Analyse comparative de la crise économique de 1929 et de la crise financière internationale de 2007( Télécharger le fichier original )par Ben KATOKA Université de Kinshasa - Economie Monetaire 2009 |
2.3.5. Conséquences sur le commerce extérieurAux Etats-Unis, le retournement des prix immobiliers, a d'abord, comme nous l'avons évoqué, réduit la capacité d'emprunt des ménages dont le patrimoine s'est trouvé diminué. Ensuite, le durcissement des conditions de financement des ménages a entraîné une contraction de la demande de ces derniers. Ainsi, la consommation et les prix se sont contractés. Cependant, les mêmes difficultés étant également ressenties dans d'autres pays (notamment partenaires commerciaux des Etats-Unis), le commerce extérieur des Etats-Unis s'est également contracté. 2.3.6. Conséquences sur l'économie mondialeLa crise financière qui a débuté aux Etats-Unis sur le marché des subprimes, s'est ensuite amplifiée et propagée dans le reste du monde. En effet, par l'étroitesse des interconnexions des marchés financiers, comme nous avons eu à l'évoquer, la transmission de la crise des Etats-Unis au reste du monde, s'est faite à un rythme très accéléré. Etant donné la diffusion des actifs issus de la titrisation dans la quasitotalité des marchés financiers, banques, et entreprises du monde entier en effet, la crise a obligé plusieurs institutions financières et non financières du monde entier à enregistrer des dépréciations d'actifs, et donc d'énormes pertes dans leurs bilans, tel que nous avons déjà eu l'occasion de le souligner. C'est donc par les interconnexions des marchés financiers, avec la forte expansion des titres subprimes, que la crise a eu des conséquences considérables sur les principales places boursières du monde, qui ont également essuyé d'importantes pertes. Les deux figures suivantes, illustrent comme exemple l'évolution de la bourse de Londres (le FTSE), et celle de Paris (le CAC 40), comptées parmi les plus importantes places boursières au monde. Figure 11. Evolution du FTSE Source : http://www.bloomberg.com/markets Figure 12. Evolution du CAC 40 4000 6000 5000 3000 2000 1000 0 2004 2005 2006 2007 2008 2009 CAC 40 Source : http://www.bloomberg.com/markets Comme l'illustrent les figures 11 et 12, les places boursières du monde entier ont été sérieusement touchées par l'éclatement de la bulle immobilière en août 2007. En effet, nous pouvons noter une évolution très positive du CAC 4O et du FTSE de 2004 à 2006, puis une chute à partir de 2007, c'est-à-dire, après le déclenchement de la crise aux Etats-Unis. La raréfaction des liquidités, consécutive à l'effondrement de la valeur des actifs, et la baisse de la consommation ont également entraîné au niveau mondial, une chute de la production industrielle. Dans ce contexte, le repli de la demande des ménages et, partant, des entreprises, dans les économies déjà victimes de la crise immobilière s'est diffusée aux autres économies via l'effondrement du commerce mondial. Un mouvement de déflation rapide s'est alors amorcé dans de nombreux pays, débouchant sur une spirale baissière du commerce mondial, de la production industrielle, et sur une augmentation du chômage. Figure 13. Taux de croissance annuel du commerce mondial -10 15 10 -5 0 5 2000 2001 2002 10,6 0,6 3,5 Taux de croissance annuel du CM Source : http://www.sourceocde.org/stat A la lecture de la figure 13, nous constatons une tendance positiv et 2006, freinée par la crise déclenchée en 2 commerce mondial entre 2001 partir de ladite année en effet, nous pouvons noter une sensible diminution du commerce mondial, avec un taux négatif de -9% atteint en 2009. La chute de la production mondiale s'explique surtout par une chute de la demande d'importation et une contraction du commerce international Dans le même ordre d'idées, la chute de la production industrielle dans de nombreux pays, et la contraction du commerce mondial, ont augmentation du chômage , conséquence de nombreux licenciements Noto ns cependant qu'au cours de l'année 2008, les économies avancées, mais également de nombreux pays émergents, sont entrés en récession Jusqu'en 2007 en effet , la croissance mondiale était tirée par le dynamisme de la ndettement croissant, dans un demande des ménages, financée par un e -Unis, le Royaume-Uni et l'Espagne. nombre de pays, notamment les États demande profitait aux économies exportatrices, en particulier l'Allemagne et le Japon, qui souffraient d'une demande intérieure quelque peu atone, et celle des rattrapage industriel. La crise financière grands pays émergents en pleine phase de de 2007 a donné un coup d'arrêt à cette dynamique, avec la contraction de la 70 Au total, à partir de 2008, l'ensemble des économies avancées est entré en récession. D'une part, la demande des ménages s'est contracté du fait du durcissement des conditions d'octroi d banques, des pertes de richesse induites par le retournement général des marchés immobiliers et boursiers, et de la baisse de leurs rev enus d'activité, avec la montée du chômage notamment. D'autre part, les entrepr qui ont ajusté leur activité à la baisse de la demande, sont confrontées à des stocks élevés et de financement difficiles ; elles réduisent fortement leurs stocks et leurs dépenses . Voir « l'économie mondiale en 2008 : du ralentissement à la accélèrent le rythme des licenciements récession », REDOULES (Olivier). demande des ménages des économies en déficit commer cial. Par le biais des éc hanges extérieurs, les économies japonaise et allemande71, qui semblaient moins et de la exposées à la crise, du fait du faible niveau d'endettement des ménages modération de leur marché immobilier, ont été touchées par la contraction de la demande de leurs partenaires commerciaux. La figure suivante illustre le taux de croissance du PIB par zone économique. Figure 14. T aux de croissance du PIB par zone é conomique 15 10 -5 0 5 2,4 -0,3 Japon Chine Zone Euro -2,6 -5 13 9 6,7 2,6 1 2007 Source : http://www.sourceocde.org/stat La figure 14 illustre bien l'impact de la crise sur la croissance des pays aussi bien développés qu'émergents. Quant aux pays en développement, notamment africains, la crise a eu, dès les mois qui ont sui vis son déclenchement, et surtout en 2008, un impact considérablement négatif sur leur économie réelle, du fait de leur extrême dépendance aux exportations. Ainsi, avec la contraction du commerce mondial, la demande pour les matières premières a sensiblement baissée. Dans ce contexte, la crise dans les pa ys en développement a eu pour effet entre autres : - l a réduction des exportations de matières premières, entraînant une chute de recettes fiscales 72, et donc un ralentissem ent des investissements publics ; - la réduction des réserves de change ; 71 Les pays les plus touchés par la contraction du commerce international sont le Japon et l'Allemagne, du fait de la prépondérance des exportations dans leur commerce extérieur. 72 En RDC par exemple, 40 à 70 sociétés qui intervenaient dans l'exploitation minière ont fermé, et cela a débouché sur la suppression de plus de 300000 emplois. Voir BCC, Note de conjoncture au 27 février 2009, Kinshasa, et « Rapport économique annuel 2009 », Représentation Suisse à Kinshasa, 28 juillet 2009. - la baisse de l'aide publique au développement, avec pour effet, la réduction du financement des projets de développement, avec une grande incidence notamment sur la croissance et l'atteinte des OMD. En RDC notamment, la crise financière de 2007 a eu une incidence très considérable sur les recettes du secteur minier, entre 2008 et 2009. Le tableau suivant renseigne sur l'évolution des recettes du secteur minier en RDC, de juin 2008 à février 2009. Tableau 25. Evolution des recettes du secteur minier en RDC (en millions USD)
Source : BCC, Note de conjoncture au 28 février 2009, Kinshasa. Nous pouvons constater en lisant le tableau 25, que les recettes du secteur minier ont connu une forte diminution en RDC, passant de 24,7% en juillet 2008, à 3,3% en février 2009. Cela résulte de la chute des cours sur les marchés mondiaux, et de celle des exportations en RDC, consécutives à la crise financière internationale de 2007. Concernant les réserves de change, la crise a imposé une lourde contrainte sur les pays en développement, du fait, comme nous avons eu à le souligner plus haut, de leur forte dépendance à leurs exportations des matières premières notamment le cuivre, le cobalt, le pétrole, le bois, le diamant, etc. C'est donc le déclin des prix dans le secteur minier par exemple, qui a conduit à la chute des recettes dans le secteur, en RDC notamment (voir tableau 25). C'est dans ce même contexte que la Zambie a enregistré également une importante baisse de ses recettes d'exportations, réduisant considérablement ses réserves de change73. En effet, le volume des réserves de change généré par le secteur minier en Zambie, est passé de 649 millions USD au premier semestre de l'année 2008, à 454,5 millions USD, au second semestre de la même année74. En RDC, la chute des recettes d'exportation, a également eu un impact très considérable sur ses réserves de change. Le tableau suivant illustre l'évolution des réserves internationales de la Banque Centrale du Congo de mai 2008 à février 2009. 73 M. BENHAMMOU, « Impact de la crise économique internationale sur le développement économique et social en Afrique », Centre Marocain d'Etudes stratégiques, Tanger, Novembre 2009, p.9. 74 Idem Tableau 26. Evolution des réserves internationales de la BCC (en millions USD)
Source : BCC, Note de conjoncture au 28 février 2009, Kinshasa. Comme l'indique le tableau 26, les réserves internationales ont sensiblement baissé en RDC entre mai 2008 et février 2009. En effet, elles sont passé de 252,8 millions USD en mai 2008, à seulement 32,9 millions en février 2009. LES POLITIQUES MISES EN PLACE POUR LUTTER CONTRE LES CRISES La crise économique qui s'est déclenchée aux Etats-Unis après le krach boursier en octobre 1929, a provoqué de nombreuses faillites bancaires, de fermetures d'entreprises, l'augmentation du chômage, la chute des prix, la contraction du commerce international, etc. elle a eu, comme nous avons eu à l'expliquer, des effets désastreux sur la sphère réelle et financière aussi bien américaine que du reste du monde. De même, la crise financière internationale, toujours déclenchée aux Etats-Unis, après l'éclatement de la bulle immobilière en 2007, a eu des conséquences désastreuses sur les établissements bancaires, les entreprises, etc. les obligeant à enregistrer d'énormes pertes dans leurs actifs. Elle a engendré une chute de la production, une contraction du commerce international, une augmentation du chômage, etc., et ce, aussi bien aux Etats-Unis que dans le reste du monde. Dans ce cadre, et étant donné, comme nous l'avons évoqué dans les chapitres précédents, que les effets n'ont cessé de s'aggraver à partir du déclenchement de chacune des deux crises, et chacune à son époque, des mesures ont dues être prises dans le but de les résorber. dans la seconde, à un essai de comparaison des deux crises qui ont fait l'objet de notre travail, à travers leurs points les plus marquants. |
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