4.1.2.2 Fonctionnement hydrologique du bas fond
i. Les écoulements de surface
Au vu de son réseau hydrographique, le bas fond de
Laïndé Karéwa est alimenté, en saison pluvieuse, par
plusieurs cours d'eaux. Ces derniers confluent en plusieurs endroits dont trois
parmi eux ont été retenus pour les mesures de débit. Sur
les deux
sites de mesure de débit par volumétrie, nous avons
obtenus les valeurs moyennes
présentées dans le tableau suivant.
Tableau 4.3: Débit maximal des sites 1 &
2
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Dates
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Débit site 1 Q (l/s)
|
Débit site 2 Q (l/s)
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Débit moyen sites 1&2 Q (l/s)
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15-Juillet
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2,1
|
15
|
9
|
30-Juillet
|
8,39
|
22
|
15
|
15-Août
|
14,73
|
125
|
70
|
30-Août
|
12,67
|
116
|
64
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15-Septembre
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4,3
|
366
|
185
|
30-Septembre
|
4
|
195
|
100
|
La différence de débit observée dans le
tableau entre les sites provient du fait que, le site 2, situé en partie
terminale (exutoire) de la zone avale du bas fond, reçoit les eaux
venant des cours d'eaux avals qui augmentent considérablement son
débit. L'écoulement moyen maximal atteint dans le lit mineur un
débit de 185 l/s soit 666 m3/h. Il peut s'augmenter en
fonction de la pluviométrie annuelle. En relation avec son réseau
hydrographique et sa surface, le bas fond est le siège d'un
écoulement de surface très important. La gestion de cet
écoulement pose de nombreux problèmes techniques aux usagers de
l'espace considéré. Les problèmes d'inondation des
parcelles et des conflits entre producteurs liés à l'accès
à l'eau d'irrigation en saison sèche sont les contraintes les
plus citées par les exploitants. Ces problèmes sont les
conséquences directes de la non maîtrise de la variation
temporelle de cette ressource. Cette alternance de phase de submersion et
d'exondation des sols du bas fond, selon Lavigne et al (1996),
l'expose aux risques de toxicité ferreuse (réduction du fer Fe3+
en Fe2+) et aluminique (réoxydation du fer qui libère les ions H+
et dont acidifie le sol et l'aluminium devient alors plus soluble). La canne
à sucre comme le riz, très exploitée dans des conditions
de submersion, ne supportent pas les risques de toxicité. Il importe
pour améliorer la production de créer des bonnes conditions de
drainage.
Dans le tronçon de mesure avec la méthode de
Manning Strickler, les débits obtenus sont encore plus
élevés que ceux des sites 1 & 2. En moyenne 371 l/s sont
enregistrés pendant la période pluvieuse. Ce débit,
convoyé dans un canal mal dimensionné (petites dimensions,
mauvaise orientation), produit plus d'effet négatif que positif.
Néanmoins, il confirme l'importance des écoulements de surface
signalée plus haut. Les dégâts répétés
dans les champs, et leurs dévastations suite à une averse sont
des preuves palpables du problème vécu par les
paysans. A cause de cette difficulté de canalisation, le problème
de drainage persiste et empêche l'exploitation en saison pluvieuse de
certaines parcelles près du lit mineur.
Avec les débits moyens de 185 l/s obtenue par
méthode volumétrique et 371 l/s dans un canal de drainage, il
serait bien de penser à la valorisation du stock d'eau annuel. Pour
cela, la recharge des nappes phréatiques et l'épandage des eaux
vers les versants peuvent accroître le temps de disponibilité de
l'eau pendant la saison sèche. En effet, les principaux problèmes
d'exploitation rationnelle du bas fond, comme nous l'avons dit plus haut,
résident au niveau de la maîtrise de la variabilité de sa
ressource en eau dans l'année. Cette contrainte peut être
levée par des aménagements hydro agricoles (choix et type
d'ouvrage hydrauliques) et l'amélioration du système actuel
d'irrigation et drainage. Ces actions, outre l'accroissement des surfaces
cultivées, permettront de mieux organiser les exploitants et par
conséquence de mieux les intégrer dans le processus de gestion
des ressources naturelles. L'absence des puits dans la zone centrale du bas
fond est certainement due à l'abondance de cette ressource pendant une
bonne partie de la saison sèche. Cela nous amène à dire,
avec confiance, que toute action favorisant la recharge des nappes et
l'épandage des eaux se traduira par une augmentation considérable
des surfaces cultivables et une meilleure rémunération au travail
des exploitants. Lavigne et al, (1996) mentionnent que la seconde
contrainte, directement liée à la première, tient à
l'enherbement, qui exige de lourds investissements en sarclage. En bas-fonds
aménagés, le maintien d'une lame d'eau limite l'enherbement, et
donc le temps de travail consacré au sarclage, ce qui accroît
significativement la productivité du travail.
La permanence en quantité suffisante de l'eau dans le
bas fond améliorera la capacité des points d'abreuvement des
animaux surtout si la profondeur de ces points de stockage a été
augmentée. Dans ce contexte, les conflits agropastoraux persisteront si
les abords de ces points ne sont pas aménagés ou
clôturé pour limiter le mouvement des troupeaux.
L'intégration parfaite de l'élevage dans ce milieu
dépendra des mesures prises pour assurer les activités
d'abreuvement.
ii. Variation du niveau de la nappe
phréatique
La dynamique des nappes superficielles (nappes
phréatiques) suit en général un rythme annuel en
réponse aux épisodes pluvieux. Elles remontent au cours de la
saison pluvieuse et se vidangent en période sèche. Ce mouvement
peut être apprécié par la
connaissance de leur vitesse de montée et de vidange.
En considérant que le temps est le seul facteur de variation, le calcul
de la vitesse de montée dans les puits pendant les mois de fortes pluies
a permis de réaliser le graphique présenté par la figure
4.5.
Niveau de la nappe dans les puits (m)
|
5
4,5
4
3,5
3
2,5 2 1,5 1
0,5
0
|
|
puits 1 puits 2 puits 3 puits 4
|
Temps (en jour)
15 30 45 60 75 90
Figure 4.5 : Vitesse de montée d'eau
(Juilet-Septembre) dans les puits
Cette figure exprime en réalité l'état
d'écoulement souterrain observé au niveau des puits. Pour les
paysans, c'est pendant le mois de juin que le niveau de l'eau dans les puits
commence à monter. Mais en général, c'est à partir
de juillet que cela devient remarquable. Dans la partie tête du bas fond,
reflétée par les puits 1 & 2, la nappe remonte avec une
hauteur de 1,3 m pendant la période d'étude, soit 1,44 cm/j. Sa
recharge est plus liée aux eaux de percolation qu'à l'apport du
lit mineur u bas fond. Au niveau du puits 3 où l'exploitation d'eau est
intense, cette vitesse est très faible. Cela semble être normal
par ce que le puits se trouve sur le versant amont du bas fond. Aucun cours
d'eau ne participe à son alimentation. Avec le puits 4, situé en
zone à chevale entre l'amont et l'aval du bas fond, l'effet du lit
mineur sur la nappe est évident. La hauteur atteinte est de 4 m soit une
vitesse de 4,44 cm/j. La nappe se trouve en fin de septembre à 0,5 m du
sol malgré son exploitation pour les activités
ménagères. La proximité de ce puits avec le lit mineur est
un atout pour le développement du maraîchage. En effet si les
conditions de stockage d'eau s'améliorent, la recharge de la nappe sera
plus influencée et le développement de la culture
maraîchère sur l'espace exondé sera bien possible.
L'analyse du fonctionnement hydrologique du bas fond nous
confirme l'importance des écoulements de surface et souterrains. Il
existe surtout en zone avale, une nette communication entre ces
écoulements très dépendant de la
perméabilité du sol. Toutefois, le calendrier et la hauteur des
inondations, la vitesse et la durée des crues, la profondeur de la nappe
en saison sèche sont les déterminants des possibilités de
mise en culture sans aménagement, ainsi que les objectifs hydrauliques
d'un aménagement (Lavigne et al, 1996).
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