3.4.4 Des choix justifiés par le manque d'argent
?
D'un côté des textes pour développer
l'agriculture familiale largement majoritaire dans le pays, de l'autre, les
bailleurs de fonds et l'État se positionnent sur d'autres projets,
arguant manquer d'argent ou n'utilisant pas l'argent dans ce sens alors que
l'agriculture est censée être le moteur du Mali !
Pourtant les zones privilégiées par
l'État pourraient au moins être aménagées. Au
contraire l'agriculture duale s'accentue entre les grandes exploitations «
blanches ~, dont l'État maintient le principe de domanialité et
favorise les accaparements fonciers par les urbains, les notables et les autres
pays, et entre la petite agriculture « noire » reléguée
sur les terres les moins propices basées sur les droits fonciers locaux
ou des contrats étatiques annuels, appauvrissant, démotivant et
empêchant toute projection et investissement. (Voir annexe 9 pour plus
d'informations sur l'accaparement des terres et le développement de
l'agro-business)
Des responsables ministériels argumentent que le Mali
n'a pas les moyens d'investir. Que de toute façon les
aménagements resteront a l'État qui alors en ferait profiter les
paysans mais... dans 100 ans... si d'ici là les investisseurs n'auront
pas acquis de TITRE foncier ou abandonné après l'afflux de
subventions ! De plus la production issue de ces terres a peu de chance de
nourrir les malien-ne-s. Elle sera soit exportée dans le pays des
investisseurs soit stockée pour jouer sur les marchés ! En
attendant les paysans sont expulsés, soit pour devenir des ouvriers
agricoles, soit de futurs chômeurs urbains.
INVESTIR POUR LES PAYSANS : EST-CE SI CHER POUR L'ETAT?
Il faut 4 millions de FCFA (6000 €) pour aménager
1 ha irrigué. Il faut environ 5 ha pour faire vivre décemment une
famille d'environ 12 membres mais les moyens ne sont pas mis là.
« Il y a 1 millions a 2 millions d'ha irrigables a aménager
*dans la zone de l'ON, seulement 82 000 ha le sont]. Actuellement la moyenne
est de 3 à 4 ha par paysan avec des baux renouvelables tous les ans
(liés au paiement de la redevance eau). Le SEXAGON avec un programme
FERT du Luxembourg est en train d'aménager 2000 ha pour les donner aux
petits paysans qui n'ont pas 3 ha, pour compléter. SOS faim finance
aussi » souligne le secrétaire général du
SEXAGON.
13 milliards de FCFA ont été
dépensé pour provoquer des « opérations pluies »
locales aléatoires,-chères à ATT-,
bénéficiant d'abord aux initiateurs de cette nouvelle
technologie, alors qu'on aurait pu aménager durablement plus de 3000 ha
soit 600 familles.
4 milliards a l'équipe de football qui a été
éliminée en quart de finale de la coupe d'Afrique !
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Le sujet est brulant. Des associations en zone
périurbaine organisent des manifestations « qui trouvent leur
explication soit dans la tyrannie ou le laxisme de l'État concernant les
affaires foncières et domaniales et vis-à-vis de l'urbanistique
en général >' comme le souligne un article de Le
Républicain a propos d'une marche contre les expropriations et les
déguerpissements du 9 mars 2010 à Bamako,
sévèrement réprimée.
Il serait aussi temps que les OP soient plus visibles sur les
luttes foncières rurales qui ne cessent de se multiplier. Ce
laisser-faire révolte M. SISSOKO, leader paysan
sénégalais.
« Les paysans maliens ne vont plus se reconnaitre
dans leurs leaders. Ils ne font rien. On leur prend la terre. ATT leur avait
tout donné pour mener à bien la LOA. Ils ne se bougent pas
maintenant. ATT voulait donner 10 000 ha au Sénégal *dans le
cadre des accords avec l'UEMOA+. Je suis venu les voir pour leur demander si
les paysans n'avaient pas besoin de ces terres car ils sont installés
sur des surfaces de 0,5 a 2 ha. Ils n'ont rien dit, rien fait. Je ne comprends
pas. Ils n'existent plus. Les leaders ne bougent pas. Comme ils ne disent rien
ATT peut donner des terres à qui il veut ».
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