2.2 Les marqueurs biochimiques et biologiques
Il n'y a aucun marqueur parfaitement sensible ni
parfaitement spécifique de la dénutrition. Les marqueurs
plasmatiques les plus utilisés sont des protéines de transport
d'origine hépatique dont la concentration reflète la
synthèse protéique (indirecte).
Les marqueurs urinaires reflètent le catabolisme
protéique.
Les protéines nutritionnelles sériques qui sont
habituellement considérées comme des marqueurs nutritionnels sont
au nombre de quatre : l'albumine, la transthyrétine ou
préalbumine, la transferrine et la protéine vectrice du
rétinol.
2.2.1 Marqueur plasmatiques
1. Albumine
Une albuminémie inférieure à 30 g/l
est rapportée par plusieurs auteurs comme le signe d'une
dénutrition protéique chronique et sévère, en
l'absence d'autres pathologies pouvant expliquer cette hypoalbuminémie.
Le Club francophone gériatrie et nutrition
considère qu'une malnutrition est modérée lorsque
l'albuminémie est < 35 g/l, qu'elle est sévère lorsque
l'albuminémie est < 30 g/l et qu'elle est grave lorsque
l'albuminémie est < 25 g/l (Ferry et al, 2002).
2. La transthyrétine ou
préalbumine
Les valeurs normales chez l'adulte sont estimées entre
250 et 350 mg/l.
En dehors des situations d'intense catabolisme, les valeurs
associées à une dénutrition modérée sont de
100 à 200 mg/l et celles associées à une
dénutrition sévère sont inférieures à 100
mg/l (Fédération Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer
et al ,1999).
Le Club francophone gériatrie et nutrition
considère qu'une malnutrition est modérée lorsque la
préalbuminémie est < 200 mg/l, qu'elle est
sévère lorsque la préalbuminémie est < 150 mg/l
et qu'elle est grave lorsque la préalbuminémie est < 100 mg/l
(Ferry et al, 2002).
3. La protéine vectrice du
rétinol
La protéine vectrice du rétinol est
présente à des concentrations sériques comprises entre 45
et 70 mg/l avec des variations importantes liées au sexe et à
l'âge. Sa synthèse est inhibée en cas d'insuffisance
d'apport en tryptophane, zinc, azote et rétinol. Sa concentration
sérique diminue aussi en cas de dénutrition. Le dosage de la
protéine vectrice du rétinol est complexe et relève du
domaine de la recherche.
4. La transferrine
Selon l'expertise collective de l'Inserm, sa concentration
sérique normale varie entre 2 et4 g/l (Institut National de la
Santé et de la Recherche Médicale. 1999). Chez des sujets
obèses ayant un régime hypocalorique mais riche en
protéines pendant 24 heures, la transferrinémie reste
inchangée. Par contre, si le régime est hypocalorique et
hypoprotidique, la transferrinémie décroît de façon
significative en 24 heures. Elle pourrait être utile comme marqueur de la
dénutrition chez l'obèse.
5. Le taux de lymphocytes
La dénutrition entraîne une réduction de
la maturation des lymphocytes. Selon Shenkin et al, en l'absence
d'autres perturbations hématologiques, une concentration de lymphocytes
circulants<1 500/mm3 (valeurs normales : 2 000 -3 500/mm3)
orienterait vers une dénutrition (International Federation of Clinical
Chemistry, et al 1996).
6. L'Insulin-like growth factor-1 (IGF-I) ou
la somatomédine -C
Le mécanisme de la diminution
plasmatique lors de la dénutrition est mal connu. L'IGF-I ne peut
être considéré comme un outil simple d'évaluation de
l'état nutritionnel.
Son dosage ne peut être réalisé en routine
et en l'absence de données suffisantes, aucun seuil ne peut être
proposé.
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