1.3 L'analyse conjointe du FMI et de la Banque Mondiale sur
la dette congolaise.
Comme le souligne la première phase de l'analyse
conjointe du FMI et de la Banque Mondiale sur la dette congolaise : « The
Democratic Republic of the Congo (DRC) Is in debts
distresse58». A la fin 2006, le service de la dette
extérieure sont (11,5 milliards de dollars) représentait
300% des exportations, 90% du PIB et 700% des revenus du
gouvernement. Plus de la moitié du stock de la dette Congolaise (plus de
6 milliards de dollars) est due aux Etats membres du club de paris et 4,6
milliards sont dus aux institutions multilatérales.
Le budget 2008 adopté le 03 janvier 2008
s'élève à 3,6 milliards de dollars, dont 36% proviennent
de l'aide extérieure, et le budget de 2010 s'élève
à 4,8 milliards de dollars, dont 41% proviennent de l'aide
extérieure, et le service de la dette représente 18,3% des
dépenses prévues.
Le montant de l'allégement prévu une fois
atteint le point d'achèvement de l'initiative PPTE, calculé au
« point de décision » de l'initiative en 2003,
s'élevait à 6,3 milliards de dollars. Une fois cet
allégement opéré, le stock de la dette devrait diminuer
à 16% du PIB, 48% exportations et 11,4% des revenus du gouvernement,
selon les projections de la Banque Mondiale et du Fonds monétaire
international. Mais ces projections de 11,4% par an entre 2008 et 2012, ce qui
incite l'analyse des deux institutions à conclure prudemment que «
même après avoir atteint la point d'achèvement de
l'initiative PPTE et avoir bénéficié de
l'allégement de dette des initiatives PPTE et IADM, la R.D.Congo
demeurent vulnérable aux chocs que peuvent provoquer une diminution des
exportations et de la croissance économique »59.
Tableau no10 : indicateurs de
la dette extérieure de la R.D.Congo avant allégement en 2006
indicateurs
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ratios
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Ratio stock dette/ PIB
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98%
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Ratio stock dette/ exportations
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309%
|
Ratio stock dette/ revenus
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742%
|
Ratio service dette/ exportations
|
30%
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Ratio service dette/ revenus hors dons
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73%
|
Source : FMI et Banque mondiale (2007).
59 IMF and IDA, idem
Le FMI a réalisé des projections jusqu'en 2024
pour évaluer la viabilité » de la dette extérieure
congolaise, c'est-à-dire la capacité du gouvernement à
assurer le service grâce à des revenus d'exportation
suffisants.
Ce cadre est critiqué, non seulement parce qu'il prend
en compte que des critères exclusivement macro économiques et non
sociaux, mais aussi parce que les projections qui les sous-tendent se sont par
le passé révélées surévaluées, que ce
soit en matière de croissance du PIB ou d'augmentation de l'aide et des
revenus d'exportations.
Selon la conférence des Nations Unis sur le commerce et
le développement (CNUCED) : «les biais de l'analyse de la
viabilité de l'endettement et en particulier, des hypothèses
constamment et excessivement optimistes quand à la croissance de
l'économie et des exportations signifient que les calculs des seuils de
viabilité de l'endettement basés sur les ratios dette/
exportations et dette/ revenu sont les indicateurs inadéquats de liens
entre pauvreté et endettement »60.
Quoi qu'il en soit, le FMI a estimé les dettes à
payer, les nouveaux prêts octroyés d'ici 2024.61
Dans le scénario retenu, la valeur nette
actualisée de la dette congolaise se stabilise en dessous de 70% pour
atteindre 67% en 2024, soit largement sous le plafond des 150% à ne pas
dépasser selon le cadra de « Viabilité » des
institutions financières internationales. Cependant, l'introduction des
légères variations suffit à laisser augurer un avenir
moins radieux. Ainsi, une simple augmentation de 2% des taux
d'intérêt sur les prochains emprunts aboutit à un ratio de
157% en 2024.
Plus grave, le scénario du choc sur les exportations
aboutit à un ratio d'environ 150% sur la période 2007 - 2009 et
celui de revenus ou aide moins élevés que prévus à
un ratio de plus de 200%.
60 CNUCED, le développement économique
en Afrique, « soutenabilité de la dette : oasis ou mirage? »,
Nations Unies, 2004
61 « DRC: Debt sutainabily analysis », in IMP, Op.cit,
October 2005 ; PP.96-100.
L'analyse du FMI conclut sombrement que « diverses
simulations suggèrent que la dette pourrait augmenter sensiblement en
présence d'un choc externe.
La République Démocratique du Congo semble
particulièrement vulnérable à un choc sur les exportations
et à l'apparition simultanée de plus petits chocs. (...) en
conclusion, les résultats de l'analyse suggère que si la dette de
la R.D.Congo semble être sous contrôle, les risques subsistent
»62.
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