1.2.2.2. Production, transport et distribution de l'eau
potable dans la ville de Niamey
La production, le transport et la distribution de l'eau
potable dans les centres urbains au Niger sont assurés, depuis 2001, par
la SEEN en partenariat avec le ministère de l'hydraulique et de
l'environnement, l'ARM, la SPEN et le groupe Veolia eau.
En effet, dans le cadre de la reforme institutionnelle du sous
secteur de l'hydraulique urbaine, l'Etat a privatisé
l'ex-Société Nationale des Eaux (SNE) et a confié à
un opérateur privé (le groupe Veolia eau) qui détient 51%
des actions, les 34% des parts reviennent aux privés nigériens,
10% aux salariés de la SEEN et seulement 5% à l'Etat. Le groupe
possède par conséquent, et malheureusement, la direction et les
décisions d'une entreprise dont les services sensibles s'adressent aux
populations.
Selon les termes du contrat, la SPEN, concessionnaire du
patrimoine de l'hydraulique urbaine, est donc responsable de la gestion de ce
patrimoine, du service de la dette, de la mise en oeuvre des programmes
d'investissement et assure la réalisation des grands travaux tels que la
construction des châteaux et des canalisations.
La SEEN est la société fermière. Elle a
la responsabilité de la gestion technique et commerciale de la
production et de la distribution de l'eau. Elle assure l'exploitation et
l'entretien de l'infrastructure et du matériel d'exploitation, du
renouvellement du matériel d'exploitation, de l'exécution des
branchements et des poses compteurs. La SEEN gère le service
affermé depuis le 1er juin 2001 sous le contrôle de la
SPEN et de l'ARM selon les règles de l'art définies dans ce
contrat de performance.
L'Etat (ministère de l'hydraulique et de
l'environnement) est responsable de la définition de la politique
sectorielle, de l'élaboration du cadre administratif, et
réglementaire, de la gestion des ressources en eau et de la politique
tarifaire.
L'Autorité de Régulation Multisectorielle (ARM)
est chargée de veiller à l'application des textes
législatifs et réglementaires, aux respects des contrats entre la
SPEN et l'Etat d'une part et d'autre part entre la SPEN et la
société fermière, et d'arbitrer les éventuels
conflits. Veolia Water apporte son expertise et son expérience dans le
domaine de l'eau potable et de l'assainissement.
Cependant, l'Etat ne paie pas régulièrement ses
factures d'eau et l'augmentation régulière des tarifs d'eau
prévue dans le contrat (selon la SEEN) ne s'était plus
réalisée depuis 2006. Ce qui ne favorise pas le
réinvestissement et l'extension de réseaux d'adduction d'eau dans
les périphéries. Le personnel du ministère de
l'hydraulique et de l'environnement se plaint de la collaboration très
faible ou inexistante avec la SEEN.
1.2.2.2.1 Les mécanismes de production de
l'eau potable
L'eau représente un milieu extrêmement complexe.
Outre les molécules H2O, on y trouve principalement des gaz dissous tels
que oxygène (O), de dioxyde de carbone (CO2), de l'azote (N), de
méthane (CH4) ; une centaine d'éléments minéraux
(calcium, magnésium, sodium, potassium, carbonates, bicarbonates,
nitrates, chlorures, fer...) provenant du lessivage. Et enfin, plusieurs
millions d'éléments organiques provenant de la
décomposition des plantes et des animaux présents dans le milieu
ou dans les sols lessivés par la pluie. Ainsi, à l'état
naturel, l'eau contient de nombreuses substances, neutres, bonnes ou mauvaises
pour la santé lorsqu'elles sont présentes en trop grande
quantité, et qui peuvent être invisibles à l'oeil nu. L'eau
à l'état naturel doit subir de traitement pour être bonne
à la consommation.
La SEEN possède deux stations de traitement ou de
potabilisation de l'eau : la station de Goudel avec une capacité de 80
000 m3/jr et la station de Yantala avec 30 000 m3/jr.
Une fois prélevée du fleuve Niger, l'eau va
subir plusieurs types de traitement afin de la rendre propre à la
consommation. Cinq étapes sont nécessaires dans ce processus de
potabilisation :
1/ Dégrillage et tamisage
L'eau est d'abord filtrée à travers une simple
grille afin d'arrêter les plus gros déchets qui s'y trouvent
(feuilles, insectes, particules de plus de 1 mm). Elle passe ensuite dans des
tamis à mailles fines retenant les déchets les plus petits.
2/ Floculation et décantation
Un coagulant est ajouté à l'eau pour rassembler
les déchets flocons encore présents dans l'eau
(poussières, particules de terre, oeufs de poissons, etc.). Les flocons,
plus lourds que l'eau, se déposent au fond du bassin de la
décantation et 90% des matières en suspense sont
éliminés.
3/ Filtration
L'eau traverse un filtre, lit de sable et/ou filtre à
charbon actif. La filtration à sable élimine les matières
encore visibles à l'oeil nu. Les filtres à charbon actif
retiennent les micropolluants comme les pesticides et consomment une grande
partie de la matière organique « cassée par l'ozone
».
4/ Ozonation
L'eau est désinfectée par l'ozone qui a une
action bactéricide et antivirus. Ce gaz mélangé à
l'eau, agit aussi sur les matières organiques en les cassant en
morceaux. Il améliore également la couleur et la saveur de
l'eau.
5/ Chloration
On ajoute du chlore à la sortie de l'usine et
différents points du réseau de distribution afin d'éviter
le développement de bactéries et de maintenir la qualité
de l'eau tout le long du parcours dans les canalisations. A chaque étape
du processus, un échantillon de l'eau est prélevé et
analysé au laboratoire.
1.2.2.2.2 Transport et distribution de l'eau potable
dans la ville
L'eau potable ainsi produite est pompée dans les
châteaux. Elle est transportée par les conduits souterrains vers
les consommateurs. Pour garantir la potabilité de l'eau après le
robinet, la SEEN organise des modules de formations et des sensibilisations
à l'hygiène de l'eau et de la santé.
Malheureusement, ces formations se limitent aux personnels de
la société et les sensibilisations restent faibles auprès
des consommateurs surtout dans les quartiers pauvres.
L'eau potable est le résultat d'un long processus au
cours duquel une succession d'opérations techniques à haute
valeur ajoutée sont mises en oeuvre. Il est bien évident que
l'eau potable représente un prix.
1.2.2.2.3. Les contrôles de la qualité
de l'eau aux robinets
Chaque mois, deux prélèvements sont
effectués au niveau des robinets. Ces échantillons
prélevés sont analysés au laboratoire de la SEEN. Des
analyses de contre expertise respectivement de LANSPEX, de la SPEN et de l'ARM
doivent confirmer ou (infirmer) les résultats de la SEEN pour identifier
l'eau aux normes de potabilité fixées par l'OMS (confère
annexe N°9)
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