Stratégie des acteurs lors de l'élaboration et de la mise en oeuvre de la Loi d'Orientation Agricole (LOA ) au Mali( Télécharger le fichier original )par Chantal Jacovetti Supagro Montpellier institut des régions chaudes - Master acteur de développement rural 2010 |
7.3 CONVAINCRE LES FONCTIONNAIRESSi politiquement le gouvernement était prêt à laisser les paysans être partie prenante de la LOA dans la phase d'élaboration, l'affaire n'était pas la même au niveau des fonctionnaires des départements ministériels en général. En effet jusqu'à maintenant c'étaient eux qui écrivaient les lois et ils n'acceptaient pas ce changement voyant leur rôle, leur pouvoir et du financement leur échapper. La 1ère bataille pour la LOA a été celle là. Elle a été menée au sein de l'appareil étatique, par la CIFA directement rattachée a la Présidence, qui a été l'organe initiateur de la LOA, ayant la confiance du Secrétaire Général, Modibo SEDIBE, actuel 1er ministre, et d'ATT. La CIFA était composée de : Mme LANSRY Nana Yaya HAÏDARA en tant que chef qui est maintenant responsable du Commissariat à la Sécurité Alimentaire M. Amidou DIAKITE responsable des transports, eau et infrastructures M. Amouna BARY responsable de la formation initiale et professionnelle M. Nouhoum TRAORE responsable agriculture, pêche, élevage, foresterie, commercialisation, OP. Ils collaboraient aussi avec le chargé des médias à la Cellule communication Kader MAÏGA, le conseiller en charge de la Cellule juridique Baba BERTHE, et du chargé des CT Almou BARECK. Ces fonctionnaires étaient aussi en permanence en relations officieuses avec des leaders paysans. Ils devenaient ainsi leur porte-parole en haut lieu. Un responsable de l'AOPP d'alors confirme : ((Mme LANSRY a initié la loi. Flle était en relation officieuse avec M. Falyri BOLY a l'époque Secrétaire général de l'AOPP et moi-même. Nouhoum était en contact avec Ibrahima COULIBALY. Le noyau de paysans c'était nous trois. Après les choses se sont officialisées ». Une des premières questions abordée ensemble, a été : (( La question de la gouvernance en matière politique. Comment on met en place un processus au niveau de l'État, de la CNO ? Comment celui-ci fonctionne ou ne fonctionne pas ? Qui conduit les débats ? Il fallait donc définir ce concept de gouvernance ». Cette interrogation était importante et nouvelle. Jusqu'à maintenant, toutes les lois étaient édictées sans la voix des concerné-e-s. Pour la 1ère fois une volonté forte soutenue politiquement par le chef de l'État luimême, de donner la parole aux acteurs impliqués, apparaissait. Il a donc fallu d'abord introduire le débat en interne. Le 1er a été mené au sein de la CIFA pour « esquisser les grandes lignes d'orientations car ce sont les paysans qui devaient écrire eux-mêmes leur loi ». Cette première mouture de document a été transmise au Secrétaire Général Modibo SIDIBE, qui séduit par la démarche dira plus tard que ça serait « une des plus belles lois de l'histoire qu'on laisserait en héritage ». Mais les résistances au sein du corps des fonctionnaires entravaient ce processus nouveau. La CIFA, s'attelle a la tâche, cette rupture dans les relations dérangeait : «Au début des premières réflexions sur la LOA à notre niveau, certains pour ne pas inclure les paysans, affirmaient qu'il n'y avait pas de structure paysanne qui pouvait être un interlocuteur pour conduire les débats. Je voulais que les paysans aient la parole et prennent les débats en main. J'en avais marre, même mal, d'entendre du mépris sur les paysans. Moi-même je suis issu d'une famille paysanne. Comment peut-on rejeter sa famille, comment peut-on autant la déconsidérer ? ". Modibo SIDIBE conscient du verrou organisa une table de rencontres avec les différents agents des départements et des conseillers de la présidence, qui donna lieu à une très longue discussion à tous les niveaux économique, social, financier. Un document s'en suivit a faire valider par ATT, « pour avoir sa bénédiction ". En parallèle les bailleurs de fond (FAO, BM, USAID) ont été contactés pour voir s'ils soutiendraient ce processus. Un accord de principe a été donné à condition de fournir « un document d'orientation et un draft qui pourraient être le contenu de la loi, que ce soit un brainstorming et que tous ceux qui soient concernés ne soient pas oubliés " Un documentaire de 30 minutes a été monté pour rencontrer les acteurs et leur donner la parole au sein des Ministères des filières, de la pêche, forêt, femmes, jeunes etc. tant au niveau de Bamako que des services décentralisés. Je n'ai pas eu accès a ce film qui aurait été intéressant pour voir comment la LOA, à ce stade là était présentée. C'est par le biais du Comité technique des débats internes que le Ministère de l'Agriculture a aussi organisé un forum des services publics et parapublics qui a rassemblé l'APCAM et les services techniques des différents départements. Évidemment tout ceci ne se serait pas fait sans l'acquiescement d'ATT. Il y a eu donc une rencontre officielle avec tous les conseillers, ministères et ATT où il y a eu encore débat après la projection du documentaire : « Ensuite cette présentation et cette vision ont été reprises par le Président qui a dit au gouvernement la conduite à tenir en lui demandant de poursuivre pour y mettre du contenu en faisant des concertations à tous les niveaux. " précise la responsable de la CIFA. L'équipe a été renforcée par : Alpha MAÏGA ancien Secrétaire Général du Ministère de l'Agriculture, NIAGADO ancien directeur de l'Institut d'Économie Rurale, MAGAGUILE ancien directeur dans le secteur privé, un expert suisse et un expert français BICHAT . Ils effectueront une mission en Suisse, en France puis après au Sénégal pour récolter informations et documentations. Selon un document du GRET/REDEV34 le Ministère de l'Agriculture a consulté aussi : le Haut Conseil aux CT, le Conseil Économique, Social et Culturel, le Haut Conseil des Maliens de l'Extérieur, les Chambres des Commerces et de l'Industrie et des Métiers. Ainsi pendant presqu'une année la première énergie dépensée pour la LOA a été de susciter le débat au sein de l'appareil étatique pour qu'il adhère a ce nouveau processus oü « ils ne seraient pas les maitres du jeu ». Cela a été possible car la CIFA était composée de gens convaincus du projet en laissant la parole aux paysanne-s, avait l'entière confiance d'ATT et était directement rattachée à la Présidence. 34 GRET http : // loa.initiatives.net.hml//sommaire.php3 |
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