EPIGRAPHE
«La médecine est une science quand on en parle,
mais un art quand on la pratique»
André van gossum, chef de la clinique des maladies
intestinales et du support nutritionnel du service de gastroentérologie
et équipe nutritionnel a l'hôpital Érasme(Bruxelles).
«La nourriture est un remède, que votre
remède soit donc votre nourriture»
Hippocrate vers 400av JC
DEDICACE
A ma chère épouse charlotte MADILU ;
A mes enfants chéris : Joyce MBOYA, Dylan NGOYI
MIBANGA
A mes parents ;
A tous mes oncles et tentes ;
A tous mes frères et soeurs, cousins et cousines ;
beaux-frères et belles soeurs ;
A tous neveux et nièces ;
A tous mes freres et soeurs dans la foi ;
Je dédie ce travail.
Colin ELUMBA
Médecin nutritionniste
AVANT-PROPOS
Au terme de ce travail, il est loyal pour nous, de remercier
toutes les personnes qui ont participé à l'élaboration de
cette oeuvre et, sans qui cette dernière n'aurait jamais vu le jour.
Je remercie le souverain saigneur Jéhovah pour le
souffle de vie qu'il m'a offert ;
Que le professeur ordinaire Prosper KALENGA MUENZE KAYAMBA
trouve dans ces quelques lignes l'expression de ma gratitude, pour avoir
dirigé ce mémoire et m'avoir donné le gout de la
recherche.
Je remercie vivement les autorités académiques
et le corps enseignant de la faculté de médecine humaine de
l'université de Lubumbashi et de l'école de sante publique, pour
la formation reçue dans cette institution.
Je dois ma gratitude au comité de gestion de
l'Istm-Mbuji-Mayi et tout son personnel, pour avoir grandement soutenu ma
formation au second cycle.
Que tous mes compagnons trouvent ici l'expression de ma
gratitude, particulièrement Cathy FAILA KALUNGA et toute sa famille.
Que toute celle ou celui qui a contribué à
l'élaboration de ce travail accepte mes remerciements.
Colin ELUMBA
Médecin nutritionniste
INTRODUCTION
1 Etat de la question
La dénutrition est un problème qui
ne touche pas uniquement les pays en voie de développement comme
certains le penseraient; Elle atteint également la population des pays
développés souffrant de maladies aiguës ou chroniques, soit
les individus en situation économique précaire, les enfants aussi
bien que les adultes.
Elle est plus fréquente dans les
établissements de santé ou l'on observe le plus de patients
dénutris.
Elle varie, en fonction du type des pathologies
traitées et de la durée du séjour hospitalier. Une
hospitalisation supérieure à une semaine est associée de
façon significative à une perte de poids (Zazzo et al, 2010).
La dénutrition est un grand défi
qui remet en question l'évolution de la thérapeutique moderne
qui déjà vers les années 1852 a connu la mise en place
des véritables remèdes contre certaines maladies infectieuses
endémiques. De plus, le déclin de la plupart des maladies
mortelles est davantage lié à l'amélioration de la
santé publique et de la nutrition qu'à la médecine
(SALAUN ,1999).
De nos jours, il est scientifiquement
démontré que l'alimentation et l'état nutritionnel ont un
impact important sur la santé .Des études récentes ont
montré que la dénutrition est associée à un
accroissement de la durée du séjour hospitalier, morbidité
et même de la mortalité.
Les données épidémiologiques
disponibles en Europe et en France attestent que la dénutrition touche
une partie importante de la population, notamment les personnes
âgées dépendantes et celles souffrant de pathologies
chroniques, y compris les enfants.
La dénutrition est fréquente parmi les patients
hospitalisés. Elle a été reconnue dès les
années 70 comme un problème de santé publique chez les
patients hospitalisés dans les services médicaux et chirurgicaux
d'établissements anglais et américains (British Dietetic
Association, 1996). Différentes études font état d'une
prévalence de la dénutrition à l'admission des patients
allant de 10 à 60%. (McWirter et al 1994,).
Malgré l'absence de chiffres précis en
Belgique, il est estimé que 30 à 40% des patients
séjournant à l'hôpital sont susceptibles de souffrir de
dénutrition (Ministre des Affaires Sociales et de la
Santé Publique.2005)
Aucun service de l'hôpital n'est indemne de
dénutrition, de la pédiatrie à la gériatrie, la
médecine interne et la chirurgie tous, sont touchés.
Waitzbert et bienia cité par oaleed noordally font
mention d'une prévalence respectivement de 48% de dénutrition en
chirurgie et 61 % en gériatrie (OALEED NOORDALLY, 2009).
Une étude menée à l'hôpital de
Bordeaux en France, sur 596 patients (dont 63% avaient plus de 60 ans)
relève les prévalences suivantes: 19 % en médecine, 21 %
en chirurgie, 53 % en gériatrie (Gin et al, 2001).
Toutes les personnes, quelques soit leur âge peuvent
être victimes, et présenter une dénutrition a
différent degré selon le facteur causal.
Une particularité est mise sur la
prévalence de la dénutrition des personnes âgées qui
est plus importante, pouvant atteindre 50 à 60% dans certaines
études. Même ferry et al ont trouvé en établissement
pour personne adulte, une prévalence qui varie de 19 à 60% (FERRY
et al 2007). Au niveau hospitalier, les risques sont encore plus importants,
d'après les études publiées, 20 à 50 % des patients
hospitalisés sont dénutris ou à risque de
dénutrition (Haut Comité de la Santé Publique, 2007).Sept
ans plus tard, la haute autorité de sante l'estime autour de
50% chez la personne âgée (Haute Autorité de Santé,
2007).
Une enquête nationale menée dans 25
hôpitaux brésiliens en 2001 sur 4000 patients tirés au
sort, révèle que la prévalence de la dénutrition
globale est de 48.1% avec 12.6% de dénutrition
sévère (Waitzberg et al, 2001).
Plusieurs études ont relevé les
facteurs prédisposant suivants : anorexie, troubles digestifs
(dysphagie, malabsorption), hypermétabolisme et hypercatabolisme
protéique, effets iatrogènes des traitements.
Une dénutrition aiguë est toujours la
conséquence d'une situation pathologique aiguë, médicale,
chirurgicale, traumatologique. Elle peut concerner un individu dont
l'état nutritionnel était normal avant l'événement
aigu. Mais elle sera d'autant plus profonde et prolongée que
l'état nutritionnel antérieur était altéré,
que la maladie est grave et que la prise en charge thérapeutique est
retardée ou inadaptée (Zazzo ,2010).
Malgré un intérêt grandissant
du corps médical et soignant pour l'état nutritionnel des
patients, celui-ci reste encore trop souvent sous-estimé.
Ceci est particulièrement vrai pour un grand nombre des
pays en voie de développement qui ne disposent même pas des
données à ce sujet. Constatant l'absence des données pour
les hôpitaux de Lubumbashi, nous avons trouvé opportun de mener
cette étude intitulée : Problématique de la
dénutrition dans les hôpitaux de Lubumbashi.
2 Choix et intérêt du sujet
Le choix de ce sujet est motivé par un
constat amer sur bon nombre des patients hospitalisés qui
présentent une dénutrition prononcée bien qu'étant
dans les milieux hospitaliers ou une bonne prise en charge nutritionnelle
permettrait d'éviter ce problème.
Cette étude est intéressante, car :
Elle sera un document de référence pour bon
nombre des chercheurs sur la situation de la dénutrition dans les
milieux hospitaliers de Lubumbashi, par le fait qu'elle pourra disponibiliser
des statistiques sur la prévalence et les aspects cliniques de la
dénutrition hospitalière. Des interventions nutritionnelles
ultérieures pourront se baser sur elle en vue de l'amélioration
des conditions des patients et de leur prise en charge.
3 .Problématique
La survenue d'une dénutrition est
favorisée par la conjonction d'une réduction des apports
nutritionnels (anorexie, troubles digestifs) et d'une augmentation des besoins
(hypermétabolisme et hypercatabolisme, syndrome inflammatoire, pertes
accrues).
Elle doit être dépistée en routine aussi
bien chez le patient ambulatoire que chez l'hospitalisé, dès
l'admission. Car elle est reconnue depuis longtemps pour être la
première cause d'immunodépression dans le monde. Elle touche
à la fois le système immunitaire humoral et cellulaire, mais les
conséquences sur l'immunité à médiation cellulaire
sont de loin les plus importantes.
Il est clairement objectivé que la dénutrition,
lorsqu'elle n'est pas prise en compte à temps, induit une augmentation
de la morbidité, voire de la mortalité, et par conséquent
de la durée et du coût de l'hospitalisation. La présence
d'une dénutrition allonge en moyenne la durée d'hospitalisation
de 45 % ; elle constitue un facteur d'aggravation de la pathologie causale et
de la survenue de complications, et augmente par conséquence le
coût pour la société (Joosten et al ,2010).
Pour renchérir, Ethgen .O et al ont montré
que la dénutrition pouvait causer un surcoût allant de 260 €
à 765 € pour un patient dénutri et qu'en Belgique, le
coût global attribué au facteur dénutrition pourrait
atteindre 400 millions € par an (Ethgen et al ,2005).
En revanche, la prise en charge nutritionnelle
appropriée des patients à risque réduit la durée de
leur séjour, ainsi que son coût moyen, de l'ordre de 25 % pour ce
dernier (8 % pour une greffe de moelle et 47 % pour une fistule intestinale).
De plus, il a été montré que plus l'intervention
nutritionnelle est précoce, plus la durée d'hospitalisation est
raccourcie, induisant en termes de politique financière une
économie remarquable (Tucker et Miguel, 1996 cité par Agence
nationale de l'accréditation et d'évaluation de sante 2003).
Sinon, de?s lors que la dénutrition n'est pas
rapidement prise en charge, le malade peut rentrer dans un cercle
vicieux : dénutrition-affaiblissement-maladie-faiblesse - manque de
force et d'envie de s'alimenter ; souvent la mort vient rompre ce cercle
(RABAULT, 2008).
Pour y faire face la France, a publie en mars 2002 un
circulaire incitant tous les établissements hospitaliers d'avoir un
comite de liaison alimentation-nutrition(CLAN) regroupant les professionnels de
sante concernés ; médecins, infirmiers,
diététiciens, aide-soignant .., afin de collaborer dans le
dépistage et la prise en charge de la dénutrition ; 73% des
établissements en possédait, en 2008(Zazzo ,2010).
Plusieurs pays européens accordent déjà
une place de choix à la lutte contre la dénutrition ;la
France en a fait son cheval de bataille dans son plan d'action,2e
fiche de son deuxième programme national nutrition santé
2006-2010(Ministère de la sante et des solidarités,2006).De son
coté, la Belgique, y consacre tout l'axe 5 de son plan national
nutrition et santé 2005-2010(Ministère des affaires sociales et
de sante publique ,2005).
Considérant que le problème de
dénutrition hospitalière demeure, et, exige une attention
particulière, les sociétés savantes et d'experts en
nutrition (au nombre de 30) ont formulé 4 propositions sur les 40,
dans les propositions pour le programme national nutrition-sante(PNNS)
2011-2015, en faveur des personnes vulnérables et les
particularités sanitaires présumées augmenter le risque de
dénutrition. Il s'agit des propositions n °28, 29, 30,31(Bourdillon
et al, 2010).
Une analyse minutieuse de la situation susmentionnée
révèle une prise de conscience des sociétés
développées à l'égard de la dénutrition
hospitalière, mais elle suscite en chacun de nous des
préoccupations fondamentales ; sur les réalités des
pays africains a ce sujet ; également sur l'importance y
accordée par la politique nationale de nutrition de République
démocratique du Congo.
Le constat est déplorable pour nombre des pays en
développement. Généralement aucune prévention
n'est prise lors d'une hospitalisation pour diverses affections, qui exposent
à un risque de dénutrition. Les patients sont rarement
évalués sur le plan nutritionnel dès l'admission, et les
équipes soignantes n'affichent que sporadiquement une vigilance sur la
consommation des repas par les patients.
Le comble, est que, nombre des pays en développement
méconnaissent ce grand problème ; raison pour laquelle nos
recherches ne nous ont révélé aucune statistique de
dénutrition hospitalière dans un pays de l'Afrique noire.
Ayant examiné la situation générale des
pays en développement, notre analyse nous a amené à des
interrogations sur la situation de la dénutrition dans les
hôpitaux de Lubumbashi, qui sont :
- quelle est la prévalence hospitalière de la
dénutrition dans les hôpitaux de Lubumbashi ?
- quels sont les aspects cliniques de cette
dénutrition ?
Cette étude sera d'une grande importance dans un
contexte particulier ou des études antérieures sur le sujet ne
sont pas disponibles.
4. Hypothèses
La présente étude étant descriptive,
nous ne saurait pas formuler une hypothèse. Mais, dans une perspective
d'une étude analytique, nous pensons que la prévalence
hospitalière de la dénutrition serait élevée et
supérieure à 20% ; qu'elle passerait inaperçue dans
les hôpitaux de Lubumbashi, serait rarement prise en charge et qu'elle
serait due a un niveau socio-économique bas.
5 .Objectifs
5.1 Objectif général
L'objectif poursuivi par cette étude est de
déterminer la prévalence et les aspects cliniques de la
dénutrition et contribuer à long terme à sa
réduction.
5.2 Objectifs spécifiques
- Identifier tous les patients hospitalisés pendant la
période de notre étude ;
- Définir le taux de patients ayant présente la
dénutrition pendant leur hospitalisation ;
- Déterminer les aspects cliniques de la
dénutrition hospitalière.
6. Méthodologie
6 .1 Méthode et technique
Notre étude, est une étude
épidémiologique quantitative d'observation. Nous utiliserons la
méthode descriptive transversale.
Nous avons envisagé d'utiliser les techniques de
récolte de données suivantes : l'observation directe et la
revue documentaire.
6 .2 Population
Notre population se compose des patients internés dans
différentes structures hospitalières de la ville de Lubumbashi
qui ont présenté une dénutrition au cours de leur
hospitalisation.
7 .Durée de l'étude
Nous avons mené cette étude durant une
période de 3 mois, soient : avril, mai et juin 2011.
8 Subdivision du travail
Ce travail comprendra, en dehors de l'introduction et la
conclusion, les chapitres suivants :
· Chap I La Dénutrition hospitalière
· Chap II Evaluation de l'état nutritionnel
· Chap III Prise en charge de la dénutrition
· Chap IV Milieu, matériel et methode
· Chap V Résultats et discussion
9 .Délimitation du sujet
- Visée : c'est un travail de mémoire en
nutrition humaine
- Thématique : problématique de la
dénutrition dans les hôpitaux de Lubumbashi
- Cadre de recherche : service de médecine interne
et chirurgie
- Temporale: 3 mois, soit du 1 avril au 30 juin 2011
- Mots clés : dénutrition, hôpitaux
de Lubumbashi
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