1.2. CRISES ECONOMIQUES ET FINANCIERES DE L'HISTOIRE
Comme nous l'avons déjà évoqué
précédemment, l'activité économique n'est pas
constante. Elle est marquée par des périodes de haut et de bas,
c'est-à-dire de croissance, de crise, de récession, etc.
La théorie des cycles économiques, qui
intègre la crise économique comme un événement
récurrent de l'histoire économique, permet cependant de voir que
c'est depuis des siècles lointains que l'humanité est
marquée par des crises financières et économiques majeure
:
Tableau 1. Quelques crises économiques et
financières de l'histoire
Année
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Crise
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Mécanisme
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1720
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Krach de 1720
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Crise survenue simultanément en France et en
Angleterre, concernant les titres des compagnies exploitant les ressources du
nouveau monde (Amérique)
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1797
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Crise monétaire de 1797
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En France, les mauvaises récoltes agricoles
enregistrées au début de la décennie 1790 conduit à
la Révolution Française.
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14 D. J. MAGNAN, Op. cit., P. 3.
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Durant la même période, l'Angleterre est
frappée par une crise financière déclenchée le 26
février 1797. Des bruits d'invasion ayant amené une foule de
particuliers, fermiers et petits commerçants à retirer leurs
avoirs auprès des banques, ont conduit à l'insolvabilité
puis la banqueroute de nombreuses d'entre elles.
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1810
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Crise de 1810
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Durant les années 1810-1811 éclate une crise de
l'industrie cotonnière en Europe continentale, à la suite d'un
manque de matière première résultant d'un blocus des cotes
et de l'augmentation des droits de douane. L'effondrement des ventes provoque
l'insolvabilité des industriels face aux banques qui, jusque là
ont financé leurs activités. Ces dernières, en manque de
liquidités, obligent les industriels du coton à vendre leurs
stocks à fin de rembourser. Un trop grand stock de coton est alors mis
en vente à des prix très bas et prive les banques des
liquidités dont elles avaient besoin. Cette situation entraînant
la faillite de
plusieurs établissements bancaires, à Hambourg,
Amsterdam, Paris, Vienne,
etc. et les industriels privés de
liquidités, déposent leurs bilans et ferment leurs usines.
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1819
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La crise américaine de 1819
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Considérée comme la première crise
financière de grande ampleur aux USA, la crise de 1819 met un terme
à l'expansion qui a suivi la guerre de 1812 (entre colons britanniques
et Indiens). Le financement de cette dernière avait en effet conduit
à un assèchement des réserves
bancaires, débouchant sur une augmentation des
émissions monétaires privées qui se sont
investies dans
des placements fonciers spéculatifs jusqu'à ce
que la Banque Centrale Américaine (Second Bank of the United States,
aujourd'hui FED) engage une politique restrictive qui débouchera sur une
vague de faillites et une profonde récession aux Etats-Unis qui
entraînera par la suite la faillite définitive (en 1837) de la
Second Bank of The United States.
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1836
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Krach de 1836
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En 1836, l'Angleterre connaît un important Krach
boursier qui survient suite à la décision du Président
américain Andrew Jackson15 de subordonner la vente de terres
américaines à un paiement en métaux précieux et non
plus en monnaie papier, entraînant la panique dans le secteur foncier, la
faillite de nombreuses banques Britanniques ayant prêté aux
établissements bancaires américains et aura des sérieuses
répercutions sur le système financier Français, Allemand,
etc.
L'ensemble de ces événements
débouchât sur une longue récession économique de
plusieurs années, marquée par
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d'importantes faillites bancaires (343 établissements sur
850 fermèrent leurs portes)
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1857
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Crise de 1857
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En août 1857, la banque Ohio Life and Insurance
Company, une des plus importantes banques américaines,
est confrontée à une forte demande de crédit et suspend
ses paiements. Elle est rapidement suivie par les banques de New York, du
Maryland et de Pennsylvanie, puis par d'autres banques importantes à
Baltimore, Philadelphie et Boston. Le taux de l'escompte s'accroît
fortement et, dans le courant de septembre, les actions de chemin de fer
enregistrent une forte baisse à la Bourse de New York. La crise
américaine se propage immédiatement en Angleterre sous la forme
d'une crise de change qui se complique rapidement d'une crise de crédit
intérieur. Bien que moins violente, elle atteint également la
France où la Bourse de Paris connaît une forte baisse. Elle est
suivie d'une récession économique dans tous les pays unis par des
liens monétaires, financiers et économiques.
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1907
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Crise boursière américaine de 1907
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La crise boursière de 1907a pour origine le
resserrement des conditions de crédits suite au relèvement du
taux d'intérêt par les établissements bancaires
américains ainsi que différents scandales financiers à New
York, provoquant par la suite une ruée des déposants vers les
banques pour retirer leurs dépôts.16 Partie de New
York, la panique se propage dans tout le pays et de nombreuses banques et
entreprises font faillite
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1966
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Crise
américaine du crédit
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Après plusieurs années de forte croissance de
l'économie, les banques américaines se trouvent à
court de réserves dans un contexte où la
Réserve
Fédérale conduit une politique restrictive afin
de
contenir l'inflation. La crise se traduira par une chute des
cours boursiers, une baisse de liquidités et une hausse des taux
d'intérêts provoquant un fort ralentissement de l'activité
économique.
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1982
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Dette des pays en voie de développement
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Les pays en voie de développement s'étaient
lourdement et facilement endettés à la suite du choc
pétrolier de 1973. En effet, les banques de dépôt
cherchaient à utiliser les énormes dépôts de
pétrodollars dont elles disposaient. Une partie importante de la dette
des PVD était à taux
variable et à court terme. La hausse des taux courts
américains décidée fin 1979 a donc
considérablement
alourdi la charge de la dette. Le pays où la situation
de la balance des paiements s'est dégradée le plus rapidement a
été le Mexique, qui a fait défaut brusquement en
août 1982. Cela a eu un effet de raréfaction
générale du crédit
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16
http://www.lemonde.fr/web/module
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et provoqué une crise bancaire mondiale. La banque
centrale américaine dut baisser ses taux en
catastrophe, tandis que le FMI accordait des lignes de crédit d'urgence
aux PVD.
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1997
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La crise économique asiatique
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L'ancrage fixe au dollar US de plusieurs monnaies de l'Asie
du Sud Est, en particulier le bath thaïlandais, donnait l'illusion d'une
garantie de change. Le système bancaire local s'endette
considérablement à court terme et en devises, sans se
préoccuper du risque de change, notamment pour financer les deux
gigantesques vagues de spéculation immobilière et
boursière qui ont lieu dans toute la région. Les banques locales
se livrent donc à une double transformation: elles empruntent à
court terme, en devises, pour prêter à long terme, en monnaie
locale. Quant aux garanties des prêts, elles sont constituées par
des immeubles surévalués ou par des actions également
surévaluées. L'afflux de capitaux
étrangers est, de son
côté, facilité par la politique
monétaire expansive que
mène la banque centrale japonaise pour lutter contre
la déflation. Mais les créanciers étrangers
réduisent progressivement leur exposition au cours de l'année
1997 et le 2 juillet 1997, les autorités thaïlandaises doivent
laisser flotter le bath. Le piège se referme alors sur les
économies de la région, par une crise des taux de change et une
crise bancaire.
N.B. Cette crise est attribuée à la
libéralisation financière incontrôlée,
encouragée par le concessus de Washington17
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2000
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Bulle Internet
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La survalorisation des sociétés internet et
technologique et la frénésie des acquisitions par les plus
grandes sociétés (en terme de valorisation), conduiront à
une envolée des indices boursiers dans les années 1998-1999, puis
à l'éclatement ensuite de cette bulle spéculative à
partir de fin 2000 puis 2001. Le Dow Jones passera ainsi de pratiquement 12.000
points en 2000 à 7.000 points en 2003 (-40%).L'éclatement de la
bulle internet a donné lieu à une crise classique de
surinvestissement, tout le monde se précipitant sur un marché
apparemment porteur.
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A travers ce tableau, nous pouvons constater que le monde
connaît depuis les siècles passés des crises
financières et économiques, souvent accompagnées de
paniques boursières et bancaires, de ruées des épargnants
vers les guichets des banques fragilisées, et de faillites importantes
d'établissements
17 J.-P. PIROU, Lexique des sciences
économiques et sociales, 8ème édition, La
découverte, Paris, 2009, p.35.
bancaires et d'entreprises non financières. Les crises
qui feront l'objet des chapitres suivants n'ont pas dérogées
à cette règle, tel que nous aurons à le
démontrer.
Ainsi, avant de passer aux chapitres suivants, nous
définirons certains concepts élémentaires, essentiels
à la compréhension des crises qui en feront l'objet.
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