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Rapport de stage sur l'enseignement/apprentissage du FLE à  l'école Al-Nahdha d'Abu Dhabi

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par Fatima Zohra Aliouat
Paris Sorbonne-Abu Dhabi - Master 2 français langue appliquée (aire culturelle arabophone) 2011
  

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1.3- La théorie du « moniteur » de Krashen :

Les deux théories que l'on vient de présenter concernent les relations entre acquisition et apprentissage de la langue maternelle et acquisition et apprentissage de la langue étrangère. La théorie du contrôle (monitor-theory) de Krashen, qui est la théorie globale la plus discutée ces dernières années, s'occupe essentiellement des relations entre acquisition spontanée et acquisition guidée ; elle peut être résumée comme suit :

Les adultes disposent de deux façons principales d'acquérir une langue étrangère, l'acquisition non consciente et l'apprentissage conscient ; c'est la première qui est de loin la plus importante. «L'acquisition linguistique» mène à une communication axée sur le sens et répondant aux besoins du locuteur dans la

langue à apprendre. Dans les interactions auxquelles ils prennent part, les apprenants ne sont pas attentifs à la forme des énoncés qu'ils produisent, mais à comprendre et à être compris. Les règles qu'ils utilisent pour y parvenir leur restent inconscientes. Cette «acquisition linguistique» mène souvent à des ordres d'acquisition identiques pour tous les apprenants. «L'apprentissage linguistique» au contraire est l'intégration de règles formulées explicitement; et l'autocontrôle conscient joue là un rôle important. On ne trouve pas d'ordre acquisition invariant; même si on fournit à l'apprenant une progression d'enseignement précise.

1.4- La théorie de « la néoténie linguistique » de S. Bajriæ :

S. Bajriæ postule, Dans son ouvrage « Linguistique, Cognition et Didactique » que l'analyse linguistique liée aux structures cognitives est à la base de l'enseignement des langues et que c'est cette analyse qui garantit une correspondance entre la production linguistique et les facultés cognitives du sujet parlant-pensant.

Dans le même ouvrage S. Bajriæ propose une nouvelle terminologie dans le domaine de la linguistique-didactique. S'inspirant de la théorie Guillaumienne du Psychomécanique du langage, Bajriæ distingue dans un contact interlinguistique la langue in fieri et la langue in esse. Pour lui, la langue in fieri est « toute langue naturelle dans laquelle le locuteur peut communiquer, à des degrés variables, mais dont il ne possède pas un sentiment linguistique développé. >24 La langue in esse, d'autre part, renvoie à « toute langue naturelle dont on possède un sentiment linguistique développé et une intuition linguistique solidement ancrée. >25. Suivant cette définition, nous pouvons distinguer deux types de locuteurs quant à l'appropriation de la langue : le locuteur confirmé et le locuteur non confirmé. Le locuteur non-confirmé est « tout individu dont la maitrise de langue quelque qu'en soient les raisons se révèle inférieure à celle du locuteur confirmé. Le locuteur

24 S. Bajric, 2009, p. 13

25 Ibid p. 15

confirmé est tout individu dont l'intuition linguistique est suffisamment fiable pour émettre des jugements d'acceptabilité sur des énoncés produits dans la langue. »26

S. Bajriæ évoque la théorie postulée par le biologiste néerlandais Louis Bolk sur « l'être inachevé » pour mettre en évidence le statut du locuteur non confirmé, ce locuteur qui est considéré comme un sujet-parlant inachevé à cause de sa maîtrise incomplète et imparfaite de la langue. Les énoncés et le comportement linguistique du locuteur non confirmé ne connaissent pas le plein développement atteint chez le locuteur confirmé. Le locuteur non confirmé arrive à un stade de fossilisation, pendant lequel il n'arrive ni à progresser dans son apprentissage ni à surmonter certaines difficultés. Ce phénomène est connu sous le terme d'inertie mentale. Le locuteur n'arrive pas à se bâtir un nouveau système de conceptualisation dans la langue in fieri et reste sujet à des interférences qui nuisent aux faits d'apprentissage.

Apprendre une langue in fieri est un processus mental où tout un système de conceptualisation de la langue que l'on apprend vient se greffer à celui qui est déjà établi dans la langue in esse. Le locuteur non confirmé doit confronter des obstacles psycholinguistiques entre la langue in esse et la langue in fieri. Ces obstacles se présentent sous forme de diverses interférences d'ordre linguistique et comportemental.

Le locuteur non confirmé, Pendant son parcours d'apprentissage, s'approprie progressivement un nouveau système de conceptualisation en apprenant la langue 2. Ce processus n'exige pas que le locuteur se débarrasse de toutes les connaissances acquises en langue 1 mais uniquement de les formater selon la manière dont la langue 2 appréhende les objets du monde. Cependant, tant qu'il reste prisonnier dans le vouloir-dire de sa langue in esse et ne forge pas une nouvelle identité linguistique et mentale dans la langue fieri, le locuteur non confirmé restera sujet à des interférences linguistiques et comportementales. Bajriæ conclut que la maîtrise d'une langue implique l'assimilation des formes

26 Ibid p. 15

linguistiques ainsi que l'appropriation d'un comportement linguistique qui conforme au génie de la langue que l'on apprend.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus