3 Le public des films d'horreur
« Les observations historiques et sociologiques
permettent de définir le cinéma comme un phénomène
universel. Il touche tous les individus quelles que soient leur appartenance
sociale, nationale ou sexuelle, même si, bien évidemment, les
modes de
3 Alexandre Aja, réalisateur de films
d'horreur.
consommation et les préférences des spectateurs
varient en fonction de ces critères » (Morin, 1953)
Des contes de fée aux films d'horreur, il n'y a qu'un
pas. Précédemment, nous avons dit que nous considérerons
particulièrement la définition du terme slasher pour
définir le cinéma d'horreur. Brice Courty fait un
parallèle entre ce sous-genre de l'horreur et les contes de fée.
Qui est le public des slashers ? Nous n'avons trouvé aucune étude
à ce sujet, mais les réalisateurs visent un public composé
essentiellement d'adolescents. Ce qui pourrait s'expliquer par le concept
suivant : « Finalement, tous les contes de fées [et les
slashers] que nous avons étudiés jusqu'ici signifient que si l'on
veut affirmer sa personnalité, réaliser son
intégrité et assurer son identité, il faut passer par une
évolution difficile : il faut accepter des épreuves, affronter
des dangers et gagner des batailles. Ce n'est que de cette façon que
l'on peut maîtriser son destin et gagner son propre royaume. Ce qui
arrive aux héros et aux héroïnes de contes de fées
[et de films d'horreur] peut être comparé (...) aux rites
d'initiation que le novice aborde avec toute sa naïveté et son
manque de formation et qu'il quitte après avoir atteint un niveau
supérieur qu'il ne pouvait imaginer au début de ce voyage
sacré » (Courty, 2004, p. 637). Mais les adolescents ne
peuvent pas être le seul public des films d'horreur, puisque, comme nous
l'avons montré précédemment, les chocs sociaux influencent
le choix du consommateur en matière de cinéma d'horreur.
L'exemple d'Amityville est palant : on imagine difficilement que la
crise économique ait pu rendre attractif ce film aux yeux des
adolescents encore insouciants.
Sur notre terrain, pendant nos entretiens de groupe, nous
avons pu observer des comportements contradictoires. Les étudiants
n'étaient pas familiers à l'univers du cinéma d'horreur,
pourtant, ils savaient ce qu'ils en attendraient le cas échéant :
« j'aimerais voir un film qui me mette mal à l'aise
», cette déclaration illustre notre théorie puisque tous les
jours, face au journal palé, aux journaux papier ou à la radio,
on arrive à faire cette expérience. L'actualité nous met
mal à l'aise : en particulier les faits divers dont s'inspirent
allègrement les slashers. Cependant, parmi les quelques films
appréciés par les étudiants de nos entretiens de groupe,
on ne retrouvait que des films très sérieux, violents ou froids :
La colline à des yeux (Aja, La colline à des yeux,
2006), Hannibal Lecter : les origines du mal (Webber,
2007), Black Swan (Aronofsky, 2010).
A contrario, la théorie ne se vérifie pas
entièrement dans nos entretiens individuels. Les amateurs du genre
apprécient avant tout les classiques : « j'adore Shinning,
c'est mon film d'horreur préféré, ensuite vient
ÇA ", « Tobe Hooper ! Laisse tomber ! Je suis super fan.
Massacre à la tronçonneuse, c'est mon film de
chevet ! ", Ou encore « Rob Zombie, c'est Old school, c'est
parfait ! ". On notera sur ce terrain une nostalgie du passé et une
recherche de distraction à travers les films d'horreur.
En annexe 3, vous trouverez une filmographie de Rob Zombie,
réalisateur peu connu du grand public.
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