1.5 Les objectifs du millénaire en R.D.Congo
La situation particulière du pays, qui sort de plusieurs
années de conflit et dont l'étendue du territoire est importante,
rend difficile la
collection de données statistiques. Les enquêtes
MICS pilotées par UNICEF69 avait décrit durant les
années de guerre une situation d'extrême pauvreté
insoutenable, avec plus de 80% de la population vivant avec moins d'un dollars
quotidien.
Depuis lors, plusieurs enquêtes ont été
réalisées en vue de rédiger le DSCRP final : des
enquêtes ont servi de base au diagnostic de la pauvreté
dépeint dans le premier chapitre du DSCRP final.
Les enquêtes rendent compte d'une perception de la
pauvreté qui varie selon les provinces:
L'insécurité arrive en tête des
symptômes dans les perceptions de la pauvreté qui varie selon les
provinces de l'Est, l'absence d'électricité, de nourritures
adéquates de moyens de transport préoccupant prioritairement les
populations des deux Kasaï, la faiblesse de la production agricole et le
manque de nourriture équilibrée arrivent entête dans le
Bandundu et l'Equateur, la faillite de la Gécamines est le principal
symptôme révèle dans le Katanga et le manque d'emplois
préoccupe en premier lieu les habitants de Kinshasa.
L'incidence de la pauvreté atteint toujours des
sommets. Le seuil de pauvreté a été estimé à
190758 francs congolais par personne et par an en zone urbaine et à
128270 francs en zone rural, ce qui correspond respectivement à 60 cents
par jour et par personne en zone urbaine et à
70
40 cents en zone rural, ce qui se situe donc largement sous la
barre des dollars quotidien revenu par les organismes internationaux et les
objectifs du millénaire comme seuil d'extrême pauvreté.
Or, avec ce seuil de pauvreté national, l'incidence de
la pauvreté atteint 71,34% dont 61,49% en milieu urbain et 75,72% en
milieu rural. Des disparités existent entre provinces: l'Equateur, le
Bandundu et Sud Kivu comptent près de c85% ou plus de pauvres, tandis
que Kinshasa
69 République Démocratique du Congo ,
Enquête nationale sur la situation des enfants et des femmes, MICS2/2001,
rapport d'analyse.
70 Calcul réalisé sur base de la
parité 1 USD=690fc
(42%) est la moins pauvre du pays. En outre, l'indice des
inégalités (GINI) est globalement très
élevé(42).
Tableau no11 : Population
sous le seuil de pauvreté par provinces en R.D.Congo
Province
|
Part de la population
|
Part de la pauvreté
|
Kinshasa
|
10,67%
|
41,60%
|
Bas - Congo
|
5,90%
|
69,81%
|
Bandundu
|
11,50%
|
89,08%
|
Equateur
|
10,43%
|
93,56%
|
Province orientale
|
12,07%
|
75,53%
|
Nord Kivu
|
7,98%
|
72,88%
|
Maniema
|
2,85%
|
58,52%
|
Sud Kivu
|
7%
|
84,65%
|
Katanga
|
15,54%
|
69,12%
|
Kasaï Oriental
|
8,49%
|
62,31%
|
Kasaï Occidental
|
7,58%
|
55,83%
|
Zone urbaines
|
30,76%
|
61,49%
|
Zone rurales
|
69,24%
|
75,72%
|
Moyenne nationale
|
100%
|
71,34%
|
Source : DSCRP (2006)
La pauvreté généralisée en milieu
rural s'explique par la faiblesse de la productivité agricole dont vit
la majorité de la population. Seuls 10% des terres agricoles sont dans
un état de détérioration avancée, seulement 17% de
la population rurale ont accès à l'eau potable et 1%
l'électricité.
La situation de pauvreté extrême en milieu rural
exacerbé le phénomène d'exode rural. De
phénomène bute cependant sur la situation de chômage
généralisé dans les villes. Cette conjonction a
entraîné le développement d'un nouveau type
d'activité : agriculture périurbaine. Environ 40.000 personnes
autour de Kinshasa et 15.000 personnes autour de Lubumbashi pratiquent aussi
des activités de maraîchage sur de petits lopins de terre.
Il en résulte de cette réalité
économique et sociale une insécurité alimentaire
croissante et généralisée, même si les
dernières statistiques disponibles en la matière ne permettent
pas de mesurer l'évolution de la malnutrition de puis la transition. Le
nombre de personne sous - alimentées est passé de 12,2 à37
millions entre 1990 - 92 et 2001 -2009, soit une proportion passée de
31) 72% de la population !71la disponibilité
énergétique alimentaire par personne a diminué, passant de
2170 à 1610 Kcal par personne et par jour. Quand l'insuffisance
pondérale chez les enfants de moins de cinq ans, elle n'a pas que
légèrement diminué, passant de 34 à 31% entre 1995
et 200172. La crise agricole ayant provoqué une crise du
monde rural, les indicateurs sont tout particulièrement dramatiques dans
ces zones: la mortalité infantile est environ 60% plus
élevée dans les campagnes que dans les villes, l'espérance
de vie de dix ans inférieure et la malnutrition de 35%
supérieure73.
En conclusion, comme l'indique le DSCRP lui-même,
l'atteinte des objectifs du millénaire d'ici 2015 est impossible pour la
République Démocratique du Congo et le défi à court
terme consiste avant tout à inverser les tendances négatives
enregistrées durant les années de pillages et de guerres.
Tableau no12 Evolution de la
malnutrition en RDC entre 1990 et
2009.
|
1990
|
2009
|
Nombre de personnes sous-alimentées(en millions)
|
12,2
|
37
|
Part de la population sous-alimentée(en %)
|
31
|
72
|
Disponibilité énergétique alimentaire (en
Kcal/pers./jour
|
2170
|
1610
|
Part des enfants de moins de 5 ans en insuffisance
pondérale (en %)
|
34
|
31
|
Source : FAO (2009) et MICS 2.
71 FAO, »l'état de
l'insécurité alimentaire dans le monde 2009. Eradiquer la faim
dans le monde, bilan 10 ans après le sommet mondial de l'alimentation
», 2009, p .33
72 Dernières données disponibles issues
du MICS2.
73 République Démocratique du Congo,
programme minimum de partenariat pour la transition et la relance(RMPTR) en
RDC, novembre 2004 , p.169
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