2.1.4. Impact de l'agriculture contractuelle sur la
performance des activités agricoles
Selon la théorie, le contrat est un moyen pour
organiser la production et l'échange. Il constitue un dispositif de
coordination des activités et joue ainsi un rôle incitatif pour la
production et la commercialisation.
Presque toutes les études empiriques conduites sur
l'agriculture contractuelle ont conclu que les agriculteurs sous contrat ont eu
des bénéfices. En effet, le contrat leur a permis
d'accéder au crédit, aux nouvelles technologies et aux
marchés, et a induit des revenus plus élevés. Warning et
Key (2002) affirment que les producteurs d'arachide ont accru substantiellement
leur revenu en participant au programme d'agriculture contractuelle
initiée pour cette culture au Sénégal. Selon les auteurs,
les accroissements de revenus observés ont plusieurs sources. Selon
Miyita et al. (2007), les producteurs sous contrat en Chine ont obtenu des
revenus plus élevés grâce à l'accroissement des
rendements dans le cas de la pomme de terre du fait de l'assistance technique
offerte par leurs partenaires commerciaux. Dans le cas de l'oignon, les revenus
des producteurs sous contrat se sont accrus à cause de l'augmentation
des prix de vente provoquée par l'amélioration de la
qualité (variété améliorée) selon ces
mêmes auteurs. Birthal et al. (2005) ont montré qu'en Inde, la
marge brute des producteurs de lait sous contrat est presque le double de celle
des producteurs indépendants à cause de la réduction
sensible des coûts de production et de commercialisation.
Simmons et al. (2005) ont trouvé que l'adhésion
au contrat a affecté positivement le bien-être des producteurs de
volailles et de semences de maïs et de riz en Indonésie. Parce que
le contrat leur a permis d'avoir un accès sécurisé au
marché, et en plus, les revenus générés se sont
améliorés. Par ailleurs, Ramaswami et al. (2006) ont
révélé que la production de la volaille sous contrat est
plus efficace que celle sans contrat en Inde.
En somme, l'agriculture contractuelle permet de réduire
les risques liés aux marchés et accroît l'efficacité
de la production ; ce qui permet de réduire les coûts de
production. Par ailleurs, elle provoque une diminution des coûts de
commercialisation et une amélioration de la rentabilité de la
production chez les petits producteurs.
Cependant, les détracteurs de l'agriculture
contractuelle pensent qu'elle profite essentiellement aux partenaires
commerciaux des paysans, et qu'elle a des retombées négatives sur
la communauté. Selon Little et Watts (1994), Key et Runsten (1999) et
Bijman (2008), on peut résumer les inconvénients de l'agriculture
contractuelle pour les participants et la communauté rurale en quatre
points :
Le contrat entraine un développement agricole dual
en faisant des gagnants (paysans sous contrat) et des perdants
(producteurs sans contrat). Les producteurs sans contrat subissent le contexte
de contrat et ils sont obligés d'acheter les intrants à des prix
élevés que ceux proposés aux producteurs sous contrat. Ce
faisant, le contrat accroît les inégalités sociales.
Le contrat, dans certains cas, pourrait représenter
une menace pour la sécurité alimentaire. En effet,
l'agriculture contractuelle se développe de plus en plus pour les
cultures industrielles ; ce qui pourrait affecter négativement la
production vivrière parce que les paysans auront tendance à lui
accorder moins de superficies.
Le contrat pourrait conduire aussi à la
réduction de la taille du marché local. Ainsi, les
producteurs sans contrat seront obligés de vendre leurs produits
à des prix faibles ;
Enfin, le contrat entretient la dépendance des
agriculteurs vis-à-vis des partenaires sur le plan technique et
financier. Ceci va accroître la vulnérabilité des
agriculteurs sous contrat aux changements soudains des stratégies de
leurs partenaires (Little et Watts, 1994 ; Key et Runsten, 1999).
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