3.3. Espaces de Riemann
Pour mieux comprendre ce qu'est un espace de Riemann, prenons un
petit exemple d'une surface à deux dimensions.
Exemples 3.1.
Considérons une sphère de rayon R, de
surface S, située dans l'espace ordinaire à trois
dimensions. Les coordonnées cartésiennes x, y,
z d'un point M de la surface S peuvent
32 s'exprimer, en fonction des coordonnées
sphérique( r, è , ö . La sphère est
entièrement décrite
pour un rayon donné 0 ? ö <2ð et 0 = è
< ð .
Ces trois paramètres, coordonnées curvilignes
sur la surface ou également dites coordonnées de Gauss
permettent de déterminer un point sur la surface d'une sphère.
D'autres paramètres quelconques u, v, w
peuvent évidemment être choisis comme coordonnées
curvilignes sur la surface.
L'élément linéaire de la surface ds
2, carré de la distance entre deux points infiniment
voisins M, M', s'écrit en fonction des
coordonnées sphériques :
ds 2 = dr2 +
r2dè 2 + r2
sin 2 èdö 2 (3.13.)1
Nous obtenons ainsi une expression de l'élément
linéaire en fonction des trois seules coordonnées de Gauss (
r, è , ö . Nous pourrions bien sûr imposer une
étude locale (plan
tangent) comme étant un ainsi l'élément
linéaire ne serait plus fonction que de (è ,ö ) comme nous
l'avons vu plus haut :
ds 2 =
r2dè 2 + r2 sin
2 èdö 2 (3.14.)
Ecrire à l'aide des trois paramètres, la surface
de la sphère (considérée comme un espace à deux
dimensions) constitue un exemple d'espace de Riemann à deux dimensions.
Dont l'élément linéaire est de la forme
générale bien connue (cf. le chapitre traitant du calcul
tensoriel) :
ds 2 = gik dui
duk (3.15.)
où les dui sont les composantes
contravariantes du vecteur dM = MM' par r apport au
repère naturel (M, ei) .
Remarque 3.4.
L'étude des figures sur des surfaces riemanniennes fait
partie de la géométrie différentielle.
Considérons à présent un surface quelconque
de coordonnées u 1 , u 2. Les
coordonnées
cartésiennes x, y, z de
l'espace ordinaire où se trouve plongée cette surface
s'écrivent de manière générale :
x = x( u , u 2 ,
y = y u 1 , u 2 , z =
z (u 1 , u 2
(3.16.)
Remarquons par ailleurs que l'équation métrique
sous forme tensorielle :
1 Cette expression découle des notions sur le
calcul tensoriel qui ne fait pas l'objet de la présente étude.
ds = g ik du du
2 i k (3.17.)
peut s'écrire sous forme développée à
la manière de l'expression (2.49).
Remarques 3.5.
- L'expression donnée ci-dessus de
l'élément linéaire s'appelle forme quadratique
fondamentale de la surface considérée (cfr expression 2.49).
Les coefficients E, F, G sont des fonctions des
coordonnées curvilignes. De manière générale cette
surface, considérée comme un espace à deux dimensions,
constituera un exemple d'espace de Riemann, pour des coordonnées
curvilignes arbitraires.
- Les différents espaces de Riemann constituent ce que
nous appelons sous une forme générale une
variété munie d'une métrique riemannienne.
Définition 3.3.
Les variétés sont des espaces topologiques
qui sont localement comme Rn (notre espace
par exemple..).
Définitions 3.4.
Une variété topologique de dimension n est
un espace de Hausdorff (espace séparé1) M tel
que pour tout p ? M il existe un voisinage ouvert U
? M avec p ? U, un voisinage
' n
ouvert U ? Ret un homéomorphisme :
? : U ?U (3.18.)
'
Définition 3.5.
Un homéomorphisme entre deux espaces est une bijection
continue dont l'inverse est également continu.
Remarque 3.6.
Parmi les variétés les plus simples figurent les
courbes et surfaces du plan et de l'espace euclidien.
Exemples 3.2.
- Une variété peut être définie (non
formellement), par exemple, par un ensemble de points situés dans un
espace préexistant.
1 Un espace topologique est dit
séparé si, pour tous points x,y de cet espace,
il existe un voisinage U de x et un voisinage V de
y tels que U nV = { }.
- De manière générale une surface donne
l'idée d'une variété à deux dimensions. La
sphère et le tore sont des variétés à deux
dimensions sans frontière.
- Un cylindre de révolution, un paraboloïde
hyperbolique, sont des variétés à deux dimensions
ouvertes, avec frontières à l'infini.
- Nous pouvons aussi envisager des variétés
abstraites. C'est le cas par exemple d'un espace de
configuration. Il s'agit alors d'un espace de points à n
dimensions représenté par un ensemble i
q (ou noté i
u ) de coordonnées
généralisées, ces dernières pouvant avoir des
valeurs comprises dans un domaine fini ou non.
Nous pouvons maintenant mieux définir ce qu'est un espace
de Riemann. Definition 3.6.
Un espace de Riemann est une variété
à laquelle nous avons attaché une métrique. Cela signifie
que, dans chaque partie de la variété, représentée
analytiquement au moyen d'un système de coordonnées , nous nous
sommes donnés une forme différentielle quadratique : ds
= g ij du du
2 i j (3.19.)
qui constitue la métrique de l'espace.
Dans les notions sur le calcul tensoriel, il est
démontré que les coefficients gij ne sont pas
entièrement arbitraires et doivent vérifier les conditions
suivantes :
- Les composantes sont symétriques g ij =
gji .
- Le déterminant de la matrice [ gij
est différent de zéro.
- La forme différentielle de l'élément
linéaire, et par conséquent le concept de distance défini
par les gij , est invariante vis-à-vis de tout
changement de coordonnées.
- Toutes les dérivées partielles d'ordre deux des
gij existent et sont continues donc de classe
2
C .
Definition 3.7.
Un espace de Riemann est donc un espace de points,
chacun étant repéré par un système de n
coordonnées i
u , doté d'une métrique quelconque
telle que la forme différentielle de l'élément
linéaire vérifiant les conditions précédentes.
Cette métrique est dite dès lors métrique
riemannienne.
Remarques 3.7.
i j
- Si la métrique est définie positive,
c'est-à-dire si g ij v v > 0 pour tout vecteur
v non
nul, nous disons que l'espace est proprement riemannien.
Dans ce cas, le déterminant de la matrice [ gij
est strictement positif et toutes les valeurs propres de la matrice [
gij sont
strictement positives.
- Par définition, nous disons qu'une métrique
d'un espace est euclidienne lorsque tout tenseur fondamental de cet espace peut
être ramené, par un changement approprié de
coordonnées, à une forme telle que la base orthonormée
canonique : g ij = gji .
- Les espaces de Riemann à courbure variable
comprennent comme cas particuliers les espaces euclidiens, de dimension
quelconque, mais de courbure nulle, les espaces hyperboliques de Lobatchevski,
de courbure négative constante et les espaces elliptiques de courbure
constante positive. Riemann en signale d'un mot l'existence, ce qui a fait
donner parfois le nom de géométrie de Riemann à la
géométrie elliptique élémentaire1.
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