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Le comportement du consommateur et les films d'horreur

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par Delphine Rouchon
ESC Saint-Etienne - Master 2 Grande Ecole 2011
  

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Industrie du cinéma

« The American public has consumed media as if they were ambrosia. A recent national study reported that consuming media is a full-time job for the average American child, who spends about 40 hours per week doing it (KaiserFamily Foundation, 1999). More than half of this time is spent watching television programs, movies, or videos. One telling statistic is that at 10 a.m. on any Saturday morning, more than 60% of all children in America are watching TV (Comstock& Scharrer, 1999). " (Bushman & Anderson, 2001, p. 478). Cette citation en anglais fait état de la démocratisation de la télévision et, par ce biais de la culture : aujourd'hui, dans les sociétés occidentales, nous avons tous accès à la télévision et au cinéma. Par conséquent, le public est plus nombreux et plus difficile à satisfaire. Nous avons précédemment évoqué ce point pour justifier l'évolution de l'industrie du cinéma.

Le consommateur peut aller voir un film pour plusieurs raisons : le casting, une sollicitation de la part de ses amis, un scénario alléchant, une promotion agressive faite autour du film, des critiques élogieuses... mais la chose essentielle est le genre du film : « Au niveau qualitatif, la similarité des marchés est appréhendée à travers le genre. Comme le relève Austin (1988 : 75), le public « a des préférences au niveau des genres, et peut articuler ses préférences, souvent en utilisant les étiquettes de genre communément utilisées ». Les films classés sous un même genre partagent des éléments communs de scénario (Hsu, 2006) qui forment la base des attentes du public au sujet du film. " (Cartier & Liarte, 2010, p. p.80). Ainsi, nous pouvons illustrer ces propos par ceux recueillis sur notre terrain : « Je recherche avant tout un moyen d'avoir peur " ; « Un film qui m'empêche de dormir le soir ", « désir de se faire peur ou de l'envie d'observer la violence à l'état brut ", « Quelle déception ! J'ai eu moins peur que d'habitude " ...

Wes Craven tourne en dérision l'évolution de l'industrie du cinéma d'horreur dans Scream 4 : il décortique savamment les films des années 2000 pour arriver à la conclusion que le public veut de plus en plus de sang, Saw (Wan, 2004) et ses suites à n'en plus finir (à l'instar des sagas des années 1980 comme Freddy (Craven, 1984) ou Halloween (Carpenter, 1978)...) sont autant raillés que les remakes qui ont poussé

comme des champignons : La colline à des yeux (Aja, 2006), massacre à la tronçonneuse (Nispel, 2003), la dernière maison sur la gauche (Iliadis, 2009), Piranhas (Aja, 2010)... tous sont dans la démonstration là où les originaux qui ont servis de modèle étaient dans la suggestion.

Le film d'horreur a perdu son côté moralisateur : bien se comporter (ne pas boire, fumer ni avoir de rapports sexuels) n'est plus forcément un gage de salut pour les personnages des films d'horreur : les règles ont changé, l'insécurité est partout. « Pour Michel Maffesoli, sociologue, auteur de La Part du diable. Précis de subversion postmoderne (Flammarion), "on assiste à la fin d'un refoulement. Le mythe du progrès et du happy end perdure depuis deux mille ans. Aujourdhui, il y a une fascination pour les films d'horreur, mais également pour la musique gothique et diverses manifestations sataniques, où le Mal n'est plus marginalisé ou dépassé, mais accepté». En clair, il n'y a plus de mal à se faire du mal. L'actualité le prouve dramatiquement tous les jours: on s'étrangle dans les cours d'école, on filme ses actes de violence en détail... On joue avec la mort. "Le cinéma d'épouvante est une catharsis, précise Christophe Gans. Entre l'exécution de Daniel Pearl ou les exactions à Guantanamo diffusées sur le Net, le public cherche à connaître ses limites, à savoir jusqu'où il peut supporter l'insupportable.» » (Carrière, 2006), la violence est une force marketing en vogue : les affiches de film et les pochettes de DVD qui jusqu'à présent étaient dans la suggestion passent à la démonstration avec en chef de film Saw (Wan, 2004) et ses suites qui mettent en exergue un pied ou encore des doigts mutilés, voir annexe 6. Ces films d'horreur où l'happy end n'existe pas ou très rarement forment le sous-genre « torture porn ». Le torture porn n'est pas nouveau, Cannibal holocaust (Deodato, 1980) en était un. Cependant, ce sous-genre n'avait jamais été autant représenté. Aujourd'hui les slogans de films d'horreur rivalisent de « plus violent que... », « ... dans l'horreur des snuff movies »...

L'industrie du cinéma est fondamentalement chamboulée, méme pour les programmes jeunesse. La violence est omniprésente tant sur les écrans des télévisions que sur ceux des cinémas. Le cinéma d'horreur n'échappe surement pas à la règle avec une déferlante de films de plus en plus réalistes, agressifs et à l'ambiance sale,

poussiéreuse : The descent (Marshall, 2005), Wolf creek (McLean, 2004), Hostel (Roth, 2005)... le second degré des années 1980 et 1990 s'évapore.

Les règles évoluent : quand nous regardons un film d'horreur des années 1980, nous savons quels personnages nous allons retrouver, quels sont leurs points faibles, leur rôle dans le film. Nous pouvons parfois même deviner quels personnages vont mourir et quels personnages vont survivre. Le film des années 2000 est plus ambitieux : les sommes investies dans le domaine culturel sont considérables. « A titre d'exemple, le coüt moyen d'un film français en 1996 est de 25 millions de francs, tandis que certaines productions peuvent atteindre des sommes colossales comme c'est le cas du dernier film dirigé par James Cameron Le Titanic dont le budget prévisionnel est de 200 millions de dollars. » (Euzeby, 1997, p. 91 ). Partant de là, « Les choix d'investissement ne peuvent donc plus se fonder sur l'intuition d'un seul individu (Holbrook et Schindler, 1994), les conseils marketing sont alors nécessaires pour réduire les risques et mieux comprendre les besoins des consommateurs. Cependant, le chercheur en marketing se trouve généralement confronté à un domaine hostile à son intervention (même si le cinéma est le domaine culturel qui fait le plus appel aux techniques de marketing) » (Euzeby, 1997, p. 91).

Le marketing de l'industrie du cinéma d'horreur ne peut plus se contenter de clichés : le public attend qu'il les bouscule. La surenchère de violence et de réalisme demande des budgets de plus en conséquents, le public est de plus en plus exigeant.

Cependant, on peut noter une lassitude face à des films trop sérieux : la surenchère fait perdre de la crédibilité au cinéma d'horreur et on revient à des films plus légers comme Piranhas 3D (Aja, 2010) qui, malgré sa violence explicite reste une comédie horrifique, ou, encore plus récemment, Scream 4 (Craven, 2011). L'enjeu du marketing est de comprendre vers quoi tend le spectateur aujourd'hui : quels leviers activer ? La violence a-t-elle toujours de l'avenir ?

Le comportement du consommateur et les films d'horreur 3

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci