés à cette anthropozoonose.
La consommation de gibiers, de viande chevaline ou autres
viandes inhabituelles (chameau, gazelle, renard, sanglier), sont
significativement associées à la séropositivité
pour Trichinella.
La population devrait être informée de l'existence
de la trichinellose et des mesures à prendre pour en prévenir la
transmission notamment :
· le lavage des mains avec de l'eau et du savon
après avoir manipulé des animaux, des cadavres d'animaux ou de la
viande crue ainsi qu'avant de toucher ou de manger des aliments.
· le port de gants imperméables (caoutchouc ou
latex) et de vêtements protecteurs (combinaison, bottes et lunettes) au
moment du nettoyage et de la préparation du gibier et des animaux
à fourrure.
· la non-consommation de la viande crue ou insuffisamment
cuite, et le
nettoyage de la planche à découper et tous les
ustensiles de cuisine.
Il en est de même pour le personnel médical
concernant les signes et symptômes de la trichinellose, de façon
à les rechercher, en particulier en présence de symptômes
compatibles et d'une fièvre élevée inexpliquée.
En effet, l'intensité de l'expression de la trichinellose
est variable, elle peut être asymptomatique, discrète, se
déclarant dans le cadre d'une toxi-infection alimentaire ou être
très grave voire mortelle.
Au delà de 1000 larves par gramme de muscle, le pronostic
est très sombre et la survie peu probable.
L'intensité des signes est aussi en rapport avec la
sensibilité individuelle de chaque patient.
Par conséquent, la trichinellose ne se manifeste
cliniquement que chez un petit nombre de sujets parasités ayant
ingérés un grand nombre de larves et de ce fait de nombreux cas
sporadiques passeraient inaperçus (Losson B., 1994).
Enfin, avec un peu plus de 5000 cas publiés en Europe,
la trichinellose est classée comme une maladie rare « Orpheline
» déclarée par une groupe appelé Rare Diseases Task
Force (RDTF), qui présente comme objectifs d'élaborer une
stratégie commune et de conseiller la direction de la santé
publique de la commission européenne (SG SANCO, Public Health and
Consumer Protection Directorate Genera et DG SANCO, Direction
générale santé et consommation) sur les maladies rares et
les médicaments orphelins, ceci afin de tenter de venir à bout
des difficultés liées aux maladies orphelines (Lamoril J., et
als, 2007) :
· l'errance diagnostique,
· l'absence d'information tant sur l'accès aux
médecins spécialistes des maladies rares que sur les maladies
rares elles-mêmes ;
· le manque de données scientifiques que ce soit
pour le diagnostic, pour la prévention ou le traitement ;
· l'inégalité d'accès aux
médicaments : certains nouveaux médicaments ne sont pas
accessibles à tous ;
· le manque de formation des médecins aux
maladies rares : outre l'ignorance de nombreux médecins sur l'existence
de maladies rares, d'autres difficultés peuvent apparaître.
Nous espérons que cette étude soit poursuivie par
un échantillon représentatif, de la population de Tlemcen, afin
de situer son importance.
Elle ouvre donc, des perspectives certaines, pour la
connaissance de cette parasitose.