Le comportement du consommateur et les films d'horreur( Télécharger le fichier original )par Delphine Rouchon ESC Saint-Etienne - Master 2 Grande Ecole 2011 |
3 L'idéalisation de l'horreurIci, nous allons uniquement nous appuyer sur nos enquêtes terrains. Lors de nos entretiens, nous avons tenté de définir ce que serait le film d'horreur idéal. Le critère qui est revenu le plus souvent, et que nous avons cité en premier dans les facteurs clés de succès est la peur et, les personnes que nous avons interrogées sont d'accord sur ce point, elles veulent : « Un film qui m'empêche de dormir le soir ", « Mon film d'horreur idéal serait une histoire de fantômes car c'est le style que je préfère et qui me semble être le plus efficace pour "avoir peur". " Cependant, le peur oui, mais pas à n'importe quel prix, le film doit être intelligent pour plaire à un public composé d'adultes connaisseurs: " Il faudrait que ce soit un film que j'ai envie de revoir plusieurs fois, seul ou avec mes amis, pour essayer d'éclaircir les zones d'ombre, de remarquer les détails qui m'ont échappés. Ca peut être le cas avec pour un film avec un twist final comme Les Autres (encore que, on ne le regarde souvent que deux fois).Autre chose, qu'il soit, d'une façon ou d'une autre, original, et donc unique. Peut-être, enfin, un film où j'aimerais être. Ca peut paraître étonnant car ce qui arrive au héros est rarement sympathique, mais je pense que ce serait une belle réussite de la part du réalisateur ! ", « Un film qui fasse réfléchir, pas juste un produit de consommation ", " Je ne veux pas me dire " ils m'ont bien eu » en sortant du ciné ", « Un film où on comprend la fin ". Un bon film d'horreur doit être ancré dans notre quotidien. Nous venons de citer un étudiant qui précise : « Peutêtre, enfin, un film où j'aimerais être ". Une autre personne se voit également dans les films : « Un bon film d'horreur doit amener à comprendre les origines de la violence qui meurtrit notre société, à comprendre comment cette violence arrive à déchainer tant de passion, à remplir des salles de cinéma, comprendre quelle est cette envie profonde qui nous pousse à observer la douleur alors qu'on ne cesse de la fuir au quotidien. Apprécier un film d'horreur, c'est à ce moment là se placer dans la peau de celui qui crée le mal ou au contraire dans celle de celui qui a mal ". Les citations ne manquent pas : « Quelque chose ancrée dans notre vie, qu'on se dise : ça pourrait arriver ". Pour d'autres, le film d'horreur parfait a déjà été crée : « Il existe déjà : pour moi le meilleur du monde c'est Ca. Pas la peine d'en dire plus : un clown, de la psychologie, de l'angoisse... tout quoi ". Il est difficile d'analyser cette réponse sans entrer dans un domaine que nous ne maitrisons pas : la psychologie, mais le plaisir que ressent cette personne en regardant Ca (Wallace, 1990) est peut-être lié à une notion de nostalgie. Il semblerait que de nombreux enfants aient été marqués par ce téléfilm adapté d'un roman de Stephen King. Les héros de cette histoire sont des enfants d'àpeine dix ans qui comprennent, suite à la mort du petit frère d'un des leurs, que leur ville est hantée. Cette ville est personnifiée par un clown maléfique. Un extrait de la scène d'ouverture est visible sur ce lien : http://www.youtube.com/watch?v=k9RT9rM4TIQ&NR=1 La violence gratuite a été généralement rejetée au profit de films psychologiques, capables de provoquer des sentiments chez le spectateur : « Un film qui met mal à l'aise ", « Quelque chose de psychologique ", « Plus d'angoisse et moins de sang ", « Un peu stressant mais pas de pieds et de bras qui giclent ". Les personnages ont été abordés : « Les protagonistes seraient des enfants et des adultes car on peut jouer avec la peur de manière différente en fonction de la maturité du héros ", « Les fantômes seraient dotés de la capacité de blesser voire de tuer les personnages principaux. Les héros ne seraient pas dotés dun courage à toute épreuve pour faire en sorte que, malgré l'évidente absurdité de l'histoire, cela paraisse le plus crédible possible ". Ainsi que l'ambiance qui est un autre point clé : « Avec une bonne musique " « Il n'y aurait aucune pointe d'humour car je trouve que la moindre blague casse l'élan vers le sentiment de peur. Il y aurait une forte part de "psychologie". Ça se finirait mal ". « Attention au choix de la musique : surtout pas de hard-rock comme dans les films gores, mais plutôt un fond sonore angoissant ". Précédemment, nous avons tenté d'énumérer les facteurs clés de succès de l'industrie du cinéma d'horreur. Nous en avions trouvé quatre (la peur, la violence et la défaite, la cohésion avec la société et le filon des suites et des sagas). Concernant la peur, notre étude terrain confirmerait ce facteur clé de succès. C'est en effet, l'élément essentiel, il définit le genre. Bien qu'une ambiance noire soit souhaitée, seulement une personne nous a dit aimer les films d'horreur particulièrement violents et défaitistes. Cependant, le happy end n'est pas forcément acclamé. La cohésion avec la société (sujet sur lequel nous avons fait deux parallèles tout au long de ce mémoire : avec les chocs sociaux et avec les légendes urbaines) a été validée par notre terrain. Les étudiants souhaitent tous se sentir impliqués dans le scénario, qu'il soit crédible même quand il fait appel au fantastique. Quant au filon des suites et des remakes, nous avons compris son fonctionnement dans les chapitres précédents : si un opus est réussi, sa suite ou son remake sera plébiscité mais également critiqué, quelque soit sa qualité.
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