1.2. Revue de littérature
L'accès à l'eau potable et à
l'assainissement a fait l'objet de nombreuses études
réalisées à des échelles différentes. Ces
études qui, par le passé, sont beaucoup plus orientées
vers les milieux ruraux où l'eau est un facteur de production important,
s'intéressent aujourd'hui de plus en plus aux centres urbains du fait de
la croissance démographique et spatiale des villes et les
problèmes qui en découlent.
A l'échelle du monde
Les Nations Unies sont particulièrement
préoccupées par les problèmes d'accès à
l'eau et à l'assainissement. En mars 1977, à la conférence
de Mer Del Plata, elles ont décrété les années
1981-1990, Décennie Internationale de l'Eau Potable et de
l'Assainissement (DIEPA) qui devrait au terme de dix ans, favoriser à
tous, l'accès à l'eau potable et à l'assainissement. Deux
ans après la DIEPA, lors du sommet de la Planète Terre de Rio de
Janeiro, les Nations Unies ont inscrit dans leur agenda d'action la date du 23
mars de chaque année comme Journée Mondiale de l'Eau. Il s'agit
de marquer cette journée de réflexions et d'actions en faveur de
l'eau dans le monde. La synthèse de la table ronde sur l'eau potable et
la santé dans les quartiers urbains défavorisés
organisée par la conférence des Nations Unies sur l'environnement
et le développement, et le programme « solidarité eau »
(PSEAU) à Sophia Antipolis du 21 au 23 février 1994 a fait deux
constats : l'étalement des villes expose les populations à des
graves dangers liés à la dégradation de l'environnement
sous le regard impuissant sinon inconscient des autorités. Des
conditions de vie précaires dans les zones périurbaines non lotis
augmentent la vulnérabilité des populations, menacent les valeurs
sociales et morales ainsi que la dignité humaine. Selon cette
synthèse 80% des maladies et plus d'un tiers de décès dans
les pays en développement sont liés à la consommation
d'eau de mauvaise qualité et à un assainissement insalubre. Elle
a aussi noté que les efforts conjugués de la communauté
internationale et ceux des Etats lors de DIEPA ont permis une
amélioration très significative d'accès à l'eau
potable dans les milieux urbains alors que la situation dans les quartiers
périurbains reste préoccupante. Le rapport mondial du PNUD sur le
développement humain 2006 : « Au-delà de la
pénurie : pouvoir, pauvreté et crise mondiale de l'eau »
a énoncé la situation de l'eau et de l'assainissement en ces
termes : « L'eau et l'assainissement figurent parmi les médicaments
préventifs les plus puissants dont disposent les gouvernements pour
faire baisser le nombre des maladies infectieuses. Les investissements dans ce
domaine sont aux maladies meurtrières telle que diarrhée, ce que
la vaccination est à la rougeole : ils sauvent des vies ».
Une étude menée par « India Institut of
Médical Science » en 1996 montre que les enfants de moins de cinq
ans ont jusqu'à trois épisodes de diarrhées par an, tandis
que ceux qui vivent dans les zones urbaines irrégulières en ont
jusqu'à huit (BHAN M.K. :2000). GORTER A. C. et col. (1991), soulignent
à travers des études réalisées à Nicaragua
que les enfants qui habitent la maison où la disponibilité en eau
potable est faible ont un taux de diarrhée plus élevé
(34%) que ceux qui bénéficient d'un meilleur approvisionnement.
William D : (2007) a fait remarquer en ce terme « On croit souvent
à tort qu'il suffit de disposer de médecins et des hôpitaux
en quantité et en qualité pour obtenir le meilleur état de
santé possible. Aussi importantes qu'elles soient, ces ressources ne
suffisent pas ». L'environnement est donc déterminant pour
l'état de santé. Wateraid, dans la synthèse de son dernier
rapport (12 mai 2009), semble rappelé à la communauté
internationale et aux pays pauvres que certaines
promesses des OMD n'auront qu'un effet d'annonce. Cette ONG
britannique qui oeuvre pour l'accès à l'eau potable et à
l'assainissement dans les pays en développement révèle que
:
Plus de 1milliard de personnes dans le monde n'ont pas
accès à l'eau potable ;
Plus de 2 milliards de personnes dans le monde ne
bénéficient pas de solutions de l'assainissement.
A l'échelle des villes Africaines
Les ouvrages réalisés dans le domaine de l'eau
potable et de l'assainissement à l'échelle africaine sont aussi
nombreux.
Dans une thèse de Doctorat en pharmacie sur «
L'alimentation en eau potable d'une grande ville ouest africaine »,
LAOUSSE T. (1983) a souligné que la consommation de l'eau à Dakar
est satisfaisante, aussi bien en quantité qu'en qualité.
Cependant, il évoque avec insistance les différences croissantes
d'alimentation en eau potable et l'urgence de mettre en place d'autres sources
de captage au regard du rythme actuel de consommation à Dakar. SALEM G.
(1998), dans son ouvrage « Santé dans la ville, géographie
d'un petit espace dense : Pikine (Sénégal) » a
procédé par une caractérisation de l'espace urbain qui
fait transparaitre la santé comme un puissant révélateur
des inégalités intra urbaines. Pour cet auteur, l'espace est un
distributeur de facteurs de risques sanitaires notamment diarrhéiques et
du paludisme. ADELINE T. (1997) a établi un lien entre la qualité
de l'eau, le type d'adduction et le type d'aménagement et en vient
à la conclusion que les populations qui ont recourt aux forages
consomment de l'eau très souvent fortement polluée. Son analyse
portait sur la qualité chimique et bactériologique des eaux
souterraines en milieu périurbain au Cameroun. La thèse de
Doctorat présentée par BANZA NSUNGU A. (2004) sur «
L'environnement urbain et santé : la morbidité diarrhéique
des enfants de moins de cinq ans à Yaoundé au Cameroun » a
montré que le niveau d'accès à l'eau potable est plus
préoccupant dans les zones d'habitation spontanée que dans les
zones d'habitat planifié. REMIS-THOMAS N. est arrivé au constat
que les quartiers périurbains non lotis ont des difficultés
d'accès à l'eau potable. Il révèle que le
problème d'approvisionnement est rendu beaucoup plus complexe par la
configuration même de ces zones.
A l'échelle de Niamey
A l'échelle de Niamey, nombreuses sont les
études réalisées dans le domaine de la pollution des
ressources en eau et le cadre de vie collective que celles traitant de la
problématique d'accès à l'eau potable dans la ville.
BECHLER-CARMAN N., MIETTON M., LAMOTTE M., (1999), sous le
titre «Le risque de pénurie en eau potable dans la ville de Niamey
», paru dans Sécheresse N°4, vol 10, avaient posé la
problématique en termes de pénurie en cette ressource face
à une population de plus en plus nombreuse. La pénurie s'exprime
ici en termes
d'absence d'infrastructure et d'équipement devant
accompagner la croissance démographique. Dans sa thèse de
Doctorat sur « Cadre de vie et système de santé à
Niamey », MOTCHO K. H. :(1991), a souligné la dégradation du
cadre de vie à Niamey par des pollutions d'origine diverse qui affectent
l'eau et la santé des populations urbaines. La gestion non
maitrisée des déchets urbains est responsable d'aggravation des
risques sanitaires, a estimé cet auteur. BONTIANTI A. (1992), dans un
mémoire de maitrise de géographie, attirait aussi l'attention des
gestionnaires de la ville sur l'ampleur que prenait le niveau
d'insalubrité. L'étude conduite par HASSAN I.D. : (2005) sur
« Déchets urbains : de gestion, pollutions et risques sanitaires
majeurs dans la communauté urbaine de Niamey » a
débouché sur une évaluation d'un ensemble de pathologies
liées à l'insalubrité. Il s'agit principalement de la
diarrhée, du paludisme, de la bilharziose et autres qui sont
comptés parmi les dix principales maladies qui affectent la population
urbaine. En 2008, dans un ouvrages intitulé : « Gestion des
déchets à Niamey », SIDIKOU & BONTIANTI dressent un
état des lieux qui doit interpeller les décideurs politiques, les
partenaires à la coopération, les gestionnaires de la ville ainsi
que les citadins de Niamey sur les problèmes que pose l'administration
des déchets de la ville. Et à ces deux chercheurs de trouver le
terme juste « Le tout dans la rue » pour qualifier une pratique
urbaine qui, malheureusement, a encore de beaux jours devant lui, malgré
ses conséquences sanitaires, esthétiques, environnementales et
économiques. Pour améliorer la performance du sous secteur de
l'hydraulique urbaine des reformes institutionnelles ont conduit à la
signature d'un contrat dit de performance en 2001, entre le Groupe Veolia Water
et ses filiales SEEN (l'ex-SNE), SPEN, ARM et l'Etat nigérien. La
Stratégie de Développement Accéléré et de la
Réduction de la Pauvreté, dans sa publication pour l'année
2008-2012 souligne qu'en 2009, 96,7% de ménages de Niamey ont
accès à l'eau potable. Cependant, les différents modes
d'accès à cette ressource restent un facteur de risque pour la
santé de la population et l'environnement.
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