1.1.2. La réduction de la pauvreté
1.1.2.1. La pauvreté, qu'est-ce ? Qui est
pauvre ?
La pauvreté peut être entendue, selon le
dictionnaire de langue française54, comme l'état d'une
personne qui manque de moyens matériels, d'argent ; c'est l'insuffisance
des ressources. Il renvoie à : indigence, misère,
nécessité. Le pauvre c'est donc une personne qui n'a pas assez
d'argent, un indigent, un nécessiteux.
Au Québec, une loi définit la
pauvreté comme étant « la condition dans laquelle se trouve
un être humain qui est privé des ressources, des moyens, des choix
et du pouvoir nécessaires pour acquérir et maintenir son
autonomie économique ou pour favoriser son intégration et sa
participation à la
société.»55.
La Commission européenne56, quant
à elle, définit la pauvreté comme « un
phénomène couvrant dans son acception non seulement l'absence de
revenus et de ressources financières, mais inclut aussi la notion de
vulnérabilité, ainsi que des facteurs tels que l'absence
d'accès à une alimentation adéquate, à
l'éducation et à la santé, aux ressources naturelles et
à l'eau potable, à la terre, à l'emploi et au
crédit, à l'information et à la participation politique,
aux services et aux infrastructures ».
La réalité rangée derrière
le concept de pauvreté est complexe. Et en France, l'Observatoire des
inégalités57 distingue trois façons de
définir et de mesurer la
52 RDC, Ministère des Petites et Moyennes Entreprises,
Charte des petites et moyennes entreprises et de l'artisanat en
République Démocratique du Congo, 24 Août 2009.
53 Nous reviendrons sur les typologies plus bas.
54 Le Robert Micro, op.cit.
55 Centre d'étude sur la pauvreté et l'exclusion
(CEPE), »Prendre la mesure de la pauvreté : proposition
d'indicateurs de pauvreté, d'inégalités et d'exclusion
sociale afin de mesurer les progrès réalisés au
Québec», 2009.
56 Commission européenne, La politique de
développement de la communauté européenne, Luxembourg,
Office des publications officielles des Communautés Européennes.
Cité par Oasis KODILA Tedika, « Pauvreté en
République Démocratique du Congo : Un rapide état des
lieux », in Revue congolaise d'économie, WP01/10-Mai 2010
57
http://www.inegalites.fr/spip.php?article
448
pauvreté : par le biais des revenus (approche
monétaire); à travers le nombre de titulaires de minimas sociaux
(approche administrative) ou les privations (approche
sociologique).
Selon l'approche monétaire, la pauvreté
fait penser d'abord à de faibles niveaux de revenus, qui doivent
cependant être définis par rapport à une
référence donnée : le seuil de
pauvreté.
L'approche administrative prend en compte les
personnes qui reçoivent les aides essentielles pour la survie (minima
sociaux), lesquelles sont inférieures au seuil de
pauvreté.
Etre pauvre c'est, selon l'approche sociologique,
»être privé de». Cette approche prend en compte la
réalité sociale des plus défavorisés : le
dénuement, l'impossibilité de subvenir à ses besoins
essentiels tels que se nourrir, se loger, se vêtir.
Dans les pays en développement, le
phénomène de pauvreté repose sur des carences ou manques
observables dans trois aspects ou dimensions essentiels de la vie humaine,
à savoir58 :
· Longévité et santé
: risque de décéder à un âge relativement
précoce, exprimé par la probabilité à la naissance
de ne pas atteindre 40 ans ;
· Instruction et accès au savoir : exclusion
du monde de la lecture et des communications, exprimée par le taux
d'analphabétisme des adultes ;
· Accès à un niveau de vie
décent : impossibilité d'accéder à ce que
procure l'économie dans son ensemble59.
Le seuil de pauvreté dont il est question
ci-haut est déterminé aussi bien au niveau mondial que par chaque
pays et il s'agit d'une valeur monétaire fixée « sur la base
du coût par habitant d'un panier de consommation minimum comportant de la
nourriture et quelques autres produits essentiels
»60.
Chaque pays, région ou province... peut
déterminer le seuil de pauvreté national, régional,
provincial,...et calculer la part de la population vivant en dessous de ce
seuil. A titre exemplatif, ce seuil s'était situé à 315$
par tête pour la ville de Kinshasa, en 2009 ; tandis qu'il était
à 175$ par tête pour la République Démocratique du
Congo pour la même année. Et la population vivant sous ce seuil
était de 41.6% pour Kinshasa et de 71.3% pour la République
Démocratique du Congo61.
58 PNUD, Rapport mondial sur le développement
humain 2003, Economica, 2003, p.343
59 Cette dimension est exprimée par la moyenne
non pondérée du pourcentage de la population privée
d'accès régulier à des points d'eau aménagés
et le pourcentage d'enfants souffrant d'insuffisance pondérale.
60 Dwight H. Perkins, Steven Radelet et David
Lindauer, Economie du développement, de boeck, 2008, p.245
61 PNUD-Unité de lutte contre la
pauvreté, Province de Kinshasa : pauvreté et conditions de vie
à Kinshasa, Mars 2009, P.7 H. Perkins, Steven Radelet et David Lindauer,
Economie du développement, de boeck, 2008, p.245
D'une manière générale, le seuil
de pauvreté est fixé à un dollar62 des
Etats-Unis par tête par jour. Les origines de ce seuil remontent à
la fin des années 80 lorsque la Banque Mondiale préparait son
Rapport sur le développement dans le monde pour l'année 1990. Les
rapports successifs de cette institution étaient toujours centrés
sur un thème d'étude ; et pour l'année 1990,
l'étude examinait la pauvreté dans le monde en
s'intéressant à 34 seuils nationaux de pauvreté
précis, provenant aussi bien des pays développés que de
ceux sous-développés. On s'est rendu compte que ces seuils
augmentaient avec l'élévation du niveau de vie ; et en mettant
l'accent sur les nations à revenu faible, on voyait que les seuils par
pays tendaient à se situer dans une fourchette allant de 275 à
370 USD par personne et par an, mesurés en dollars de 1985 et en
parité de pouvoir d'achat (PPA)63. Ainsi, la limite
supérieure de cette fourchette, soit 370 USD (légèrement
au dessus de 1 USD par jour) a été adoptée comme seuil
mondial de pauvreté. Ce rapport a débouché sur la
conclusion que 1,12 milliard d'humains, soit le tiers de la population des pays
sous-développés en 1985, vivait avec en état de
pauvreté absolue.
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