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Organisation de l'espace agropastoral d'un terroir saturé pour une gestion durable des ressources naturelles: cas de Laà¯ndé Karéwa au Nord Cameroun

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par Borgoto DAOUD
Université de Dschang - Ingénieur agronome 2008
  

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4.1.2.2 Fonctionnement hydrologique du bas fond

i. Les écoulements de surface

Au vu de son réseau hydrographique, le bas fond de Laïndé Karéwa est alimenté, en saison pluvieuse, par plusieurs cours d'eaux. Ces derniers confluent en plusieurs endroits dont trois parmi eux ont été retenus pour les mesures de débit. Sur les deux

sites de mesure de débit par volumétrie, nous avons obtenus les valeurs moyennes

présentées dans le tableau suivant.

Tableau 4.3: Débit maximal des sites 1 & 2

 

Dates

Débit site 1 Q (l/s)

Débit site 2 Q (l/s)

Débit moyen sites 1&2 Q (l/s)

15-Juillet

2,1

15

9

30-Juillet

8,39

22

15

15-Août

14,73

125

70

30-Août

12,67

116

64

15-Septembre

4,3

366

185

30-Septembre

4

195

100

La différence de débit observée dans le tableau entre les sites provient du fait que, le site 2, situé en partie terminale (exutoire) de la zone avale du bas fond, reçoit les eaux venant des cours d'eaux avals qui augmentent considérablement son débit. L'écoulement moyen maximal atteint dans le lit mineur un débit de 185 l/s soit 666 m3/h. Il peut s'augmenter en fonction de la pluviométrie annuelle. En relation avec son réseau hydrographique et sa surface, le bas fond est le siège d'un écoulement de surface très important. La gestion de cet écoulement pose de nombreux problèmes techniques aux usagers de l'espace considéré. Les problèmes d'inondation des parcelles et des conflits entre producteurs liés à l'accès à l'eau d'irrigation en saison sèche sont les contraintes les plus citées par les exploitants. Ces problèmes sont les conséquences directes de la non maîtrise de la variation temporelle de cette ressource. Cette alternance de phase de submersion et d'exondation des sols du bas fond, selon Lavigne et al (1996), l'expose aux risques de toxicité ferreuse (réduction du fer Fe3+ en Fe2+) et aluminique (réoxydation du fer qui libère les ions H+ et dont acidifie le sol et l'aluminium devient alors plus soluble). La canne à sucre comme le riz, très exploitée dans des conditions de submersion, ne supportent pas les risques de toxicité. Il importe pour améliorer la production de créer des bonnes conditions de drainage.

Dans le tronçon de mesure avec la méthode de Manning Strickler, les débits obtenus sont encore plus élevés que ceux des sites 1 & 2. En moyenne 371 l/s sont enregistrés pendant la période pluvieuse. Ce débit, convoyé dans un canal mal dimensionné (petites dimensions, mauvaise orientation), produit plus d'effet négatif que positif. Néanmoins, il confirme l'importance des écoulements de surface signalée plus haut. Les dégâts répétés dans les champs, et leurs dévastations suite à une averse sont

des preuves palpables du problème vécu par les paysans. A cause de cette difficulté de canalisation, le problème de drainage persiste et empêche l'exploitation en saison pluvieuse de certaines parcelles près du lit mineur.

Avec les débits moyens de 185 l/s obtenue par méthode volumétrique et 371 l/s dans un canal de drainage, il serait bien de penser à la valorisation du stock d'eau annuel. Pour cela, la recharge des nappes phréatiques et l'épandage des eaux vers les versants peuvent accroître le temps de disponibilité de l'eau pendant la saison sèche. En effet, les principaux problèmes d'exploitation rationnelle du bas fond, comme nous l'avons dit plus haut, résident au niveau de la maîtrise de la variabilité de sa ressource en eau dans l'année. Cette contrainte peut être levée par des aménagements hydro agricoles (choix et type d'ouvrage hydrauliques) et l'amélioration du système actuel d'irrigation et drainage. Ces actions, outre l'accroissement des surfaces cultivées, permettront de mieux organiser les exploitants et par conséquence de mieux les intégrer dans le processus de gestion des ressources naturelles. L'absence des puits dans la zone centrale du bas fond est certainement due à l'abondance de cette ressource pendant une bonne partie de la saison sèche. Cela nous amène à dire, avec confiance, que toute action favorisant la recharge des nappes et l'épandage des eaux se traduira par une augmentation considérable des surfaces cultivables et une meilleure rémunération au travail des exploitants. Lavigne et al, (1996) mentionnent que la seconde contrainte, directement liée à la première, tient à l'enherbement, qui exige de lourds investissements en sarclage. En bas-fonds aménagés, le maintien d'une lame d'eau limite l'enherbement, et donc le temps de travail consacré au sarclage, ce qui accroît significativement la productivité du travail.

La permanence en quantité suffisante de l'eau dans le bas fond améliorera la capacité des points d'abreuvement des animaux surtout si la profondeur de ces points de stockage a été augmentée. Dans ce contexte, les conflits agropastoraux persisteront si les abords de ces points ne sont pas aménagés ou clôturé pour limiter le mouvement des troupeaux. L'intégration parfaite de l'élevage dans ce milieu dépendra des mesures prises pour assurer les activités d'abreuvement.

ii. Variation du niveau de la nappe phréatique

La dynamique des nappes superficielles (nappes phréatiques) suit en général un rythme annuel en réponse aux épisodes pluvieux. Elles remontent au cours de la saison pluvieuse et se vidangent en période sèche. Ce mouvement peut être apprécié par la

connaissance de leur vitesse de montée et de vidange. En considérant que le temps est le seul facteur de variation, le calcul de la vitesse de montée dans les puits pendant les mois de fortes pluies a permis de réaliser le graphique présenté par la figure 4.5.

Niveau de la nappe dans les puits (m)

5

4,5

4

3,5

3

2,5 2 1,5 1

0,5

0

 

puits 1 puits 2 puits 3 puits 4

Temps (en jour)

15 30 45 60 75 90

Figure 4.5 : Vitesse de montée d'eau (Juilet-Septembre) dans les puits

Cette figure exprime en réalité l'état d'écoulement souterrain observé au niveau des puits. Pour les paysans, c'est pendant le mois de juin que le niveau de l'eau dans les puits commence à monter. Mais en général, c'est à partir de juillet que cela devient remarquable. Dans la partie tête du bas fond, reflétée par les puits 1 & 2, la nappe remonte avec une hauteur de 1,3 m pendant la période d'étude, soit 1,44 cm/j. Sa recharge est plus liée aux eaux de percolation qu'à l'apport du lit mineur u bas fond. Au niveau du puits 3 où l'exploitation d'eau est intense, cette vitesse est très faible. Cela semble être normal par ce que le puits se trouve sur le versant amont du bas fond. Aucun cours d'eau ne participe à son alimentation. Avec le puits 4, situé en zone à chevale entre l'amont et l'aval du bas fond, l'effet du lit mineur sur la nappe est évident. La hauteur atteinte est de 4 m soit une vitesse de 4,44 cm/j. La nappe se trouve en fin de septembre à 0,5 m du sol malgré son exploitation pour les activités ménagères. La proximité de ce puits avec le lit mineur est un atout pour le développement du maraîchage. En effet si les conditions de stockage d'eau s'améliorent, la recharge de la nappe sera plus influencée et le développement de la culture maraîchère sur l'espace exondé sera bien possible.

L'analyse du fonctionnement hydrologique du bas fond nous confirme l'importance des écoulements de surface et souterrains. Il existe surtout en zone avale, une nette communication entre ces écoulements très dépendant de la perméabilité du sol. Toutefois, le calendrier et la hauteur des inondations, la vitesse et la durée des crues, la profondeur de la nappe en saison sèche sont les déterminants des possibilités de mise en culture sans aménagement, ainsi que les objectifs hydrauliques d'un aménagement (Lavigne et al, 1996).

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo