Politique environnementale et développement durable en Cote d'Ivoire( Télécharger le fichier original )par Brou Germain Alexis Edoh KOMENAN Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest/Unité Universitaire d'Abidjan - Maitrise 2009 |
Paragraphe 2 : Les institutions privéesComme les institutions intergouvernementales, les institutions privées contribuent à façonner la politique environnementale de l'Etat ivoirien. Avant d'examiner leur participation à l'édification d'une économie environnementalement viable, il convient d'étudier le cadre général de leur action (A) et les projets initiés par elles ou avec elles au plan local (B). A. Le cadre général d'interventionOn examinera l'action de quelques organisations en faveur de l'environnement, donc du développement en Côte d'Ivoire. Le WWF est l'une des organisations écologistes les plus en vue à travers le monde. En Côte d'Ivoire, le WWF est un acteur de plusieurs activités de conservation environnementale : mise en oeuvre de la Convention sur la diversité biologique, réalisation de l'étude sur l'organisation et l'avenir des parcs nationaux et réserves financée par la DDC, contributions à la conservation des parcs nationaux de la Comoé et des Iles Ehotilé en partenariat avec la Commission européenne, la GTZ et l'Ambassade du Royaume-Uni, participation à la conservation du Parc national de Taï.162(*) L'organisme ouvrit une représentation à Abidjan en 1992, représentation transformée par la suite en un Bureau régional pour l'Afrique de l'Ouest. Afrique Nature International compte, au nombre de ses activités en Côte d'ivoire, deux expositions itinérantes Avant que Nature meure et Eléphants en sursis, l'édition d'un bulletin environnemental et de documents éducatifs, une campagne d'information Amnistie pour les Eléphants, la formation de techniciens ainsi que le développement institutionnel, la réalisation de programmes d'inventaires et de recherches biologiques. La section ivoirienne d'Afrique Nature International existe depuis août 2003, date de la signature de l'accord d'établissement avec le gouvernement ivoirien. Green Cross International, ou Croix Verte International en français, est aussi un partenaire de l'action environnementale en territoire ivoirien. Cette association est représentée par une section en Côte d'Ivoire. Elle participe à l'éducation des acteurs sociaux à travers la publication du mensuel Bulletin d'information et de sensibilisation environnementale (BISE). Elle joue également un rôle dans l'élaboration d'un cadre de concertation politique. A ce propos elle fait partie des ONG qui, le 1er novembre 2008 ont procédé au lancement du Forum Civil pour l'Environnement (FCE). Le REDDA a quant à lui initié un projet d'envergure dénommé : « Sensibilisation sur les transports durables en Côte d'ivoire. » Le titre est évocateur, puisqu'il s'agit d'une invite à une meilleure accessibilité des services et à une meilleure qualité de l'environnement. Ce projet est réalisé en partenariat avec des structures publiques et privées canadiennes à savoir, l'Agence Canadienne pour le Développement International (ACDI), Transport 2000 Québec et Carrefour Canadien International. Le CERAP, à travers l'organisation de rencontres sur le développement et la publication de revues et bulletins dans lesquels la question environnementale est traitée163(*) contribue à la réflexion en la matière. L'IRD (ex-ORSTOM) est au nombre des acteurs privés qui apportent soutien technique et financier aux ONG environnementales en Côte d'Ivoire. Il est aussi au nombre des partenaires à la conservation des aires protégées du pays164(*). Médiaterre est un système d'information mondial francophone pour le développement durable. Il publie des données sur l'environnement ivoirien, son état et sa gestion. A tout cela, il faut ajouter les actions des ONG de coopération bilatérale entre Etats. C'est ainsi qu'Ivoir-China International a planté, du 20 au 28 août 2004 plus de 3000 arbres à Bandiai, localité du centre-ouest ivoirien165(*). Ces différentes actions peuvent être orientées dans le sens de la participation à une économie écologique. B. La participation à une économie écologique On ne saurait méconnaître le rôle non négligeable des organismes privés étrangers et internationaux dans l'action environnementale nationale. En cela elles constituent des sensibilisateurs potentiels à la cause de l'économie écologique, qui est un facteur de stabilité sociale et environnementale. Greenpeace est co-auteur d'un rapport intitulé Révolution énergétique : vers un avenir énergétique propre et durable166(*), de grande portée. Il est la preuve que la question de la réorientation du système économique par le respect des principes écologiques se pose de plus en plus chez les acteurs privés. On le voit en particulier avec les organismes de recherche environnementale. Le Worldwatch Institute publie depuis 1984 le rapport annuel sur l'état de la planète, qui intéresse toutes les régions du monde. Des exemplaires de ce rapport, ainsi que d'autres études et ouvrages relatifs au même sujet, sont accessibles à la Côte d'Ivoire. Par ailleurs, le World Resources Institute, partenaire de l'Etat ivoirien, est l'initiateur du projet « Evaluation de l'écosystème du millénaire ». Aux dires de Lester Brown, ce projet, « dans lequel le WRI a impliqué la Banque mondiale, le Programme des Nations unies pour l'environnement et le Programme des Nations unies pour le développement, est de loin la plus ambitieuse et la plus détaillée des évaluations de l'écosystème mondial jamais entreprises.167(*) » De nombreux experts ainsi que plusieurs institutions scientifiques à travers le monde sont partenaires de ce projet. Il doit fournir des données sur l'état actuel de l'environnement et faire des projections objectives dans le futur, afin de tirer les conclusions nécessaires à une bonne gestion de la planète. Les organismes de recherche scientifiques, les organismes militants ou de protection ainsi que les personnes physiques oeuvrant à la protection de l'environnement se veulent les porte-paroles de la cause de conservation et du mieux-être des populations. Pourtant, la mobilisation est loin d'être aussi forte que dans les autres états de la sous-région ou au niveau mondial, pour ce qui concerne l'environnement. Cependant, des organisations comme le World Wide Fund for Nature (WWF), Afrique Nature International, Green Cross International, la CARITAS, le Réseau pour l'Environnement Durable en Afrique (REDDA), la Croix Rouge International, le Mouvement scoutiste international, l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD, ex- ORSTOM), le Centre de Recherche et d'Action pour la Paix (CERAP, ex-INADES), travaillent pour l'environnement ou s'y impliquent en terre éburnéenne.168(*) Il reste que toute cette dynamique coopérative doit être soutenue par une volonté politique réelle, une reconnaissance citoyenne de la primauté de l'environnement en tant que base du développement. * 162 Francis LAUGINIE, op. cit., p. 662. * 163 Le CERAP publie le bulletin La lettre de l'IDDH, qui a abordé le thème suivant : « Le droit à un environnement sain en Côte d'Ivoire : théorie ou réalités ? » Voir La lettre de l'IDDH numéro 1, avril-mai 2004, et numéro 12, octobre-novembre-décembre 2006. * 164 L'ORSTOM participa à l'élaboration d'un projet de centre d'Ecologie Tropicale (L'Encyclopédie générale de la Côte d'Ivoire, op. cit., vol.3, p. 1030.) * 165 Fraternité matin, Cahier économie & environnement n° 35 du Lundi 27 septembre 2004, p. VIII. * 166 Greenpeace International et EREC (European Renewable Energy Council), Révolution énergétique : vers un avenir énergétique propre et durable, PrimaveraQuint (Pays-Bas), 2007. * 167 Lester R. BROWN, op. cit., p. 392. * 168 Voir PACIPE infos/news, op. cit. p. 9. |
|