1.3.5.5. Le dualisme de l'économie
congolaise
L'économie congolaise est
caractérisée par un dualisme du fait de la coexistence de deux
secteurs : un secteur formel, officiel, légal, ... et un secteur
informel, souterrain, illégal qui, portant, permet la survie voire le
développement des sociétés et est parallèle au
formel.
Il s'agit d'un dualisme structurel exprimé par
la dichotomie »secteur formel/secteur informel» ou »secteur
structuré/secteur non structuré», une nouvelle
manière de voir l'hétérogénéité des
économies sous-développées, décrite par
Lokota137 en ces termes : « ...il existe, à coté
du secteur capitaliste (salariat, taux de profit positif, argent fonctionnant
comme capital et espace non marchand, absence de circulation monétaire,
production de simples valeurs d'usage, autosubsistance), un ensemble
d'activités que l'on peut, du point de vue, non pas des valeurs d'usage
mais des formes d'organisation de la production, des statuts
socioprofessionnels ou de la division du travail regrouper dans un secteur dit
informel ou non structuré »
Le secteur informel peut être défini,
selon A. De Romana138, comme un agrégat de systèmes de
production à l'échelle relativement modeste, fournissant des
biens et services destinés à l'échange, mais qui sont
basés moins sur l'investissement de capital que sur l'investissement
d'effort et sur la création d'organisation à travers un travail
autonome.
L'importance du secteur informel, écrit Marc
Debare139, peut paradoxalement s'expliquer par la forte
intervention de l'Etat dans nombre des économies. Même si une
évolution se fait jour, les états du tiers monde se sont
longtemps attachés à
137 LOKOTA EKOT'EPANGA, La crise de l'industrialisation, la
problématique des activités informelles et les perspectives du
développement endogène en Afrique subsaharienne - Cas du
Zaïre, Louvain-la-Neuve, CIACO, 1994
138 Cité par LOKOTA, op. cit.
139 Marc Débare, Les milliards de l'ombre -
L'économie souterraine, HATIER, Paris, 1992
impulser le développement, notamment par des
plans et l'implantation d'industries qu'ils espéraient
»industrialisante». Ce dirigisme étatique n'intégrait
pas les modes traditionnels d'activité. Cette conception du
développement condamnait en quelque sorte les activités
traditionnelles, non pas à disparaître, mais à devenir
informelles.
A côté de grands projets industriels,
l'exode rural et l'explosion démographique viennent aussi favoriser la
multiplication de ces activités informelles, qui sont menées en
marge de toute obligation légale et échappant à la
régulation étatique. Ces activités permettent
d'atténuer les tensions sociales en absorbant une partie du sous-emploi
et en réduisant certaines pénuries : raison pour laquelle elles
sont tolérées par les pouvoirs publics.
Les métiers du secteur non structuré
représentent, selon le BIT140, une façon d'accomplir
les choses qui se caractérisent par :
a) La facilité d'accéder aux
métiers en question ;
b) Le recours aux ressources locales ;
c) La propriété familiale des
opérations ;
d) L'échelle restreinte des opérations
;
e) Des techniques à forte intensité de
main d'oeuvre et adaptées ;
f) Des qualifications qui s'acquièrent en dehors
du système du système scolaire officiel ;
g) Des marchés échappant à tout
règlement ouvert à la concurrence.
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