I.B : Pourquoi le luxe doit-il aller sur internet ?
JB.F : Internet a aujourd'hui pris
le pas sur d'autres médias, même si cela reste encore marginal en
Belgique. Aux États-Unis par exemple, Internet est le premier
investissement en termes de média. C'est vraiment un
phénomène de société. Il est beaucoup plus facile
de communiquer et d'interagir avec son public avec internet que via la presse,
où tu n'as pas vraiment de retour... Les marques de luxe ont vraiment un
avantage comparé à d'autres car elles ont quelque chose à
raconter... Elles possèdent un véritable univers, elles font
rêver les gens. Chanel est un bon exemple, ils font des reportages sur
les petites mains, sur les artisans et ils ont un très bon retour sur
investissement grâce à ça.
Les marques de luxe ont tout intérêt à
aller sur internet, mais de manière intelligente et en restant
prudentes. Une fois sorti de leur propre site web, cela peut devenir «
vulgaire » pour l'image de marque, tu ne sais pas exactement qui va parler
de ton produit ou pire, ton produit peut se faire détruire en un rien de
temps. La force que possède internet, c'est aussi que les gens peuvent
transformer, améliorer ta communication ou même te proposer des
idées.
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http://www.lwsproduction.com/
Les maisons de Haute-Couture ne font pas de
bénéfices avec les ventes haute-couture ; au contraire, elles en
perdent. Elles font leur chiffre d'affaires grâce au prêt-
à-porter et surtout avec les accessoires, parfums et cosmétiques.
Voilà pourquoi on sait acheter tous ces produits dérivés
on-line et c'est une très belle vitrine pour la marque ! Ils ont
très bien compris que sur internet, les gens choisissent leur propre
communication, un spot télé, c'est bien car il faut continuer
à toucher la masse, mais dans cette masse, tu ne sais pas exactement qui
tu vises... Internet, c'est un peu une espèce de « Big Brother
»... On va te proposer un type de contenu parce que toi-même tu es
à la recherche d'un certain contenu...Par exemple sur YouTube, en
fonction des vidéos précédemment regardées, on va
te proposer des liens similaires... La communication est beaucoup plus
ciblée et rapide... Maintenant, leur plus gros travail est de garder
l'image « Premium ». Je pense que seuls ceux qui auront fait
très attention à leur image seront là encore dans les
dizaines d'années à venir.
Et puis il y a la génération des `natives' de
l'internet. Cette génération est née avec un câble
réseau en or dans la bouche, cette génération
connaît Internet depuis son plus jeune âge et perçoit
rapidement toutes les subtilités technologiques qui permettent
l'évolution du réseau. Cette génération frappe
à la porte de la consommation et je pense que même
énormément de séniors sont déjà dans cette
dynamique.
I.B : C'est vous qui allez démarcher les
marques de luxe pour des productions ou elles viennent vers vous
?
JB.F : C'est assez particulier, car en
Belgique les gens sont encore lents pour ce genre de chose.
A la base, quand on s'est lancé, on a
démarché chez tout le monde, il faut les « éduquer
» à la vidéo. Il y a des années, il était
impossible d'envisager la présence de Chanel ou Hermès sur
Internet... Maintenant, on ne peut pas passer à côté.
Lorsque l'on a travaillé pour Hermès, j'ai dû signer
d'énormes contrats avec plein de clauses de confidentialité...Ils
contrôlent leur image et c'est pour cela que j'aime bien cette maison. On
a produit pour Clinique et grâce à ça, d'autres marques
comme Estée Lauder ou Bobbi Brown nous ont approchés...
Leur communication repose sur deux axes : les grandes
campagnes internationales, oil il suffit d'adapter le discours dans la langue
du pays, et les campagnes « locales » avec
une ouverture de boutique par exemple, là ils feront
appel à nos services, car c'est viral, et peuvent créer un buzz.
Pour les marques de cosmétique de luxe, il y a tout le
phénomène des tutoriels Make-Up, on en a réalisé
pour Bobbi Brown et ça marche très bien. Je pense qu'à
partir du moment oil les gens ont goûté à la vidéo,
ils reviennent. Quand on parle de vidéo, les gens font encore trop
référence à la télévision, alors que pour
Internet, le format est différent et la manière de
réaliser est plus rapide.
L'Oréal, à l'époque, était
très flexible, j'ai connu les grandes époques oil il y avait le
sponsoring des soirées. Aujourd'hui, ils sont beaucoup plus
fermés à tout ça et c'est très dangereux.
Maintenant, il est très facile de devenir une marque
avec de bons produits, une bonne communication, ne pas avoir peur d'investir
sur Internet et une bonne communauté qui te suit... Les marques de luxe
doivent en tenir compte et s'en méfier.
I.B : Que penser du phénomène des
marques de luxe qui s'associent aux blogueurs mode ?
JB.F : Ils ont tout
intérêt à le faire et on bien raison de le faire !
Maintenant, il faut faire attention, ce phénomène me fait
sourire, car oil est la légitimité de tout ça à
long terme ?
Je respecte les blogueurs, mais ils doivent prendre conscience
que c'est un vrai travail. Tout ce phénomène est une grosse
nébuleuse et le temps fera sa sélection, seuls les plus
sérieux avec une vraie passion et les meilleurs resteront.
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