Chapitre 3 Bilan
Introduction-
Dans ce chapitre final, nous allons faire un bilan de notre
étude et mettre en avant ses limites.
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« Fini de rire. Au cinéma, l'heure n'est plus
au rendez-vous de la mort joyeuse pour jeunes écervelés à
l'humour bas de plafond. Voici venu le temps des cris et des pleurs, dans le
film d'horreur, c'est tous les jours un cauchemar... On connaît la
chanson. Dans les années 1970, c'était même un tube,
entonné surtout aux Etats-Unis (Massacre à la
tronçonneuse et tutti quanti) et en Italie (Les Frissons de
l'angoisse et les giallos). Aujourd'hui, le monde entier s'y met. Avec
sérieux et sans pitié. Du Japon (Ring) à la
Grande-Bretagne (Isolation), en passant par l'Inde
(Fantômes), à chaque semaine suffit sa peur ».
(Carrière, 2006) Cette citation résume la situation : le
cinéma d'horreur est actuellement noir et dépourvu d'humour.
Reflet de la société ? Sans doute. C'est tout du
moins ce que nous avons tenté de prouver tout au long de ce
mémoire. Le bilan est plutôt riche. En confrontant la
théorie et le terrain, nous sommes arrivée à mettre en
valeur de nombreux points de convergence. Plus qu'un rite initiatique, le film
d'horreur apporte une réponse implicite aux problèmes sociaux.
On peut imaginer qu'avec l'explosion de la centrale de
Fukushima, dans peu de temps, les films relevant de catastrophes
nucléaires pulluleront à nouveau sur les écrans. Le
cinéma d'horreur est un exutoire, après tout, ce qui se passe sur
un écran ne peut pas arriver « en vrai » ?
Le torture porn inonde les écrans jusqu'à
l'écoeurement. Et l'industrie du cinéma d'horreur a raison
d'insister : ça fonctionne. Les box offices sont à la fête
grâce au consommateur (celui qui regarde le film) qui trouve toujours de
la valeur à la fois à l'objet culturel (le film) et au lieu
culturel (le cinéma).
Le rôle du marketing est plus ou moins limité :
en dehors des affiches promotionnelles et de la bande annonce, peu de chose
sont mises en place. Les futurs consommateurs ne font, à priori, pas
particulièrement confiance aux industriels et jaugent la qualité
d'un film par rapport aux critiques émises par les magazines
spécialisés (papiers ou virtuels) et par rapport aux avis des
autres (amis, internautes...). Le bouche à oreille est un mode de
communication particulièrement plébiscité par les fans du
genre.
- Limite de notre étude
Durant cette année de travail sur le comportement du
consommateur face au cinéma d'horreur, nous nous sommes heurtée
à de nombreux choix. En effet, le sujet est dense et comporte de
nombreuses racines. Beaucoup de points restent à explorer.
On aurait pu prendre en compte l'asSec',1YiP
o',if, effectivement, nous avons parlé des chocs sociaux
personnifiés dans les films d'horreur. Si cette personnification est
implicite, le réalisateur en est-il conscient ou est-il juste quelqu'un
d'instinctif ? : « C'est particulièrement vrai dans le cas que
nous étudions ici : celui des réalisateurs de cinéma qui
doivent prendre des décisions rapides mais néanmoins cruciales
lorsqu'ils sont dans la phase de production d'un film, c'est-à-dire dans
l'ambiance survoltée d'un plateau de tournage. « En fait, c'est
très instinctif comme démarche : ce n'est pas du tout
intellectuel », nous commente l'un des réalisateurs
étudiés lorsqu'il tente de décrire sa manière de
prendre une décision. Les décisions de ce type, prises dans
l'instant, au coeur de l'action, sans réflexion analytique consciente,
sont appelées « intuitives » par opposition aux
décisions « rationnelles ». Simon (1987) a été
l'un des premiers chercheurs à étudier la prise de
décision intuitive (PDI). » (Coget, Haag, & Bonnefous,
2009, p. 119).
Des auteurs ont d'ailleurs travaillé sur cet aspect,
celui de la prise de décision : « Les chercheurs adoptant
une approche cognitive de l'émotion furent les premiers
à mettre en évidence un lien positif entre émotion et
prise de décision (Frijda, 1986; Lazarus & Folkman, 1984;
Scherer, et al., 2001). Ils développèrent la théorie
de l'évaluation cognitive, connue sous le nom d'Appraisal Theory.
Selon cette théorie, Page 55 sur
80
Mémoire de fin d'études, ESC Saint-Etienne,
promotion 2011
l'émotion est un processus cognitif qui permet
à un individu d'évaluer la signification des stimuli internes ou
externes, au regard de ses préoccupations et de ses objectifs. Selon la
valence de l'émotion, l'individu va modifier son approche de l'action et
prendre la décision qui maximisera au mieux son bien-être (Frijda,
1986). » (Coget, Haag, & Bonnefous, 2009, p. 121)
Nous avons également rencontré des
problèmes liés à notre statut d'étudiant et
d'apprenti : par manque de moyen, nous n'avons pu interroger que très
peu de personnes. Sont-elles représentatives de l'ensemble des individus
de leur âge ? Nous en doutons. Cependant, nous avons tenté de
prendre des personnes différentes et qui, dans la majeure partie des
cas, ne se connaissaient pas.
Enfin, nous n'avons fait qu'effleurer la majeure partie des
thèmes : légendes urbaines, choc sociaux, rôle de la
censure, rôle du marketing... tous ces points mériteraient un
approfondissement et pourraient faire l'objet d'un mémoire à eux
seuls.
Conclusion-
Nous avons fait un parallèle entre la
littérature et nos études terrain pour tenter de valider notre
hypothèse de départ (L'industrie du cinéma
d'horreur utilise les peurs modernes pour attirer son public. Les facteurs
clés de succès évolueraient d'une génération
à l'autre : l'adaptation et la réactivité sont alors
primordiales.). Le résultat est plutôt probant.
Cependant, nous avons été limités par
quelques facteurs : notre statut d'étudiant ne nous a permis que de
réaliser des études sur un public restreint et de convenance.
De plus, par manque de temps nous n'avons pas pu
développer tous les sujets gravitant autour du notre avec autant de
précision que nous l'aurions souhaité.
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