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Expérience d'art-thérapie aux dominantes écriture et arts plastiques auprès de la personne à¢gée dépendante souffrant d'exclusion sociale

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par Marie NOà‹L
Université François Rabelais - faculté de médecine de Tours - Diplôme universitaire d'art- thérapie 2010
  

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C) L'analyse des résultats met en évidence les points communs et les particularités de chaque patiente au regard de la prise en charge art-thérapeutique.

1) Il est nécessaire d'établir un rappel des deux expériences art-thérapeutiques dans un souci de simplification nécessaire à une compréhension optimale de l'analyse de ces expériences.

Les données observées de ces deux expériences sont assez nombreuses et complexes, et peuvent paraître ambiguës au niveau du lien qu'elles entretiennent avec l'art-thérapie. C'est pour cela que nous allons évoquer de façon synthétique la raison qui a amené la patiente à suivre un travail art-thérapeutique, comment celui-ci a opéré et quel bilan a pu être dressé à la fin de la prise en charge.

Mme A était une patiente atteinte de la maladie d'Alzheimer à un stade modérément avancé. Elle s'était toujours relativement investie dans les activités de l'établissement, mais progressivement, elle s'est détachée de la collectivité, et ne souhaitait plus que rester dans sa chambre << à attendre la fin ». Sa famille qui venait lui rendre visite ne savait plus quoi faire pour lui changer les idées et sortir de son comportement dépressif. Sur indication du personnel soignant du troisième étage, un projet de prise en charge art-thérapeutique en individuel a été envisagé. L'objectif principal était, bien sûr, d'amener Mme A à désirer se réinvestir au sein des groupes de résidents qui participaient aux activités d'animation (et dont certains étaient ses amis) ; toutefois, cet objectif est impossible à obtenir sans atteindre préalablement des objectifs dits << intermédiaires », surtout quand il s'agit de réinsérer socialement une personne exclue. Tout d'abord, il a fallu établir une relation de confiance dans un cadre rassurant ; c'est ce qui s'est passé dans les séances réalisées dans la chambre de Mme A et << à l'abri » des autres, qui angoissaient à ce moment-là la patiente. La maladie d'Alzheimer ne facilite guère l'assimilation de nouveaux repères, la relation est donc très fragile, et doit sans cesse être entretenue d'une façon apaisante et patiente. L'équipe soignante en est également consciente, et s'est investie dans la prise en charge en intervenant entre les séances (stimulation mnésique, nouvelle approche relationnelle...), permettant à Mme A de s'inscrire dans une dynamique qu'elle ne vivait plus à cause de l'exclusion. L'objectif intermédiaire suivant était de montrer à Mme A, à travers des activités qui lui étaient familières ou non (écriture, arts plastiques), qu'elle était toujours capable d'éprouver du plaisir et lui faire prendre conscience de sa sensibilité artistique, qu'elle croyait au départ inexistante. Et pourtant, ce qui au départ était péniblement une once de curiosité pour le travail proposé par l'art-thérapeute, a fini par devenir un réel intérêt et un investissement physique et psychologique notable, même si Mme A faisait toujours preuve d'une élégante discrétion. La dernière séance (modelage à l'argile d'une fleur) a d'ailleurs été un tremplin réussi pour Mme A vis-à-vis du groupe. Les animatrices ont ensuite pris le relais, et depuis, Mme A, malgré l'aggravation de sa maladie, prend beaucoup de plaisir à participer aux ateliers pratiques, aux discussions, et aux spectacles. L'objectif principal de réinsertion a donc été atteint.

Les choses se sont présentées différemment pour Mme B. Si la pénalité était la même (exclusion), les troubles associés ne l'étaient pas. La patiente présentait une déficience importante des repères spatiotemporels et de la mémoire autobiographique, ainsi qu'une déficience légère de la mémoire à court terme ; mais il faut souligner qu'aucune démence n'a été diagnostiquée chez Mme B. De plus, les modalités de l'objectif principal sont également différentes de Mme A ; ici, le but était de lui donner envie de participer aux activités de groupes, à cause de la solitude, de l'ennui, et de l'angoisse provoqués par l'incompréhension du fait qu'elle ne peut pas rentrer chez elle. Avoir envie de s'intégrer pourrait aussi une

accroche intéressante lorsque son retour au domicile serait effectif, cela l'inscrirait dans une dynamique relationnelle qu'elle n'avait a priori pas connu avec ses proches et son voisinage avant son arrivée à l'hôpital. Comme Mme B était souvent convaincue de quitter l'établissement de manière imminente, elle ne voyait pas l'utilité de s'intéresser à ce qui l'entourait dans la structure, y compris sa voisine de chambre. L'approche art-thérapeutique envers Mme B devait donc être adaptée en fonction de tous ces critères. Le premier objectif à atteindre était alors de susciter de l'intérêt chez la patiente envers la structure. Ensuite, par l'activité artistique, montrer à Mme B qu'elle était capable de prendre du plaisir à << travailler >> ; puis à partager ce plaisir avec d'autres personnes. Mme B possédait une gentillesse et une bienveillance naturelles, ce qui a rapidement amélioré la qualité relationnelle qu'elle établissait avec les autres résidents. Et, avec les encouragements et les félicitations du personnel, et de ses nouvelles connaissances, Mme B a pu rapidement se faire une place au sein de la collectivité. Selon elle, la vie active ne lui avait pas vraiment permis de forger des liens durables avec les autres, mais après la découverte des activités artistiques manuelles, le << travail >> pouvait désormais se conjuguer avec le plaisir et la solidarité. La prise en charge art-thérapeutique a été un moyen pour Mme B d'appliquer son énergie, jusque là étouffée par ses troubles neurologiques, au service de son propre bien-être, puis plus tard à celui des autres.

Nous reviendrons dans la dernière partie de ce mémoire sur ce qui justifie l'usage des techniques artistiques employées pour les deux patientes. Nous allons maintenant nous pencher sur les faits observés pendant la prise en charge art-thérapeutique, et leur analyse.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry