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Accès à  l'eau potable et à  l'assainissement; quels enjeux pour la santé dans les quartiers précaires? Etude appliquée au quartier Gamkallé de la commune IV de Niamey au Niger

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par Nguengar NASSARTEBAYE
Université Abdou Moumouni de Niamey - Maà®trise de géographie 2011
  

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1. LA PROBLEMATIQUE

1.1. Contexte de l'étude

Les Nations Unies estiment que d'ici à 2025 plus de la moitié de la population ouest africaine sera urbaine (ONU : 2005). Alain Duberson1 a démontré que le processus de l'urbanisation de l'Afrique est l'un des plus rapides au monde et le devenir du continent est indissociable de l'urbanisation de masse qui est la plus spectaculaire transformation survenue depuis des années 1950. Cette croissance n'est malheureusement, pas soutenue par une croissance économique capable de satisfaire les besoins en infrastructures de base, d'emploi, etc. En réponse à cette distorsion, se développent des agricultures marchandes intra et périurbaines parfois intensives (maraichage, arboriculture fruitière), le commerce alimentaire, stratifié de la vente ambulante de rue au grand marché en passant par la petite échoppe, l'artisanat de service (en particulier l'entretien et la réparation des cycles, d'automobiles et de camions, flottes de transports en commun privés illicites ou tolérés) et des productions (tailleurs, métier du bâtiment...). Un ensemble fort hétéroclite, mais constituant une solution, une adaptation à une nouvelle forme de vie. Il y'a donc des changements dans le mode de vie des populations, changements susceptibles d'apporter de profondes modifications du cadre de vie et d'influer sur la santé. Dans de nombreuses villes d'Afrique au sud du Sahara, cette situation se caractérise par la création des quartiers précaires densément peuplés et dépourvus d'infrastructures urbaines de base facilitant l'accès à l'eau potable et à l'assainissement.

A Nairobi au Kenya, Kibera est couramment cité comme le plus grand bidonville du monde avec plus de 700.000 habitants en 2005.2 Faute d'infrastructures d'accès convenable à l'eau potable et à l'assainissement, cette population vit dans des conditions très inadéquates qui l'exposent aux risques sanitaires. A N'djamena3 au Tchad, les quartiers Ridina, Chagoua, Dembé, Walia, sont d'une configuration morphologique qui ne permet pas aux ménages d'avoir accès direct aux réseaux d'adduction d'eau, et d'évacuer leurs ordures ménagères. Le recourt aux vendeurs d'eau, aux rares bornes fontaines et à d'autres sources d'eau non potables sont les modes les plus utilisés par les ménages pour se procurer de l'eau. En saison des pluies, certaines concessions sont souvent inondées et les retenues d'eau de ruissellement constituent des lieux privilégiés de reproduction de moustiques, aggravant les cas de paludisme. A Abidjan, le bidonville de Yaosehi de la commune de Yopougon, compte plus de 20 000 habitants4 dont la vie quotidienne côtoie la misère. A Niamey au Niger, les quartiers tels que Boukoki, Talladjé, Saga, Koira

1 Information Géographique l'Afrique, Alain Buber son, hors série N°1, septembre 2003

2 Rapport sur le Développement Humain, PNUD : 2006

3 Nos observations de terrain

4Http// :www.infoscience.epfl.ch.>infoscience

tegui, Liberté, Lacroussou, Yantala Bas, Deyzeybon, Zongo, Gamkallé se rapprochent de ces entités géographiques ci-dessus citées. Dans tous ces quartiers, avoir accès à l'eau potable se traduit par les faits suivants :

-Les ménages pauvres paient l'eau plus chère pour une petite quantité. Exemple : 78,3% 5 des ménages de Gamkallé s'approvisionnent en eau potable chez les vendeurs d'eau ;

-Parcourir une distance et patienter parfois des heurs durant dans les files d'attente devant les bornes fontaines. Exemple : 4,7% des ménages de Gamkallé s'approvisionnent aux bornes fontaines ;

-Ne pas disposer de robinet avec compteur individuel et utiliser un robinet avec compteur commun. Exemple 7,8% des ménages de Gamkallé utilisent un robinet en commun.

-Avoir recourt aux autres sources d'eau non potable telles que les eaux du fleuve avec tout le risque que cela présente. Exemple, 0,2% des ménages de Gamkallé utilise l'eau du fleuve.

A l'échelle du quartier Gamkallé, les diagnostics révélés par les études (EPPRVUG)6, indiquent que l a trame morphologique du quartier Gamkallé est irrégulière avec des voies sinueuses de largeur variable et peu de rues sont carrossables. Plus de 13% des concessions sont desservies par des voies qui se terminent dans l'impasse et plus d'une concession sur 100 se trouve totalement enclavée.

En matière d'accès à l'eau potable, ces études révèlent que seulement 16,8% de concessions sont raccordées à un réseau d'AEP et 3,35% disposent de branchements particuliers. Les différents modes d'approvisionnement en eau potable :

· 4,3% de ménages disposent de robinet avec compteur individuel ;

· 7,4% de ménages utilisent de robinet avec compteur commun ;

· 4,7% de ménages ont recourt aux bornes fontaines ;

· 78,3% de ménages achètent avec les vendeurs d'eau ;

· 0,2% de ménages s'approvisionnent au fleuve.

En matière d'assainissement, les mêmes études (EPPRVUG) 7 indiquent que
Gamkallé est très peu irrigué par les collecteurs d'eaux usées et ces rares ouvrages

5 Etudes préparatoires du projet réhabilitation du village urbain Gamkallé ; bureau d'études Bala et Himo, Rapport final septembre 2000.

6 Idem

7 (EPPRVUG) Etudes préparatoires du projet réhabilitation du village urbain Gamkallé, Cabinet d'études BALA et HIMO ; Rapport final : 2000

passent à l'extérieur des deux sous quartiers. On a en moyenne une douche pour 3,38 ménages.

Les modes de gestion des eaux usées, des excrétas et des ordures ménagères : 7,2% de ménages déversent leurs eaux usées dans la cour ;

53,3% les déversent dans les rues ;

4,5% dans les fosses ou puits abandonnés ;

25,9% les déversent dans les ouvrages de drainage pour les eaux pluviales.

Dans le domaine de gestion des excrétas, il y a en moyenne un lieu d'aisance pour 3,02 ménages. 86,9% de ménages utilisent de latrines et 2,3% disposent de WC modernes, pendant que 1,5% vont dans les toilettes publiques. L restes utilise les espaces publiques.

Les ordures ménagères sont déposées dans les conteneurs pour 43,1% de ménages. 15,7% de ménages les déposent dans les dépotoirs agréés et 26,8% abandonnent leurs ordures dans les dépotoirs « sauvages ».

Gamkallé comptait trois conteneurs à ordure tous localisés à Sebangueye dont un à l'intérieur du centre de santé intégré, et sept points de dépôts sauvages.

C'est dans ce contexte d'une urbanisation non contrôlée, non maitrisée qui devance les infrastructures urbaines de base, expose les populations des quartiers précaires à des risques, que s'inscrit le travail d'étude et de recherche. Ces transformations semblent freinées la progression vers l'atteinte des cibles des OMD et les stratégies de développement accéléré et durable auxquelles se sont souscrits les Etats.

L'examen de ce contexte et les observations de terrain ont suscité les questions suivantes :

§. Toute la population de Gamkallé a-t-elle accès à l'eau potable et à un système d'assainissement convenables ?

Au vu de la configuration du quartier Gamkallé, disposer de robinet avec compteur individuel ne pourrait être possible pour tous les ménages et l'insuffisance de système adéquat d'évacuation des eaux usées et de ruissellement contribuent à soutenir cette hypothèse.

§. Comment la population de Gamkallé procède t-elle pour accéder à l'eau potable et assainir son cadre de vie ? Dispose-t-elle suffisamment de l'eau pour ses besoins ?

Pour obtenir de l'eau potable et pour se débarrasser de ses déchets, la population doit utiliser des modes qui peuvent l'exposer aux risques sanitaires, créer des dommages environnementaux et économiques.

§. Quels sont les risques sanitaires, les coûts environnementaux et économiques que comportent les modes d'accès à l'eau potable et à l'assainissement ?

D'une part, disposer de l'eau en quantité insuffisante et de qualité douteuse, peut engendrer des facteurs de nombreuses maladies dont celles diarrhéiques. D'autre part, la durée des eaux usées et de ruissellement ainsi que celle des ordures ménagères à proximité des habitations est susceptible de générer les risques du paludisme et des dommages environnementaux.

§. Les normes internationales et nationales sont-elles observées lorsqu'il s'agit d'accès à l'eau potable et à l'assainissement dans les quartiers précaires comme Gamkallé ?

D'une part, disposer d'au moins 20 litres d'eau potable par jour et par personne et à moins de 200 mètres de la maison comme le préfigure l'OMS, sont des conditions qui ne seraient pas remplies par tous les ménages de Gamkallé. D'autre part, le quartier est contigu à la zone industrielle et on pourrait craindre que les normes internationales de rejet des effluents dans la nature ne soient pas respectées.

§.Dans ce contexte, quels liens possibles peut-on établir dans l'écheveau complexe d'interaction : eau potable-assainissement-santé-environnement-économie ?

Avoir accès à l'eau potable ne signifierait rien lorsque l'environnement serait insalubre. Un environnement insalubre peut-être porteur de risques de santé humaine, animale et végétale. Des populations humaines, animales et végétales en mauvaise santé produiraient moins et pourraient dépenser plus pour la santé.

§. A quelles conditions les reformes du sous secteur de l'hydraulique et le nouveau code de l'eau et de l'assainissement peuvent-ils favoriser la progression vers les cibles des OMD notamment dans les quartiers précaires?

Equiper les quartiers précaires en infrastructure urbaine de base facilitant leur accès convenable à l'eau et à l'assainissement resterait une condition nécessaire qui favoriserait la progression vers les cibles des OMD dans ce domaine.

§. Les hommes et les femmes sont-ils égaux face à la problématique d'accès à l'eau potable et à l'assainissement ?

La vulnérabilité des femmes et des enfants fait penser que ceux-ci peuvent-êtres les plus affectés par les problèmes d'accès à l'eau potable et à l'assainissement.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand