Ce prolongement empirique repositionne la
problématique autour des enjeux de l'union économique et
monétaire. Dans cette nouvelle approche, il ne s'agit plus de
déterminer les critères d'optimalité d'une zone
monétaire optimale, mais d'identifier les coüts et
bénéfices liés à l'union économique et
monétaire.
L'enjeu d'une union monétaire s'analyse autour de deux
aspects :
· Une union monétaire est-elle optimale ?
· Un pays a-t-il intérêt ou non à
intégrer une zone monétaire existante ?
Ces enjeux posent le problème de la stabilité
(interne et externe) des structures. Plusieurs courants d'idées aussi
complémentaires vont enrichir la littérature économique en
la matière. Ainsi pour Krugman et al
(2000), l'analyse coût-bénéfice pour un pays de rejoindre
une zone monétaire à taux de change fixe dépend de la
mesure dans laquelle son économie est bien intégrée
à celle de ses partenaires potentiels. Il en résulte que le seuil
critique d'intégration d'un pays est en corrélation
négative avec la perte de stabilité économique
résultant d'une perturbation sur le marché des prix. De
même, ce degré d'intégration est en corrélation
positive avec le gain d'efficience monétaire. De ce fait, un pays
intégrera une zone monétaire lorsque son gain
d'efficience est supérieur à sa perte de stabilité
économique. L'adhésion n'est avantageuse qu'au-delà d'un
seuil critique d'intégration. Ils définissent, enfin, une zone
monétaire optimale comme un groupe de régions dont les
économies sont étroitement liées par les échanges
de biens et par la mobilité des facteurs de production.
Bayoumi (1994) va proposer, quant à
lui, l'analyse de la zone monétaire optimale dans un Modèle
d'Equilibre Général (MEG) dans lequel les prix et les salaires
sont rigides. En effet, dans son modèle à plusieurs
régions, il aboutit aux résultats suivants : d'une part, l'union
monétaire accroît le bien-être intérieur de la zone
tandis qu'elle le réduit à l'extérieur et, d'autre part,
l'adhésion accroît les bénéfices des
adhérents précédents. De même, le gain net de
l'union monétaire dépend de plusieurs facteurs tels que : la
taille économique de l'espace, la corrélation des chocs, la
mobilité du travail, le niveau des coûts de transaction des
relations entre les niveaux de demande des biens dans les différentes
régions.
De même, Ricci (1997) présente,
sous le MEG avec les mêmes hypothèses que
Bayoumi, le modèle visant à déterminer si
l'Union Européenne est une zone monétaire optimale. Pour ce
faire, il s'intéresse à mesurer le degré du commerce
intra-Union Européenne, l'asymétrie des chocs et étudie
les facteurs d'ajustement pouvant remplacer l'instrument du taux de change. La
résolution de son modèle nous renseigne que lorsqu'il y a une
croissance des économies, en accroissant l'ampleur des chocs
réels, ceci réduit le bien-être net de l'Union
Monétaire. Malgré la pertinence de ses conclusions, son
modèle n'a pas pu lever l'équivoque.
Helpman (1992) montre qu'en présence
du modèle d'équilibre général avec un marché
financier imparfait qu'il a développé, qu'il est difficile de
s'assurer contre les chocs affectant le revenu du travail. Dans ce contexte,
les fluctuations monétaires résultant des chocs réels,
engendrent des variations du taux de change. Ces variations ne sont
bénéfiques que si elles créent des opportunités
d'assurance dans les échanges d'actifs nominaux.
De son côté, Neumever (1998),
tout en soutenant la même vision que Helpman,
étend l'analyse aux chocs politiques. Il montre que les chocs politiques
(décisions politiques) diminuent l'efficacité des marchés
financiers. Il conclut que l'adhésion à une zone monétaire
améliore le bien-être si les gains issus de l'élimination
du risque de change excèdent le coüt des divers instruments
financiers dans l'économie.
Par ailleurs, Eichengreen (1997)
détermine un indice d'optimalité d'une zone monétaire. Cet
indice est la pondération des indicateurs suivants : asymétrie
des chocs, importance du commerce bilatéral, taille économique
des pays. Il aboutit à un résultat selon lequel, le coüt de
l'union monétaire est faible si le degré de symétrie des
chocs est grand. Cette approche est fondée sur le fait que les
mouvements de production reflètent, à la fois, l'influence des
chocs et les réponses de politique économique. Par la
méthode «auto regressive vector» et la
procédure de décomposition appliquées à cet effet,
il a permis d'identifier les chocs d'offre, de demande et de les
différencier des réponses aux chocs.
Néanmoins, cette méthode est remise en cause
car, elle ne permet pas d'identifier l'origine des chocs. De même, le
problème posé par l'abandon de l'instrument du taux de change ne
tient pas seulement à l'asymétrie des chocs, mais aussi, aux
réactions des économies face à un choc commun.
L'analyse des théories de la zone monétaire
optimale issue des prolongements empiriques nous laisse à notre. Ces
approches ne sont pas réellement novatrices puisqu'il existe une
similarité entre les arguments avancés. La détermination
des coüts et bénéfices liés à l'union
monétaire est difficilement quantifiable pour juger de
l'optimalité d'une zone monétaire. Cette situation amène
à un réexamen de la théorie.