CONCLUSION
Le présent travail qui a fait l'objet de notre
étude était libellé « Les
contes Egyptiens anciens et les contes de l'Afrique
subsaharienne : essai d'une analyse
comparée » .La problématique centrale de
notre travail était de savoir si les contes pouvaient nous permettre
d'établir une parenté culturelle entre l'Egypte ancienne et
l'Afrique noire.
Parvenus au terme de notre analyse, nous ne saurions nous
vanter d'avoir exposé tous les éléments communs aux
contes Egyptiens anciens et négro-africains .Toutefois, notre
travail nous a permis de confirmer l'hypothèse selon laquelle les contes
Egyptiens anciens et négro-africains trahissent les rapports de
parenté indéniables entre les deux civilisations. Aussi, notre
tache qui consistait à exposer les éléments de
ressemblances et de divergences entre ces contes s'est faite en quatre
chapitres.
Au premier chapitre, il était question
d'analyser comparativement la manifestation et les procédés
stylistiques des contes Egyptiens anciens et négro-africains. Nous
sommes partis des formules et des figures de style qu'affectionnent les
conteurs négro-africains pour ressortir les similitudes et les
divergences qui existent entre ces contes. Pour ce qui est des similitudes,
en dépit de la longueur des formules initiales et finales des contes
n°5 « la femme
adultère » et n°6 «
la boucle de la rameuse »,nous pouvons dire que
presque tous les contes Egyptiens anciens et négro-africains ont des
formules. En sus de ces formules ces contes ont en commun les
répétitions qui sont palpables dans les contes la
légende des deux frères, le duel de Vérité et de
mensonge, l'amitié des deux chacals, le prince prédestiné,
pourquoi-y'a-t-il tant d'idiots de par le monde ? Les trois soeurs et
Itrimoubé, l'histoire de Raboutity, le cultivateur sa femme et les
génies, l'ingratitude et le fils de Nkan. En ce qui concerne
les procédés stylistiques nous avons relevés que le
discours direct qui se traduit par l'absence de la première personne du
singulier et du pluriel et les dialogues parsèment ces contes. Outre le
discours direct et les dialogues, nous avons dans ces contes la présence
des proverbes et l'anthropomorphisation où nous avons des animaux et des
notions « Vérité
et Mensonge » qui ont des attributs humains.
Au-delà de ces similitudes qui
précèdent apparaît néanmoins un point de divergence,
il s'agit notamment de l'absence des chants dans les contes Egyptiens
anciens.
Au second chapitre de notre exposé, nous
nous sommes évertués à analyser les structures narratives
des contes Egyptiens anciens et négro-africains .Partant des analyses de
Greimas, nous avons procédé a une analyse sémiotique qui
nous a permis de remarquer que ces contes présentent les mêmes
structures à savoir : une introduction, un corps du conte, et une
conclusion. A la suite de cette structure nous avons pu ressortir les
schémas fonctionnels et actanciels, en ce qui concerne les
schémas fonctionnels ; nous avons observé que pareillement
aux contes négro-africains, les contes Egyptiens anciens
présentent une situation initiale, un évènement
modificateur ou perturbateur, des épreuves et une situation finale. Pour
ce qui est des schémas actanciels, notre étude nous a permis de
constater qu'à l'instar des contes négro- africains, les contes
Egyptiens anciens comportent une quête ou le héros qui va à
la quête de l'objet de valeur a des adjuvants qui l'aident dans sa
quête et des opposants qui ont pour ambition de freiner le héros
dans son action.
Après avoir procédé à
l'analyse sémiotique de ces contes, nous avons mis en exergue les
différents types de contes africains tel que proposés par Denis
Paulme. De manière plus précise nous nous sommes attelés
à ressortir les huit types de contes regroupés en formes simples
et complexes. De cette analyse typologique il est ressorti qu'à
l'exception du type en divergence qui est spécifique au conte
« le lièvre et l'hyène ».
Les contes négro-africains et Egyptiens anciens ont en commun les types
ascendant, descendant, cyclique, en spirale et en sablier.
Au troisième chapitre de notre analyse il
était question d'étudier le fonctionnement des personnages des
contes du corpus. Pour mener à bien cette étude nous nous sommes
servis des analyses de Philippe Hamon qui a proposé une
hiérarchisation des personnages en personnages principaux et
personnages secondaires. Nous avons pu noter que cette hiérarchisation
apparaît dans ces contes dans la mesure où nous avons dans tous
les contes au moins un personnage principal. Ce personnage principal ou
héros est dans ces contes le point de départ et d'arrivée
de tous les évènements qui composent l'intrigue. A coté
de ces personnages nous avons relevé des personnages secondaires
divisés en deux catégories, d'un coté il y'a les adjuvants
qui aident le héros à obtenir l'objet de sa quête et, de
l'autre les opposants qui sont des obstacles à l'épanouissement
du héros.
Outre cette hiérarchisation des personnages nous avons
observé d'une part que dans ces contes, les conteurs ne font qu'une
brève évocation du portrait physique tandis que le portrait moral
fait l'objet d'une analyse plus soutenue. Cette carence nous laisse penser que
le fondamental pour ce genre de récit est de présenter une
peinture intérieure prompt à émouvoir l'auditoire. C'est
sans doute dans cette logique que Mohamadou Kane a
déclaré
Qu'on peut déceler la permanence de la technique
du conte populaire dans l'absence d'un portrait physique (...) Le conte se
contente de « silhouetter » son personnage qu'il campe plus
au moral qu'au physique. En général, l'orientation didactique
commande ce portrait qui, quelque esquisse que ce soit, doit traduire
l'âme du personnage
Et d'autre part qu'en plus du règne humain nous
avons les règnes animaux, notionnels, célestes et surnaturels.
Au quatrième et dernier chapitre il s'agissait
d'analyser les structures discursives des contes du corpus. Nous sommes partis
d'une étude thématique pour ressortir les thèmes communs
et les thèmes spécifiques aux contes Egyptiens anciens et
négro-africains. Nous avons pu identifier 6 thèmes communs
à savoir l'amour , le mariage, la mort, la polygamie, la
royauté et la ruse. Ces thèmes communs nous ont permis de mettre
en évidence une ressemblance très apparente qui nous pousse
à remarquer que la culture Egyptienne ancienne survie encore en Afrique
noire. En ce qui concerne les thèmes spécifiques, nous nous
sommes limités à l'urbanisme, l'industrie et l'école. Nous
avons signalé que les contes négro-africains de notre corpus
étaient issus d'un environnement traditionnel qui n'avait pas encore
connu l'influence de la modernité qui a commencé avec la
colonisation. A l'opposé, les contes Egyptiens sont dans un
environnement moderne parce que l'Egypte est le berceau de la civilisation
moderne.
A la suite de cette étude thématique nous
avons analysés les significations de ces contes, nous avons notamment
relevés 4 significations à savoir les significations ludique,
sociologique, politique et cognitive ; notre étude nous aura permis
de constater que ces significations sont communes aux contes
négro-africains et Egyptiens anciens.
En définitive, à la question de savoir si
les contes peuvent nous permettre d'établir un continuum culturel entre
l'Egypte ancienne et l'Afrique noire, nous sommes aboutir au résultat
suivant :
Sur le plan de la manifestation et des
procédés stylistiques nous remarquons qu'à l'exception des
chants qui sont spécifiques aux contes négro-africains, les
contes Egyptiens anciens et négro-africains ont en commun les formules,
les répétitions, le discours direct, l'usage des proverbes et
l'anthropomorphisation.
Sur le plan des structures narratives, ces contes ont en
commun les schémas fonctionnel et actanciel ; outre ces
schémas ils ont en commun les typologies ascendantes, descendante,
cyclique, en spirale et en sablier. A ce niveau la seule différence que
nous avons observée est l'absence du type en divergence dans les contes
Egyptiens anciens.
En ce qui concerne les personnages, nous avons remarqué
que l'étude menée sur les personnages des contes
négro-africains est identique à celle menée sur les
personnages des contes Egyptiens anciens.
Pour ce qui est des structures discursives, nous avons
noté que ces contes ont en commun les thèmes de l'amour, du
mariage, de la mort, de la polygamie, de la royauté et de la ruse.
Sur le plan thématique la seule différence
était la spécificité des thèmes de l'urbanisme , de
l'école et de l'industrie dans les contes Egyptiens anciens. Par
ailleurs, ces contes ont en commun les significations ludique, sociologique,
politique et cognitive.
Le présent résultat nous permet de constater
que les points de ressemblances entre les contes Egyptiens anciens et
négro-africains sont plus évidents que les différences. Le
primat indéniable de ces ressemblances nous amène à
conclure que l'Egypte ancienne berceau de la civilisation moderne survit
toujours en Afrique Noire.
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