Le rôle de l'ONU dans la gestion de la crise post
électorale ivoirienne a été déterminant. D'abord,
l'organisation était en amont de cette crise par sa certification de
l'élection présidentielle du 28 novembre 2010. En effet,
c'était pour répondre aux exigences des différents
protagonistes
de la crise ivoirienne, que le Conseil de
sécurité, dans sa résolution 1765 du 16 juillet 2007, a
donné pouvoir au Représentant spécial su SG des NU en
Côte d'Ivoire pour certifier lesdites élections. Cette
résolution affirme clairement que « les résultats des
élections seront certifiés d'une façon explicite. Une fois
certifiés, le Certificateur n'admettra pas que les résultats
fassent l'objet de contestations non démocratiques ou de compromissions
». Mais malgré l'unanimité apparente des différentes
parties, la certification faite par le Représentant spécial du
Secrétaire général de l'ONU en Côte d'Ivoire
après la proclamation des résultats du second tour de la
présidentielle par la Commission Electorale Indépendante, sera
remise en cause par le camp Gbagbo qui a accusé l'ONU d'être
partiale. Et c'est le refus du président Laurent Gbagbo de
reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara qui sera à l'origine
de la crise postélectorale ivoirienne.
Pour la résorber, l'organisation internationale
utilisera la diplomatie dite du « ni ni », c'est-à-dire ni
indifférence, ni ingérence. En effet, conformément au
concept d'impartialité qui est l'un des principes doctrinaux de toute
opération onusienne de maintien de la paix, l'ONUCI13, dont
le mandat s'inscrit dans le cadre du chapitre VII des Nations
Unies14, a brillé de par sa passivité. Elle s'est
contentée de critiquer et de dénoncer les différentes
exactions et atteintes aux droits humains sans toutefois mener des actions
concrètes en vue d'y mettre un terme. Or, la résolution 1528 du
Conseil de sécurité dote cette mission de la capacité
d'«utiliser tous les moyens nécessaires pour s'acquitter de son
mandat dans la limite de ses capacités et dans les zones de
déploiements de ses unités ».
Néanmoins, avec l'embrasement de la situation et le
risque d'une guerre civile généralisée, le Conseil de
sécurité a dû voter une résolution
13 L'Opération des Nations Unies en Côte
d'Ivoire (ONUCI
14 Le chapitre VII de la Charte des
Nations Unies établit la gamme des actions à mener en cas de
menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression
plus explicite en vue de protéger les populations
civiles ivoiriennes. Il s'agit de la résolution 1975, une
résolution sous le signe de la protection des civils en
référence au principe de « la responsabilité de
protéger »15. Ainsi, en adoptant la résolution
1975 à l'unanimité, le Conseil de sécurité a
opté pour une intervention militaire afin de mettre fin aux souffrances
des populations civiles. C'est pour cela que le point 6 de ladite
résolution a « autorisé l'ONUCI, dans le cadre de
l'exécution impartiale de son mandat à utiliser tous les moyens
nécessaires pour s'acquitter de la tâche qui lui incombe de
protéger les civils menacés d'actes de violence physique
imminente, dans la limite de ses capacités et dans ses zones de
déploiement, y compris pour empêcher l'utilisation d'armes lourdes
contre la population civile ». Outre la protection des civils et la mise
hors d'Etat de nuire des armes lourdes des forces fidèles à
Laurent Gbagbo, la résolution 1975 exigeait clairement le retrait
immédiat de l'ancien président ivoirien. La mise en oeuvre de
cette résolution coïncide avec la grande offensive militaire
baptisée « Restaurer la paix et la démocratie en
Côte d'Ivoire », lancée le 28 mars 2011 par les Forces
républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), nouvelle armée
composée essentiellement des Forces nouvelles (ex-rebelles),
fidèles à Ouattara et dont l'objectif était de chasser
Laurent Gbagbo du pouvoir.
Le soutien militaire des forces onusiennes et de la Force
Licorne16 a été considérable et décisif
dans la bataille d'Abidjan. La destruction des armes lourdes des forces loyales
au président Gbagbo, stationnées au palais présidentiel,
à la résidence présidentielle, aux différents camps
militaires
15 Ce principe fut
développé dans le rapport de la Commission internationale
indépendante de l'intervention et de la souveraineté des Etats
(CIISE) avant d'être endossé par l'Assemblée
générale des Nations Unies lors du 60ème sommet mondial de
l'organisation en octobre 2005 sous le titre « Devoir de protéger
les populations contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage
ethnique et les crimes contre l'humanité ».
16 Conformément à la résolution
1528 du Conseil de sécurité, la force licorne constitue la force
de réaction rapide de l'ONUCI
dont Akouédo, Agban, la garde présidentielle et
plusieurs endroits stratégiques de la capitale économique les 4,
9 et 10 avril 2011 ont fini par affaiblir le camp Gbagbo. Les forces de l'ONUCI
et la force Licorne ont par ailleurs soutenu les FRCI dans l'assaut final du 11
avril dernier sur la résidence présidentielle et qui s'est
soldé par l'arrestation du président sortant, de son
épouse, de certains membres de sa famille et de plusieurs de ses
collaborateurs.
Ainsi, se présente l'action de l'ONU en Côte
d'Ivoire. En Libye, l'organisation n'était pas non plus absente dans la
gestion de la révolution ayant conduit à la chute du Guide
Mouammar El-Khadafi.