INTRODUCTION
Les maladies épizootiques demeurent aujourd'hui encore
un des facteurs limitants du développement de l'élevage en
Afrique, car elles entraînent de lourdes pertes directe et indirecte dans
les cheptels nationaux; certains d'entre elles ayant de lourdes implications en
matière de santé publique [26]. Les coûts
directs dus à la mortalité du cheptel en Afrique subsaharienne
s'élèvent à environ 2 milliards USD par an, et les
coûts indirects (baisse du taux de croissance, de la fertilité, et
du travail pour les animaux de trait) représentent la même somme.
Cette perte annuelle totale de 4 milliards USD par an équivaut à
24% de la production animale en Afrique subsaharienne [11].
Dans ce contexte, les troupeaux africains, outils de production pour les
besoins nationaux et sources de devise à l'exportation, doivent
être protégés contre les maladies épizootiques.
On sait depuis longtemps que 60% des maladies humaines
infectieuses connues sont d'origine animale. De même, 75% des maladies
émergentes chez l'homme sont d'origine animale, et 80% des
pathogènes utilisables par le bioterrorisme sont également des
pathogènes issus de l'animal. Nous savons aussi qu'il est vital
d'alimenter régulièrement les populations avec les
protéines nobles issues du lait, des oeufs ou de la viande, dont la
carence constitue aussi un problème de santé publique
[30].
Face au dilemme crée, d'une part par le désir
d'augmenter les productions animales et de libéraliser le commerce, et
d'autre part la menace des maladies infectieuses, la communauté
internationale a cherché à assurer une prévention efficace
et un contrôle progressif des maladies des animaux, en particulier celles
à caractères transfrontaliers, comme la peste bovine, la
péripneumonie contagieuse bovine, la fièvre aphteuse, la grippe
aviaire et maintenant la grippe A/H1N1.
En effet, le 1er janvier 1995, est entré en vigueur
parallèlement à la création de l'Organisation Mondial du
Commerce (OMC), un accord ayant trait à l'application des
réglementations concernant l'innocuité des produits alimentaires,
ainsi que la protection de la santé des animaux et la
préservation des végétaux, dit accord sanitaires et
phytosanitaires « Accord SPS/OMC ». Ces (Accords SPS/OMC)
ont pour objectif d'établir, sur des critères scientifiques, des
principes qui assurent un commerce international transparent et sans risques.
Ces critères doivent être à la base des seules
barrières tarifaires en matière de mouvement d'animaux et
produits d'origine animale.
Les services vétérinaires (SV) sont au coeur de
la prévention, de la détection, du contrôle des maladies
animales, des maladies transmissibles de l'animal vertébré
à l'homme et de la sécurité sanitaire des denrées
d'origine animale ; leur rôle est essentiel dans tous les pays,
à la fois comme garant de la santé animale et de la santé
publique vétérinaire.
Les SV, pour être performants et pour constituer un
outil de développement, doivent disposer d'une vision et d'une
stratégie efficiente. Ces SV devront s'appuyer sur : la formation
des personnels, la mise en place d'un système de gestion de la
qualité, des dispositifs de réaction rapide en matière
d'épidémiovigilance, des outils techniques et scientifiques
solides, etc.
L'Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine
vétérinaires (EISMV) devenue Centre collaborateur de
l'Organisation Mondiale de la santé animale (OIE), compte mettre sur
pied un Master Santé Publique Vétérinaire
spécialité « vétérinaires
officiels ». Ce master comporte des enjeux tant sur le plan des Etats
comme sur le plan international. Cependant cette formation doit être
adaptée aux activités des vétérinaires officiels du
continent. C'est dans ce cadre que l'EISMV a entrepris une enquête au
niveau du Cameroun sur financement du Fond de Solidarité Prioritaire
(FSP) et au Sénégal pour faire l'état des lieux des
activités des vétérinaires officiels et l'identification
des ressources humaines.
Les résultats de cette étude doivent permettre
d'élaborer les référentiels de compétences à
prendre en compte dans la conception des modules et des enseignements du
Master « vétérinaire officiel ».
L'objectif général de cette étude est de
caractériser les postes et fonctions occupés par les
vétérinaires officiels (notamment en début de
carrière) au Cameroun et au Sénégal.
Plus spécifiquement il sera question de:
ü Identifier l'ensemble des structures publiques
employant des vétérinaires fonctionnaires;
ü Identifier les postes occupés par des
vétérinaires publics et les postes qui devraient l'être;
ü Elaborer la fiche descriptive de chaque type de poste
susceptible d'être occupé par les vétérinaires
officiels en début de carrière;
ü Comparer les référentiels
d'activités ainsi obtenus avec les référentiels existant
au niveau national (réglementation), régional (CEMAC, UEMOA),
international (OIE).
Ainsi pour apporter des réponses aux interrogations,
nous nous proposons d'articuler cette étude en deux parties :
ü La première partie sera consacrée
à une synthèse bibliographique sur les activités des
vétérinaires officiels, et un état des lieux sur les
référentiels d'activités (réglementation et lois)
au niveau national, régional et international.
ü La deuxième partie présentera les
résultats des enquêtes de terrain, qui seront discutés et
les recommandations.
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