1.1.1.7. Les Petites et Moyennes Entreprises
(P.M.E)
Proposer une définition pour le moins
satisfaisante du concept de P.M.E. s'avère d'autant plus malaisé
que la réalité ainsi désignée varie tant dans
l'espace que dans le temps.
En effet, la catégorie relevant de ce concept
varie selon les pays, voire, s'agissant d'un même pays, selon les
secteurs d'activité. C'est ainsi qu'en Belgique, comme le signale
DONCKELS38, plus de 50 définitions différentes de
concept sont proposées dans les différentes formes de
législation.
37 Tinasoa RAZAFINDRAZAKA, `'L'entrepreneuriat
comme outil de développement territorial : construction d'un
référentiel théorique», Communication au Colloque
international sur la vulnérabilité des TPE et des PME dans un
environnement mondialisé, 27 au 29 mai 2009
38 Ric DONCKELS, Pleins feux sur les P.M.E. : De la
théorie à la pratique, Roularta Books, 1993, p.21
Toutefois, c'est de la classification basée sur
le critère de taille que découle la subdivision entre «
Grandes Entreprises » (G.E.) d'une part et « Petite et Moyenne
Entreprise » (PME) de l'autre, même si la distinction ainsi mise en
oeuvre n'est pas parfaitement claire. D'autant plus que telle subdivision
réfère quasi exclusivement à un critère de
quantification, de compréhension apparemment facile, au détriment
de tout autre.
Car, en effet, non seulement d'autres critères
quantitatifs seraient à prendre en compte, mais encore des
critères qualitatifs sont susceptibles de contribuer à
révéler au mieux les contours de ce qu'il est convenu d'appeler
« Petite et Moyenne Entreprise », en sigle P.M.E.
Il ressort de différents critères trois
catégories typologiques39 établies par les chercheurs
à savoir : les typologies quantitatives et les typologies qualitatives
dont la combinaison débouche sur une typologie dite complexe et globale
permettant de fournir les caractéristiques des entreprises
rangées derrière le vocable de P.M.E.
1.1.1.7.1. Typologies quantitatives40 des
P.M.E.
Ces typologies, écrit P.A. JULIEN41,
relèvent de l'approche économique
traditionnelle, qui se refuse à
pénétrer à l'intérieur de la boîte noire de
l'entreprise et ne touche ainsi qu'aux éléments les plus
apparents. Elles sont au surplus les premières disponibles et peuvent
donc servir, par exemple, à établir les critères pour
l'application des programmes d'aide gouvernementaux. Ainsi s'offrent-elles aux
chercheurs comme une première porte d'entrée pour obtenir des
échantillons qui seront étudiés par la suite.
Cette approche se base sur différents
critères de choix tels que les effectifs, la production, la valeur
ajoutée ou des ventes, la mesure des actifs, le chiffre
d'affaires,...pour établir les différentes catégories que
sont les Petites Entreprises, les Moyennes Entreprises et les Grandes
Entreprises.
De tous les critères, Pierre
FRANCK42 indique qu'on choisit généralement le
critère des effectifs qui ne dépend d'aucun paramètre
économique et permet facilement des comparaisons internationales du fait
de son indépendance au regard des taux de change.
Mais, malgré cet avantage qu'il offre, il reste
cependant un critère non satisfaisant, car, ainsi que le démontre
Gérard HIRIGOYEN43, la juxtaposition de critères
d'effectif à partir des textes législatifs ne permet pas de
conduire à un classement précis des entreprises en fonction de
leur dimension. Et la même incertitude, poursuit-il, demeure dans les
études économiques et financières pourtant rigoureuses. Il
signale
39 Pierre André JULIEN, Les P.M.E. : Bilan et
Perspectives, Economica, 1994
40 Les autres typologies ne sont pas reprises ici.
41 P.A. JULIEN, Op. cit.
42 Pierre FRANCK, L'économie de l'entreprise, Coll. «
Que sais-je ? » n° 1839, P.U.F., 1980, p. 70
43 Bruno MAGLIULO, Les Petites et moyennes Entreprises, Coll.
Profil n° 549, Hatier, 1983, p.10
alors l'existence en France, par exemple, de
différentes typologies d'entreprises que voici.
Une première typologie établit la
distinction entre : la micro-entreprise, celle dans laquelle on ne rencontre
aucun salarié ou dont l'effectif est au plus égal à 10
(exploitations artisanales inscrites au registre des métiers, commerces
de détail, prestations de services) ; la P.M.E., l'entreprise
industrielle de 11 à 500 salariés ainsi que celle de
négoce ou de prestation de services de 11 à 500 salariés ;
enfin, l'entreprise « d'une certaine dimension », celle dont
l'effectif se situe au-delà de 100 ou 500.
Une autre approche typologique établit quant
à elle, la distinction ci-après : les petites entreprises, celles
dont l'effectif ne dépasse pas 10 salariés ; les entreprises
intermédiaires et les entreprises importantes, dont les effectifs sont
supérieures à 100 personnes.
Une autre typologie rend compte de l'existence de
trois groupes d'entreprises : les petites qui emploient moins de 20
salariés, les moyennes de 20 à 499, les grandes avec 500 ou
plus.
Il ressort de ces différentes approches que les
typologies quantitatives demeurent dans l'ensemble largement insatisfaisantes
de par leurs critères imprécis et
mouvants44.
1.1.1.7.2. Caractéristiques des PME
1. La petitesse de la taille
La petitesse de la taille est l'un des premiers
critères utilisés sinon le premier, pour caractériser les
PME. Cette taille qualifiée parfois d' « humaine » dote
l'entreprise d'atouts essentiels par rapport à la grande entreprise. Car
à cette petite taille est associée une grande souplesse
structurelle, permettant une remarquable capacité d'adaptation au
marché et des prix de revient relativement bas étant donné
la faiblesse des coûts fixes.
2. La centralisation de la gestion
Le système de gestion de la PME est fortement
centralisé. La distinction « propriétaire - dirigeant »
n'est pas visible. P.A. JULIEN45 note qu'on peut même parler
de « personnalisation » de la gestion en la personne du
propriétaire-dirigeant dans le cas de toutes petites entreprises. Mais
cette forte centralisation se retrouve aussi dans les moyennes entreprises des
secteurs traditionnels.
44 Il vient souvent à l'esprit de situer la PME
d'après l'un ou l'autre critère quantitatif. Cependant, les
critères quantitatifs diffèrent d'un pays à un autre,
voire d'un secteur à l'autre dans un même pays.
45 P.A. JULIEN, op.cit., p.34
3. La faible spécialisation
Tant au niveau de la direction que des
employés et des équipements, la spécialisation est faible
et vient avec l'augmentation de la taille de l'entreprise, nécessitant
une mise sur pieds de plusieurs niveaux organisationnels dans les
différentes fonctions.
Une comparaison axée sur la structure des
emplois dans les PME et les grandes entreprises révèle que les
ouvriers, relativement plus nombreux dans les PME, sont aussi en moyenne moins
qualifiés. Plus précisément, la proportion d'ouvriers
qualifiés diminue quand on passe des petites entreprises aux moyennes et
augmente fortement des moyennes aux grandes46.
4. Une stratégie intuitive ou peu
formaliste
Dans les petites entreprises des plans précis
des actions à venir, susceptibles de servir de cadre de
référence pour toute la direction sont inexistants et le
propriétairedirigeant est suffisamment proche de ses
employés-clefs pour leur expliquer au besoin tout changement de
direction.
5. Un système d'information interne peu complexe
ou peu organisé Le transfert d'information dans les petites
organisations s'opère grâce au dialogue ou le contact
direct.
6. Un système d'information externe
simple
Les petites entreprises ne recourent pas à des
études de marché coûteuses et complexes. Ainsi, dans les
entreprises artisanales, par exemple, le propriétairedirigeant peut
discuter directement avec ses clients tant pour connaître leurs besoins
et leurs goûts qu'expliquer différents aspects du (des)
produit(s)47.
1.1.1.7.3. Quelle définition pour la P.M.E.
?
Les typologies et caractéristiques ci-dessus
donnent une idée plus ou moins vague de cette réalité
désignée par le concept de PME.
Ce concept comporte, ainsi que l'ont montré les
typologies, deux dimensions : une quantitative et une qualitative. Les
critères quantitatifs, rappelons-le, sont insatisfaisants puisque
mouvants et imprécis.
Léon GINGEMBRE48 soutient que les
formules quantitatives mettraient dans l'obligation d'adopter des chiffres qui
diffèreraient suivant les secteurs professionnels
considérés, et aboutiraient à des formules
extrêmement complexes sans traduire la réalité des
faits.
En vérité, poursuit-il, si on examine de
façon plus approfondie la notion de PME, on trouve qu'au-delà des
données quantitatives, un certain nombre de caractères sont
permanents et qu'il est donc préférable de s'orienter vers une
définition qualitative.
46 B.MAGLIULO, Les Petites et Moyennes Entreprises, Coll. Profil
-Dossier n°549, Hatier, p.32
47 P.A. JULIEN, op. cit., p.34
48 Cité par B. MAGLIULO, op. cit., p. 15
Il est indiqué49 que les
critères de fond, ceux permettant de refléter fidèlement
les caractéristiques structurelles communes aux PME, peuvent être
ramenés à trois.
· Le premier est la responsabilité
directe, personnelle et finale du patron qui apparaît en
définitive bien souvent comme le seul décideur ;
· Le deuxième est la
propriété du patrimoine social qui est souvent le fait
d'un homme ou de sa famille, quelle que soit la forme juridique adoptée,
ce qui se traduit le plus souvent par une confusion des patrimoines
;
· Le troisième, enfin, est
l'existence d'un objectif particulier de richesse débouchant
sur un rôle important des rémunérations personnelles et sur
une recherche de la rentabilité à court terme.
Ainsi, on pourrait entendre par PME ces entreprises
dans lesquelles les chefs d'entreprises assurent personnellement et directement
les responsabilités financières, techniques, sociales et morales
de l'entreprise, quelle que soit leur forme juridique50.
Le patronat à la tête des PME est un
patronat réel, c'est-à-dire celui qui risque dans ses
affaires ses propres capitaux, exerce une direction administrative et technique
effective, et assure, avec son personnel, des contacts directs et permanents ;
ce patronat s'oppose au patronat de gestion ou de management
qui dirige les grandes entreprises où la propriété et
la gestion sont dissociés, la propriété étant
répartie entre un grand nombre d'actionnaires et la gestion
effectuée par un collège des cadres51.
Si les critères qualitatifs permettent de
refléter les caractéristiques communes à toutes les PME,
nous pouvons noter qu'à l'intérieur du concept de PME les
critères quantitatifs permettent d'établir la distinction entre
les petites et les moyennes entreprises. Des seuils sont établis
tantôt en terme de chiffre d'affaires tantôt en terme d'effectif du
personnel.
1.1.1.7.4. Définition des PME
congolaises
Considérant que les petites et moyennes
entreprises et l'artisanat constituent l'épine dorsale de
l'économie mondiale en général et de l'économie
congolaise en particulier et qu'ils sont l'un des principaux moteurs de
l'innovation, de la création des richesses et de l'emploi ainsi que de
l'intégration sociale en République Démocratique du Congo,
l'Etat Congolais, d'une part, et les organisations patronales et
49 B. MAGLIULO, op. cit., pp. 15-16
50 A. BIZAGUET, Les Petites et Moyennes entreprises, Coll.
« Que sais-je ? » n° 2642, P.U.F., 1991, p. 12. Il s'agit d'une
définition donnée par la Confédération
Générale des PME (CGPME), un syndicat français.
51 A. BIZAGUET, op. cit. p. 12 ; L. GINGEMBRE, l' importance
du rôle des PME dans l'économie moderne, in Revue de la
Société d'Expansion, n° 257, Octobre 1973, pp. 706-711
professionnelles des petites et moyennes entreprises et
de l'Artisanat (PMEA) de l'autre, ont, dans une charte52,
donné une définition de cette catégorie
d'entreprises.
Au sens de ladite charte, on entend par Petite et
Moyenne Entreprise, toute unité économique dont la
propriété revient à une ou plusieurs personnes physiques
ou morales et qui présente les caractéristiques suivantes
:
- Nombre d'emplois permanents : de 1 (un) à 200
personnes par an ; - Chiffre d'affaires, hors taxes, compris entre 1 et 4000
USD ;
- Valeur des investissements nécessaires mis en
place pour les activités de l'entreprise inférieure ou
égale à 350.000 USD ;
- Mode de gestion concentrée.
Se retrouvent dans cette catégorie : la
micro-entreprise ou la très petite entreprise, la petite entreprise et
la moyenne entreprise53.
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