2.5.3 Ecologie et biologie de C. maculatus
La plante hôte la plus fréquente de C.
maculatus est V. unguiculata (L.) Walp. En Afrique, elle a
été obtenue des graines de Vigna rudiata (Phaseas aureus), de
Vigna subterrunea (Voandzeia), de Vigna angularis (Phaseolus angularis), de
Murotyloma geocarpum (Kerstingiella geocapm), de Cajanus Cajun et
méme d'une césalpiniacée (Cassia occidentalis)
(Sénégal) (Delobel et Tran, 1993).
Le cycle de développement de C. maculatus est
fonction de la température et de l'humidité relative du milieu.
Selon Delobel et Tran, 1997, les conditions optimales de développement
se situent à 30° C et 70% d'humidité relative.
L'étude de deux espèces de Callosobruchus
(rhodesianus et maculatus) révèle une
fécondité plus élevée sur C. macuLatus
avec une production importante d'oeufs à 30°C (Giga et Smith,
1987).
Les femelles sont réceptives dès
l'émergence. La fécondité varie entre 70 et 100 oeufs par
femelle. La ponte est déclenchée chez la femelle gravide par un
stimulus de nature chimique présent dans le tégument de la graine
(Delobel et Tran, 1993).
Les oeufs sont au départ translucides et fusés
préférentiellement sur une surface lisse, par une substance
gluante. A l'éclosion (5 à 10 jours après oviposition), la
larve néonate perfore le chorion de l'oeuf par la face inférieure
en contact avec la graine ou la gousse puis pénètre directement
dans le substrat nutritif et se caractérise par un point blanc sur la
graine (Decelle, 1981).
2.5.4 Dégâts et importance
économique
Les insectes de la famille des Bruchidæ constituent sans
aucun doute une des contraintes majeures au développement des cultures
de légumineuses à graines.
Des études réalisées dans plusieurs pays
d'Afrique Soudano- sahélienne (Niger, Burkina Faso,
Sénégal), montrent qu'au niveau des villages, la plupart des
récoltes de niébé sont détruites par les bruches
après quelques mois de stockage. L'ampleur des dégâts
occasionnés par C. maculatus est fonction du niveau
d'infestation initiale, de la durée et des techniques de stockage (Seck,
1992).
Au Brésil, la destruction de 5% de graines de
niébé par les bruches entraîne une perte de leur valeur
marchande de l'ordre de 50% (Bastos, 1973).
Le Nigeria représente le plus grand pays producteur de
niébé avec 900.000 t/an en Afrique de l'Ouest. Dans ce pays les
pertes dues aux bruches ont été estimées à 4,5% de
la production annuelle de niébé soit l'équivalent de plus
de 30 millions de dollars des Etats-Unis d'Amérique (Singh et
al., 1992) .
Au Niger, les pertes causées par les bruches ont
été estimées à plus de 30% de la production
annuelle de niébé, ce qui correspondrait
à 20 milliards de francs CFA soit plus du dixième de son budget
d'investissement (Alzouma, 1995).
Au Sénégal, 90% des graines peuvent être
endommagées après 6 mois de stockage (Seck, 1992). La bruche du
niébé cause non seulement une réduction directe du poids
sec, mais également une diminution de la viabilité des semences
et de la qualité des graines suite au développement de
moisissures qui les rendent impropres à la consommation.
L'effet combiné des différents dégâts
peut occasionner une perte totale des productions.
Lors de la récolte 80 à 90% des gousses
étaient infestés avec en moyenne de 10 oeufs de B.
atrolineatus et que 10 à 15% des gousses portaient en moyenne deux
oeufs de C. maculatus.
Par contre dans la région de Ouagadougou et Lomé
les taux d'infestation de C. maculatus est plus important. Une Bruche
peut consommer 5 à 10% d'une graine (Doumma, 1995). Dans le Nord du
Nigeria Raheza (1976) estime que les pertes imputables aux insectes
dépassent 70 et 90% et ces pertes ont lieu pendant la floraison et la
formation des gousses. Les graines attaquées portent des trous
d'émergences et des oeufs (Photo3).
En plus des pertes dues à la consommation des
réserves contenues dans les graines, les larves en modifient la
qualité. Ainsi les métabolismes des larves à
l'intérieur de cotylédons peuvent modifier la nature chimique
(Venkatrao et al. 1960).
Les larves utilisent les réserves du cotylédon
des graines malgré la présence des composés secondaires
à l'intérieur.
Tous ces dégâts se traduisent par une
détérioration de la qualité des graines en les rendant
impropres à la consommation humaine. D'après les estimations
Alzouma (1987) au Niger, 80 à 90% des graines sont
dégradées au bout de huit mois de stockage.
Ce taux varie de 14 à 37% après 4 mois de
stockages selon les estimations de Caswel (1961) au Nigeria.
Les bruches constituent donc un frein majeur à la
consommation et au développement de production du
niébé.
Photo 3: Graines de niébé
infestées par les bruches (source IITA, 2008)
|