1. POLITIQUES MISES EN PLACE POUR LUTTER CONTRE LES CRISE
ECONOMIQUE DE 1929 ET FINANCIERE INTERNATIONALE DE 2007
1.1. Politiques initiées dans le cadre de la crise
économique de 1929
La crise déclenchée après le krach
boursier d'octobre 1929, s'est transformée en récession, avec la
chute de la production, de la consommation et des prix, la fermeture de
nombreuses banques et entreprises, l'accroissement du chômage, etc.
Dans ce contexte, quelles mesures ont-elles pu être
prises par les autorités de l'époque en vue de combattre la
crise, notamment aux Etats-Unis, et ailleurs ?
En décidant par exemple d'augmenter les taux de
salaire, avec l'augmentation du chômage, elles auraient davantage
aggravé la situation. Avec la déflation, une décision
visant à booster les prix n'aurait qu'entraîner une augmentation
des surplus invendus. De plus, une augmentation des recettes par les
impôts pour financer les dépenses du gouvernement, n'aurait eu
pour effet que de réduire le revenu des ménages et diminuer
davantage la consommation, débouchant au final sur une plus forte
contraction de la production75. Quelles politiques les
autorités ont-elles alors mises en place pour résorber la crise
?
1.1.1. Politiques mises en place aux Etats Unis
Aux Etats-Unis, les autorités en place à
l'époque, ont tardé à prendre des mesures
conséquentes, du fait de leur grand attachement au « laissez-faire
» et à l'autorégulation du marché, qui les faisaient
croire en un retour rapide à l'équilibre. Mais vu que la crise ne
cessait de s'aggraver, le Gouvernement, à l'époque dirigé
par le Président Herbert Hoover76, était finalement
obligé de prendre certaines mesures « contracycliques » dans
le but de contrer la phase de plus en plus descendant du cycle. Ces mesures ont
porté notamment sur :
- L'augmentation des taux de salaires et des prix, et
l'obligation pour les entreprises de ne plus effectuer des licenciements
- L'augmentation des dépenses du gouvernement
(augmentation des indemnités de chômage, grands travaux, etc.)
75 M. ROTHBARD, Op. cit., p. 185.
76 Herbert Clark HOOVER, Président des
Etats-Unis arrivé au pouvoir en 1928 et investi en mars 1929,
succédant ainsi au Président
WIDROW. IL fît un seul mandat, de
1929 à 1932.
Ces politiques ont eu des effets assez encourageants sur la
crise, expliquant ainsi le faible taux de chômage enregistré en
1930 (voir tableau 13).
Poussées par les résultats de leurs mesures, les
autorités ont alors résolu au courant 1930, de prendre d'autres
mesures bien plus importantes et révolutionnaires comportant :
- La loi « Smoot-Hawley Tariff », établissant
des tarifs spéciaux sur certains produits (notamment agricoles et
manufacturés).
- Le « Revenu Act », établissant une
augmentation de 25 à 63% des impôts sur le revenu77.
La mise en place de la « Smoot-Hawley Tariff » aux
Etats-Unis, a cependant donné aux autres pays le signal d'une
prolifération des politiques protectionnistes78, y
entraînant l'instauration des mesures similaires. Ce qui a eu pour
conséquence de faire chuter le commerce international (Voir tableau 14),
et provoquer la contraction de la production et des exportations
américaines (voir tableau 11). C'est ainsi que la production et les prix
ont fortement chuté, et que le taux de chômage a de manière
drastique augmenté, dans des proportions plus grandes, comparées
à celles enregistrées entre 1929 et 1930.
Cependant, l'approfondissement du chômage a conduit le
gouvernement à prendre d'autres mesures, portant notamment sur le
bannissement de l'immigration, en vue de combattre le chômage.
L'autre facette des politiques du gouvernement pour combattre
la crise, et qui portait sur l'augmentation des taxes pour financer les
dépenses du gouvernement, n'ont eu pour conséquence que
d'aggraver la crise. En effet, nous savons que dans une situation de basse
conjoncture, telle que c'était le cas depuis 1929, il était
important pour le gouvernement de réduire la charge fiscale des
entreprises, en vue de permettre le réinvestissement des profits encore
existant, et favoriser l'augmentation des investissements. Or, les politiques
fiscales menées par le gouvernement, ont été procycliques,
c'est-à-dire, réduisant les revenus, la consommation, et
aggravant davantage la situation des entreprises et approfondissant la
récession.
C'est donc cette même politique qui explique la chute
brutale enregistrée dans la production industrielle dès 1931
(voir tableau 8).
77 V. DE RUGY, « High taxes and high budget
deficits : The Hoover-Roosevelt tax increases of the 30s », in Tax
& Budget Bulletin, n°14, CATO INSTITUTE, mars 2003, p.2.
78 Idem, pp 2-3.
Ainsi, après toutes ces mesures prises pour lutter
contre la crise, des signes plus menaçants ont commencé à
apparaître dans l'économie américaine vers la fin de
l'année 1931, tels qu'en témoignent les chiffres contenus dans
les différents tableaux (voir chapitre 2). C'est alors le début
de la grande dépression.
En 1932, d'autres mesures ont alors été prises, et
portant notamment
sur :
- La mise en place du fonds national pour la création :
chargé de la redistribution de fonds publics entre banques, industries,
secteur agricole, gouvernements locaux.
- La baisse des taux d'intérêt par la FED
- La création d'une banque spécialement
chargée du financement des projets de construction
- L'élargissement de l'aide publique aux banques
privées
- L'élargissement des restrictions à
l'immigration
- Prêts de 300 millions de dollars aux Etats.
Cependant, ces nouvelles mesures n'ont pas produits les effets
escomptés, tellement le mal était devenu profond, et la crise
s'étant déjà transformée en dépression.
Jusqu'au début de 1933, la crise atteint son paroxysme.
Le Président nouvellement élu, Franklin Roosevelt79,
apporte ses nouvelles politiques, dans le but de mettre fin à la crise.
C'est alors l'ensemble de mesures contenues dans le programme plus connu sous
le nom du « New Deal ». Quel en a cependant été le
contenu ?
Le New Deal
La crise ayant atteint son paroxysme, le Président
Roosevelt apporte son plan dans le but de combattre celle-ci. Ce vaste
programme a pour but de stimuler la demande et fournir de l'emploi, à
travers notamment une augmentation des dépenses publiques. Ainsi, le New
Deal portait sur :
1. La réforme du système financier et un soutien
massif aux entreprises en difficulté. Dans ce cadre, nous pouvons
retenir la mise en place de plusieurs lois dont :
- Le « Securities Act » : dans le but d'apporter un
soutient financier massif aux entreprises en difficulté et soutenir les
nouveaux investissements. Dans
79 Franklin Delano ROOSEVELT, 32è
Président des Etats-Unis et successeur de Herbert Hoover.
ce cadre, le taux d'intérêt de la FED qui
était de plus de 4% en 1931 a été ramené à
2,75 en 1933 et 1,75 en 1934.
- Le « Glass-Steagal Act » : loi promulguant
l'abandon de l'étalon-or, et permettant à la FED de multiplier
les opérations d'open market (par une vente massive des bons du
Trésor Américain) en vue de financer les dépenses du
Gouvernement, et permettre ainsi de moins recourir à l'impôt.
- Le « Emergency Banking Act » : Cette loi instaure
le contrôle strict des organismes financiers par les Banques
Fédérales, afin de rétablir une confiance populaire
ébranlée par de nombreuses faillites bancaires. Elle
établit ainsi le plein contrôle par l'Etat des
établissements bancaires en très mauvaises postures. La loi
établit également une distinction claire entre banques d'affaires
et banques de dépôts. En outre, elle assure les déposants
(en cas de défauts des banques) à travers un fond appelé
« Federal deposit Insurance Corporation».
2. La mise en place d'une politique de diminution des prix
intérieurs en vue de rendre les biens et les entreprises
américains plus compétitifs80.
3. L'accroissement du salaire minimum
4. Le « Social Security Act » : loi sur les retraites,
et l'augmentation des indemnités de chômage.
5. Le « National Industrial Recovery Act » (NIRA) :
réglemente la collaboration entre l'Etat et les entreprises dans un but
concerté contre la crise, à travers notamment la fixation des
prix, des salaires, etc.
6. Le « Civilian Conservation Corps » (CCC) :
élaborant les grands travaux financés par l'Etat dans le but
prioritaire d'employer directement des chômeurs, et par conséquent
donner un pouvoir d'achat à ces derniers, et donner un nouvel
élan à la consommation, qui aura à son tour pour effet
d'augmenter l'investissement.
Ainsi, en mesurant les effets du New Deal, nous pouvons
évoquer la reprise qu'il a induite, à travers notamment
l'augmentation de la production industrielle, la diminution du chômage,
dès 1933.
Pour ce qui est des politiques menées dans d'autres
pays pour combattre la crise, nous pouvons retenir essentiellement que la
gestion de la crise n'était pas concertée. Chaque pays voulant
combattre la crise à sa manière et selon ses propres
intérêts.
En Europe, cette gestion non concertée de la crise
était notamment favorisée par le climat d'hostilité qui
existait encore entre d'une part, l'Allemagne et ses alliés, et d'autre
part, les pays ayant combattu contre ces derniers durant la première
guerre mondiale.
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